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Politique nationale : Les pêcheurs en eau trouble refont surface

Publié le mardi 20 février 2007 à 08h49min

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Hermann Yaméogo

Pour les formations politiques du Faso, les semaines à venir sont de précieux moments pour s’attirer les bonnes grâces des électeurs dans la perspective des élections législatives du 6 mai 2007.

Ceci expliquant certainement cela, les partis politiques sont sur le qui-vive. Congrès par-ci, conventions par-là. Ainsi la semaine écoulée, plusieurs formations ont été à la une de la presse grâce à l’organisation de manifestations tendant à occuper le terrain. Mais oh surprise, cette sérénité est troublée par quelques propos et attitudes anachroniques qui appartiennent bien à des époques

à jamais révolues au pays des Hommes intègres. En effet, nombreux sont les Burkinabè qui ont été surpris d’entendre des leaders de partis politiques, qui plus est, se réclamant démocrates, tenir des propos aux antipodes et de la démocratie et du développement de la nation.

Sont de ceux-là, les interventions du premier responsable de l’Union nationale pour la démocratie et le développement, maître Hermann Yaméogo, qui, toute honte bue a osé soutenir que son parti pourrait demander la remise à plat du processus démocratique.

En filigrane, il laisse entendre qu’il ne faut pas être surpris si le parti de la panthère décidait de ne pas prendre part aux prochaines législatives au prétexte que le jeu est déjà pipé. Sûrement que tous les bons observateurs de la scène politique nationale se disent "si le ridicule pouvait tuer".

Il y a vraiment de quoi s’en inquiéter dans un Faso où la conjugaison des efforts tend à assurer une élection des plus propres. A défaut d’une élection sans faute qui reste un idéal même dans les plus vieilles démocraties, chaque acteur se bat pour assumer sa part de responsabilité.

La Commission électorale nationale indépendante regroupe en son sein et cela de façon équitable, des représentants de la majorité et ceux de l’opposition. C’est dire que toutes les décisions prises par cette instance sont le résultat d’une consultation mûrie entre tous les acteurs de la vie politique nationale sous le contrôle de la société civile. Quelque part donc, l’UNDD a sa part de responsabilité dans tous les actes entrant dans les préparatifs des prochaines consultations au Faso.

On peut même se demander sur quoi le parti de maître Hermann Yaméogo se fonde t-il pour tenir de tels propos ? Le gigantesque travail abattu par les uns et les autres appelle plutôt à l’optimisme. En effet, tout laisse croire que les législatives 2007 capitaliseront les acquis de tout le processus électoral entrepris depuis maintenant une quinzaine d’années.

La peur du verdict populaire

En vérité, il faut accorder peu de crédit à ces propos inutilement alarmistes de l’UNDD car, il y a belle lurette que ce parti a perdu le contact avec le terrain. Il apparaît comme le chef de file des formations politiques qui sont passées champion dans le dilatoire. Incapables de batailler à la base parce qu’à court d’argument convaincant, le staff de l’UNDD n’a pas trouvé mieux que de faire une sorte de chantage pour ainsi éviter de se jeter dans l’arène.

La méthode est du reste désormais connue puisque c’est la même qui a été utilisée lors de l’élection présidentielle de novembre 2005. On les voit donc venir avec leurs prétendues mises en garde.

Le peuple burkinabè ayant gagné en maturité, il est de plus en plus difficile de le convaincre par des phrases creuses qui ne correspondent à aucune réalité. Pour prévenir l’inévitable débâcle électorale, Hermann Yaméogo et ses fidèles préfèrent ne pas prendre la mesure de leur popularité.

Ils entretiennent ainsi le flou au sein de leurs militants de sorte que si demain ils décidaient d’aller à la conquête de l’électorat, ils pourront difficilement rattraper ceux qui, depuis belle lurette, ont pris d’assaut le terrain avec des projets de société crédibles et attractifs. Il n’est un secret pour personne qu’au CDP pour ne prendre que cet exemple, les militants qui savent que rien ne se conquiert en dehors des urnes, sont depuis belle lurette à l’écoute des populations. C’est même avec elles que certains projets de développement sont conçus et mis en œuvre. Personne ne sera donc surpris si demain ce parti s’adjugeait le maximum de sièges au Parlement.

Une fois pour toutes, les formations politiques doivent comprendre que rien ne sert de courir, il faut partir à point. Il n’est cependant pas encore tard pour aller sur le terrain et faire aux populations des propositions à même d’avoir leur adhésion. Maintenant, si quoi qu’on fasse, il n’est pas possible pour certains grands "démocrates" de se sortir de leur peau de démagogues, ils ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes et accepté modestement repartir à l’école de la démocratie pour repartir du bon pied. Il faut en effet se convaincre que la peur du verdict populaire ne saurait tenir lieu de politique car il faudra tôt ou tard mouiller le maillot si on ne veut pas rester en marge de l’irrévocable processus d’approfondissement de la démocratie dans notre pays.

Talato BAMOGO

L’Hebdo

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