LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Construction de maisons au Burkina : Des tôles dangereuses sur le marché

Publié le mercredi 21 février 2007 à 07h29min

PARTAGER :                          

Depuis un certains temps, le Burkina est inondé de tôles de qualité très douteuse. Celles-ci s’envolent des toitures au premier coup de vent, provoquant au passage des dégâts importants allant des accidents mortels à la destruction de biens de paisibles citoyens.

Ainsi, la sécurité en matière de construction est loin d’être garantie avec l’usage de ces tôles qui, malgré les interdictions du gouvernement depuis bien longtemps continuent de faire la loi sur le marché. Au grand dam d’un collectif d’industriels, en majorité des anciens dans le domaine et soucieux du respect des directives imposées par les autorités dans le but d’assurer une durée de vie conséquente aux habitats des Burkinabè et, surtout, de protéger la vie des populations elles-mêmes, des fraudeurs s’adonnent à un sport presque criminel, celui du commerce de tôles aussi minces que du papier pelure.

Ce n’est ni plus ni moins que de la fraude. L’arrêté 94-130/MICM/SG/IGAE/IQM, portant réglementation du poids des tôles ondulées galvanisées ou aluzinc, et instituant une marque indélébile d’identification, interdit la vente, la mise en vente, la détention en vue de la mise en vente, des tôles ondulées, des tôles bac galvanisées ou aluzinc dont les poids théoriques et réels ne correspondent pas aux épaisseurs déclarées ou publiées sont interdites.

C’est dans cette logique que sont bannies par cet arrêté les tôles ondulées de moins de 0,22 mm d’épaisseur. Malheureusement, des tôles ne respectant pas ces normes et réduites jusqu’à 0,15 mm d’épaisseur pullulent sur le marché, mettant continuellement en danger la vie des consommateurs.

Vigilant sur la question, le ministère en charge du Commerce prend un autre arrêté le 13 novembre 2006.

Cette mesure gouvernementale n°06-125/MCPEA/MHU qui introduit les tôles en aluminium stipule, en son article 2, que "l’épaisseur minimum autorisée pour la vente au Burkina Faso est de 0,22 mm pour les tôles ondulées galvanisées et aluzinc, de 0,30 mm pour les tôles bac galvanisées et aluzinc, et de 0,40 mm pour les tôles bac alu". Rien n’y fit. Les fraudeurs, obnubilés par le gain facile, et cela au détriment de la sécurité des utilisateurs, vont contre toutes les normes en vigueur. Presque sans scrupule, ils vendent et font vendre les tôles interdites.

Questions sur une pratique

Le gouvernement sévit alors sur le terrain. Pris de court, les fraudeurs attaquent l’arrêté ministériel au niveau du Conseil d’Etat. Mais chose curieuse, et au grand étonnement des industriels et autres organisations de protection des consommateurs, le Conseil d’Etat a pris la décision de suspendre l’arrêté ministériel n°06-125 du 13 novembre 2006. Toutefois, le même Conseil a pris la précaution très sage de ne point rédiger la décision en vue de mieux étudier le dossier dans le fond.

Sans attendre le résultat définitif, c’est-à-dire la rédaction de la décision, les auteurs du commerce de tôles non conformes ont fait croire à leurs distributeurs qu’ils avaient gagné la bataille. Ainsi, la suspension de l’arrêté ministériel a-t-elle favorisé la réapparition de tôles dangereuses, pour le malheur des populations.

En attendant que le Conseil d’Etat continue et finisse de contrôler sur le fond le dossier, certaines questions s’imposent : l’Etat, à travers le ministère en charge du Commerce, a-t-il oui ou non le droit, voire le devoir de réglementer les produits qui entrent au Burkina ? Faut-il protéger les consommateurs ou simplement les jeter en pâture à des commerçants véreux ? En tout cas, et pour paraphraser un slogan publicitaire, "tôle, c’est pas tôle".

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)