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Privatisation partielle du BUMIGEB : Les travailleurs inquiets

Publié le jeudi 22 février 2007 à 03h31min

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La privatisation partielle du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB) entraînera des "conséquences régressives sur le développement du secteur minier dans notre pays". En tout cas, le syndicat des travailleurs de cette structure de l’Etat s’en oppose. Il appelle ses membres à "se mobiliser pour la défense ferme de leur outil de travail et de leurs emplois".

Par correspondance datée du 13 février 2007, le président de la commission de privatisation convoque le Directeur général du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB), ainsi que les représentants des travailleurs, à une réunion de la commission avec pour ordre du jour, "l’examen des rapports définitifs sur le diagnostic, l’évaluation et la définition d’une stratégie de privation du BUMIGEB".

Le SYNTRAGMIH, section du BUMIGEB, qui a pris part, à travers ses délégués, à plusieurs discussions sur la stratégie de privatisation partielle du BUMIGEB, s’interroge à présent sur les objectifs réels visés à travers cette privatisation d’une société d’Etat à caractère stratégique, structure scientifique de l’Etat en matière de recherche géologique et minière.

Aux indépendances, existait la Direction de la géologie et des mines (DGM), une structure administrative. En 1978, le Bureau voltaïque de la géologie et des mines (BUVOGMI) est créé et doté d’une autonomie de gestion. Avec le changement du nom du pays en 1984, le BUVOGMI est devenu BUMIGEB. Il a été déclaré Société à caractère stratégique en 1993 et transformé en Société d’Etat en 1997.

Les activités principales du BUMIGEB sont : la recherche géologique et minière ; la sécurité industrielle, minière et environnementale.

Le BUMIGEB est renforcé dans la réalisation de ses activités principales par des services d’appuis indispensables à tout service géologique national que sont : le service du laboratoire d’analyses chimiques ; le service du sondage minier ; le service de géophysique ; le service de topographie.

En juillet 2001, les autorités burkinabè décident de la privatisation partielle de la société, et, en 2002, l’Assemblée générale des sociétés d’Etat lui recommandait le recentrage des activités autour de ses missions principales de service public. Ce que fit le BUMIGEB en abandonnant progressivement les prestations commerciales, notamment les forages d’eau.

Dans le processus de mise en œuvre de la privatisation partielle du BUMIGEB, les conclusions du cabinet SOFIDEC aboutissent « à une cession des actifs du volet commercial, notamment le volet forage d’eau, le volet relatif à la réalisation des missions de service public devant être transféré à l’Etat ». De plus, le rapport conclut à la vente d’une portion de son terrain en même temps que les forages d’eau.

Vente de terrain inopportune

En clair, le BUMIGEB devra être transformé en Etablissement public à caractère administratif (EPA) et une partie de son terrain vendu. Les travailleurs seront tous licenciés. Certains pourraient signer de nouveaux contrats de travail avec la nouvelle entité.

Comment a-t-on pu aboutir à une telle conclusion quand on revoit le fil des différentes rencontres sur la question ?

En effet, le jeudi 22 juin 2006 s’était tenue à l’hôtel Kaziende à Kaya, une rencontre regroupant la commission de privatisation, une délégation du ministère des Mines, la Direction générale du BUMIGEB, les délégués des travailleurs et le cabinet SOFIDEC, à l’effet d’examiner les premières conclusions du cabinet relative au sujet.

Le même cabinet SOFIDEC proposait déjà que seul le volet des forages d’eau soit privatisé et qu’une portion du terrain du BUMIGEB soit vendue sous prétexte que cela serait un atout pour l’attrait d’acquéreurs. La portion à vendre, toujours selon le cabinet, devrait faire face à la route nationale n°4 (route Ouaga/Fada).

Au cours des débats, les représentants des travailleurs, les cadre, avaient relevé que la vente d’une portion de terrain était inopportune, et pour cause :

- la recherche minière au Burkina Faso est en croissance et réduire l’aire actuelle du BUMIGEB constituerait, à court terme, un handicap pour l’expansion d’un service géologique national ;

- l’insuffisance actuelle des bureaux ;

- le besoin de nouvelles installations telles que les carothèques, une aire de contrôle, une salle de stockage d’échantillons ;

- la cession des équipements de forages d’eau n’est pas liée à la cession d’une partie du terrain.

"Défendons nos emplois"

Pour la question du statut juridique de la nouvelle société, les travailleurs relevaient que la mutation de société d’Etat en établissement public à caractère administratif constituerait un net recul et engendrerait la lourdeur et l’inefficacité administratives ( expérience vécue du temps de la DGM).

Si une telle option était retenue, on assisterait au départ de nombreux agents, notamment les cadres techniques vers d’autres sociétés.

Manifestement, les autorités burkinabè poussent à la disparition de toute forme de sociétés d’Etat, y compris celles à caractère stratégique.

Les sociétés minières internationales viennent au Burkina parce qu’un travail formidable a été fait depuis plus de 40 ans, par le BUMIGEB.

Le renforcement du BUMIGEB en tant que service géologique national, et, à l’opposé, sa transformation en EPA est une remise en cause de l’importance de la recherche géologique et minière au Burkina Faso. D’ailleurs, on assiste actuellement à une fuite de cadres au niveau de l’administration centrale vers les sociétés minières.

Au regard de tout ce qui précède, les travailleurs du BUMIGEB maintiennent leurs positions exprimées à Kaya, à savoir :

1) le maintien du BUMIGEB en société d’Etat ou en une structure de recherche scientifique renforcée et dotée d’une autonomie de gestion ;

2) le respect de l’intégrité de son terrain.

Du reste, les travailleurs du BUMIGEB sont surpris et inquiets quant à la non-prise en compte de leurs propositions, maintes fois réaffirmées lors des différentes rencontres avec la commission de privatisation. C’est pourquoi ils rejettent d’ores et déjà les conclusions du cabinet qui consistent à ne retenir que la proposition EPA dans la mise en œuvre de la privatisation partielle du BUMIGEB. Il en est de même de la vente d’une partie du fond de terre du BUMIGEB.

Le SYNTRAGMIHI, section BUMIGEB :

1. dénonce cette privatisation partielle du BUMIGEB qui aura des conséquences régressives sur le développement du secteur minier au Burkina Faso ;

2. appelle les travailleurs du BUMIGEB à prendre conscience de la gravité de la situation et à se mobiliser pour la défense ferme de leur outil de travail et de leurs emplois.

Ouagadougou, le 20 février 2007

Le Pays

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