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Nouveau marché de Tenkodogo : Les raisons d’un boycott

Publié le mardi 20 avril 2004 à 09h26min

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Un marché, c’est un lieu de rencontres et d’échanges. Sa vocation est donc de rassembler. Ce qui n’est pas du tout le cas du nouveau marché central de Tenkodogo qui est loin de faire l’unanimité au sein de cette ville du Centre-Est de notre pays. Dans les rangs des commerçants, c’est la fracture.

Chez les habitants de Tenkodogo, c’est le malaise. L’administration locale offre ses bons offices pour résoudre cette question d’intégration du nouveau marché central qui commence à "mécontenter" certains bailleurs de fonds de la ville.

L’un d’eux et non des moindres à savoir le FICOM a déjà gelé les financements qu’il avait consentis pour la réfection des pistes Tenkodogo-Marché de Louanga et Tenkodogo-Kokouaghin Est. La tension est perceptible sur le terrain où les faits et gestes de chaque camp sont scrutés et décryptés. Le salut pourrait venir du Palais Royal de Tenkodogo qui se réserve pour l’instant.

Il laisserait à chaque commerçant le soin de faire le choix : partir sur le nouveau site ou rester dans l’ancien marché. L’idée de deux marchés fait donc son chemin ... Enquête à Tenkodogo et à Ouagadougou de nos reporters.

Tout serait parti de ce que El Hadj Sanoussa Kéré (il dit être le nouveau président des commerçants de Tenkodogo) qualifie d’écart de langage du bourgmestre de Tenkodogo lors d’une émission sur une radio locale le 29 février 2004 où il aurait menacé les commerçants de rejoindre le nouveau marché central faute de quoi ils (les commerçants) s’exposeraient à des sanctions aux conséquences lourdes. S’ajoute à cela, le refus du maire, Alassane Zakané de les recevoir. Sanoussa Kéré y voit du reste du mépris et une volonté affichée du maire d’aller à l’encontre de la volonté populaire. "C’est nous qui l’avons élu. Il doit faire ce que nous jugeons bon", affirme Sanoussa Kéré qui avance qu’il n’a jamais été question d’une délocalisation du marché central.
Il trouve inconcevable un tel projet et déclare n’avoir jamais eu vent d’une telle éventualité même s’il reconnaît avoir participé à des rencontres sur la construction du marché (au moins 03 réunions). Trois rencontres au cours desquelles, il n’aurait jamais été question d’une délocalisation du marché central et où il n’a jamais pu réellement exprimer ses points de vue sur le projet tant le maire et ceux qu’ils qualifient d’hommes de celui-ci (il s’agit en fait des représentants légaux des commerçants. L’association des commerçants et assimilés de Tenkodogo-ACAT est reconnue officiellement. Ce qui n’est pas encore le cas pour sa structure qui a vu le jour spontanément pour défendre, dit-il, les intérêts de ses pairs) étaient allergiques à la critique et aux observations.

En tout état de cause, il refuse d’intégrer, à l’instar de ceux qu’il représente désormais, le nouveau marché central et avance pêle-mêle ses raisons.

"Depuis le début, le projet a été mal conduit. En pareille circonstance, il y a des gens à rencontrer au préalable pour aplanir certaines divergences. Personnellement, j’ai su qu’on construisait un marché après le début des travaux. J’ai immédiatement fait savoir mon avis qui était que l’ancien marché plus que centenaire ne pouvait pas déménager.

J’ai par la suite constaté que l’architecture du nouveau marché n’était pas à la hauteur d’une ville comme Tenkodogo. J’ai vu les marchés de Fada, Kaya et même Ouahigouya que l’on a reconstruit à leurs emplacements originels. Ces marchés sont vraiment beaux.

Sans oublier que les boutiques et emplacements sur le nouveau marché sont vraiment réduits.

Ma boutique fait 28 tôles dans l’ancien marché.

Dans le nouveau marché, on m’a donné un espace où je pouvais à peine construire un hangar de 3 tôles.

Je ne veux pas d’un tel marché et nous ne déménagerons pas", explique Sanoussa Kéré qui croit que si jamais on obligeait les commerçants, il y aurait de grands malheurs sur la ville.

Un marché mystique ...

Selon Sanoussa Kéré qui s’est montré évasif dans le fond, l’ancien marché central a été implanté dans la pure tradition moaga et serait protégé par des forces occultes qui feraient d’ailleurs fructifier les affaires des commerçants. Par conséquent, il propose la transformation du nouveau marché en second espace de vente à Tenkodogo et la reconstruction de l’ancien marché central. "Tenkodogo mérite deux grands marchés" fait observer Sanoussa Kéré qui soutient que "le marché actuel est une bénédiction pour la ville".

"Le chef n’acceptera même pas que le marché déménage", conclut Sanoussa Kéré.

Eric Zabsonré, (il est responsable syndical) qui épouse ces points de vue a même mis en place une structure pour pouvoir donner de la voix dans ce débat mais surtout éviter que le marché central ne quitte son site actuel. Cette structure qui se dénomme Action pour le développement de Tenkodogo (ADT) n’est pas encore officiellement reconnue mais ambitionne de jouer les premiers rôles dans le développement de Tenkodogo. Eric Zabsonré croit que le marché central de Tenkodogo est un patrimoine historique et culturel important qu’il conviendrait de garder à son emplacement et de réhabiliter surtout qu’il trouve que l’infrastructure est bien située géographiquement. Toutefois concède-t-il : "Je reconnais que le développement de Tenkodogo a atteint un niveau que la superficie de l’actuel marché est dépassée". Eric Zabsonré pense que la municipalité n’a pas joué son rôle en laissant l’anarchie s’installer dans le marché. Il estime également que transférer le marché mettrait beaucoup de commerçants en faillite et il croit que le site actuel du marché est vraiment propice à l’activité commerciale. "L’église, le temple, la mosquée et surtout la cour du chef sont à côté du marché. Ce qui lui garantit une protection supplémentaire.

D’ailleurs et un peu partout au Burkina, le marché n’est pas très loin du palais royal. Si on déménage le marché de grands malheurs s’abattraient sur la ville", avance Eric Zabsonré qui trouve que les raisons avancées pour délocaliser le marché ne sont pas convaincantes. Quand on lui oppose le Schéma directeur d’aménagement urbain (SDAU) de la ville de Tenkodogo, il répond que "c’est juste une étude de techniciens dont on pourrait bien s’en passer dans un cas comme celui du marché central".

Des positions inconciliables ?

"Il y a beaucoup de mensonges dans l’argumentaire des "refusards".

Sanoussa Kéré n’est pas digne de confiance tandis qu’Eric Zabsonré veut se faire remarquer, sans doute nourrit-il des ambitions secrètes de jouer les premiers rôles dans cette ville ...", rétorque Inoussa Oubda qui est offusqué qu’on le qualifie "d’homme du maire".

"J’essaie d’apporter ma pierre à la construction de cette ville. C’est dans ce sens que j’ai accepté de mettre mon expérience au service de la municipalité en participant aux travaux de la commission adhoc sur la construction et l’intégration du nouveau marché central. A mon âge, je n’entends pas me faire traîner dans la boue. Je suis né en 1940 à Tenkodogo.

J’ai toujours vécu à proximité du marché central. Je sais que l’infrastructure est dépassée maintenant.

Je trouve le projet de nouveau marché pertinent et avant-gardiste pour notre ville. Je crois que c’est par jalousie inter-commerçants qu’une poignée de commerçants entraînés par Sanoussa Kéré refusent d’intégrer le nouveau marché central. Qu’ils se rassurent car d’ici octobre il sera opérationnel.

Ceux qui veulent y déménager sont les plus nombreux ...

Une minorité ne pourra guère les bloquer", indique Inoussa Oubda qui affirme qu’il demeure le président des commerçants de Tenkodogo. Quant à ses relations avec le maire, il soutient qu’elles se limitent aux travaux du marché qui ont du reste commencé avant l’arrivée du maire actuel et qu’il gagne bien sa vie pour aller se compromettre dans des causes qui n’en valent pas la peine. "Il a réalisé beaucoup de grandes choses pour la ville. Si on ne lui mettait pas tant de bâtons dans les roues, son bilan serait des plus positifs", renchérit un proche de M. Oubda. Là, c’est une autre histoire !

"Le projet a été bien conduit. A chaque étape les commerçants ont été associés. Depuis l’idée de projet aux choix architecturaux en passant par la construction et le recensement des usagers de l’ancien marché. Je n’ai rien compris quand une partie des commerçants a décidé de tout remettre en cause. J’ai surtout été surpris de les voir aller directement chez le chef sans au préalable demandé une réunion des commerçants ...", précise Amadou Diao, ex-secrétaire général de l’ACAT, puisqu’il a démissionné aux lendemains de la marche des commerçants organisée par Sanoussa Kéré et autres. "L’affaire dépasse désormais le domaine du commerce. J’ai préféré démissionner pour ne pas me trouver en porte-à-faux avec ma famille et surtout avec la cour royale", confie M. Diao qui ajoute : "dans cette affaire, on veut cogner la tête des gens".

"Cette affaire est la conséquence des profondes divergences qui existent entre le chef et le maire. En tout cas, rien ne va entre les deux ..." rapporte un habitant de Tenkodogo qui révèle que les deux hommes se vouent une telle inimitié que les affaires de la ville en pâtissent.

En tout cas, affirme notre interlocuteur, le marché n’est pas prêt de déménager tant que les deux hommes ne mettront pas de l’eau dans leur vin. Ce qui est sûr explique cet habitant : "le roi est très puissant et craint. Il contrôle beaucoup de familles. Il a interdit aux commerçants d’aller dans le nouveau marché central. Etant dans une région où le poids des traditions est encore très fort, je ne vois pas qui oserait braver cette interdiction ...".

Et tous ces griefs alors ? "Quand on est contre quelque chose, on se donne toujours de beaux arguments que la rhétorique se charge d’arranger", nous rappelle Sylvain Thiombiano, l’architecte du marché central qui pense que le débat en valait la peine si c’étaient des personnes averties qui critiquaient ainsi son œuvre. "C’est l’affaire du pot de terre contre le pot de fer", déclare ce Gourmantché aussi "docte" qu’un Yadéga.

"Le marché de Tenkodogo est l’un des plus modernes en province. Il a été pensé avec le regard tourné vers l’avenir au regard de la position de ville-carrefour de Tenkodogo. D’un coût total estimé en 1998 à 800 millions (environ 1,2 milliard actuellement), l’ouvrage est réalisé par tranches faute de ressources financières suffisantes. La première tranche qui est terminée a nécessité un financement de près de 200 millions de FCFA", commente Sylvain Thiombiano de l’agence EPURES. Signalons que M. Thiombiano est actuellement le président de l’Ordre des architectes du Burkina Faso.

Le concept du nouveau marché central est donc évolutif. Il comporte un noyau carré de 60 mètres de côté abritant des étals couverts (hall central) circonscrit par une allée de 6 m de largeur sur les 4 côtés et affectés aux étals non couverts. Des boutiques sont aménagées en périphérie et constituent naturellement une enceinte pour le marché.

Deux types de boutiques sont prévus en fonction des chiffres d’affaires des commerçants : les boutiques à surface unitaire qui serviront uniquement à la vente en détail (surface = 6 m2) et les boutiques avec magasin de stockage pour les grossistes ou détaillants (surface = 12 m2).

Outre le bloc administratif, le marché comprendra une boucherie, des parkings, un bar-restaurant, des toilettes et enfin une place pour la prière des musulmans au Sud. Son aire qui fait plus de 5 ha contre 9 000 m2 pour l’ancien marché central, sera assainie avec la réalisation de caniveaux. La surface du marché sera du reste pavée.

"Il sera un des rares marchés à avoir un réseau d’incendie armé", ajoute M. Thiombiano qui énumère les autres commodités du nouveau marché : adduction d’eau, branchements électriques, etc.

A en croire M. Thiombiano, "y a pas photo, comme on le dit, entre les deux marchés". Pour lui, il est plus qu’urgent de déménager l’ancien marché. "Il est situé à une rocade. Il suffit qu’un chauffeur rate le virage et c’est la catastrophe surtout que des remorques chargées de carburant empruntent régulièrement la route", martèle Sylvain Thiombiano. Peut-on déguerpir une partie et reconstruire l’ancien marché sur son site ?

M. Thiombiano est catégorique :

C’est une absurdité que de vouloir garder un marché à cet endroit.

Il signale la trop forte concentration humaine et s’étonne que malgré même la présence d’une station au marché, d’aucuns puissent encore défendre cette thèse. Il doit être prêt à défendre sa position même dans un débat public national pour l’exemple car argue-t-il, toute la dimension sociologique du projet a été appréhendée et le montage du projet fait avec tout le sérieux qui sied. Répondant à M. Zabsonré par rapport à son avis sur le SDAU, Sylvain Thiombiano fera savoir que c’est ce document qui est la référence en matière d’aménagement urbain et tout le monde devrait le respecter. On ne peut pas tergiverser sur le SDAU dans une ville qui se veut moderne ajoute M. Thiombiano qui rapporte que le site a été désigné depuis 1978 et matérialisé par acte de propriété n° 96-092 du 20 mai 1996. Il affirme avoir rencontré les commerçants à plusieurs reprises et confirme que ceux-ci trouvent que la construction du marché est une priorité pour eux, depuis au moins 1996.

Document à l’appui, il a tenu à prouver que lui et la municipalité se sont entourés de toutes les précautions dans cette entreprise.

Nous apprendrons ainsi par le biais de ses archives qu’il nous a ouvert volontiers que Sanoussa Kéré pour ne citer que son exemple participe à des réunions sur ce projet depuis au moins mars 98 avec en objet : construction du marché central. Oubli ou bien volontaire, la question mérite d’être posée.

Le président de la commission adhoc, Adama Delma est profondément perturbé par le fait qu’on ait mis en doute son intégrité en disant que les travaux et surtout les réunions qu’il a conduits n’ont pas été démocratiques. C’est un homme bouleversé que nous avons rencontré et qui s’est évertué lui aussi, documents à l’appui pour nous convaincre qu’il a fait de son mieux dans la conduite de cette affaire. Aussi ne comprend-il pas le retournement de situation et les critiques formulées à son endroit. Il dit se mettre en réserve car la tournure des événements ne lui dit rien qui vaille. "La capacité du nouveau marché dépasse largement celui de l’ancien. Rien que le hall central du nouveau marché a une capacité de 718 étals", réagit Delma. S’ajoutent à cela 114 boutiques construites par la commune et ses partenaires ainsi que 579 autres que réalisent actuellement les commerçants. L’ancien marché compte 270 et 30 grandes boutiques et 978 étals.

"Toutes les boutiques ont été prises dans le nouveau marché par les commerçants et il y en a qui demandent encore des emplacements. Il reste de la place mais nous avons souhaité qu’on occupe les places actuelles avant d’autres distributions.

Mieux, toutes les remarques des commerçants ont été prises en compte" précise le maire qui se défend d’avoir eu du mépris pour eux. Pour lui, la mauvaise volonté de Sanoussa Kéré et de ses hommes est évidente sinon que le marché central actuel n’est plus approprié pour l’activité commerciale. "Ils sont allés me convoquer chez le chef qui m’a joint au téléphone. J’ai dit que je ne parlerai pas des affaires du marché en dehors de la mairie" affirme M. Zakané qui nous renvoie au SDAU élaboré avec le concours des populations et des autorités locales. Le bourgmestre nous renvoie notamment à la page 87 dudit document qui dit ceci : "De nos jours, le marché central est trop exigu pour une ville à vocation commerciale. Il ne répond plus aux normes techniques et de sécurité.

Nous pouvons relever les caractéristiques suivantes :

- sa proximité avec la route crée beaucoup d’accidents ;

- son niveau d’aménagement est très insuffisant et ne favorise pas l’épanouissement de l’activité commerciale ;

- sa boucherie construite en parpaing dans la partie Est n’est pas aménagée à l’intérieur.

- l’aménagement intérieur n’est pas bien coordonné et rend la circulation difficile pour les piétons ;

- la circulation est parfois impossible pour les véhicules d’approvisionnement". De ce qui procède les techniciens concluaient à une insuffisance fonctionnelle de l’ouvrage dont l’imperméabilité du sol entraîne un inconfort de circulation en saison des pluies. Le même document signale le manque ou l’absence d’eau potable, de réseaux des eaux usées, de latrines et de bouches d’incendie. Il proposait la délocalisation de l’infrastructure. Pour Alassane Zakané, l’ancien marché ne permet pas en outre à sa commune de collecter des ressources financières substantielles comme c’est le cas ailleurs avec des structures de ce genre.

"La pagaille est organisée de telle sorte que l’on ne peut pas recouvrer correctement les taxes.

On ne peut percevoir que 25 F par commerçant et une fois tous les 3 jours. Pour toute l’année 2003, la municipalité n’a pu recouvrer que la somme de 560 000 F CFA." déclare Alassane Zakané qui rappelle qu’avec le processus de décentralisation, les populations doivent contribuer conséquemment au développement de leur collectivité. La crainte des taxes ou de charges supplémentaires pourraient-elles justifier la fronde d’une partie des commerçants ? Le maire croit que non puisque lesdites taxes ont été fixées par les commerçants eux-mêmes. Du reste la commune ne percevra que 4000 F par boutique construite par ses soins contre 1500 F à 2000 F par mois pour les autres boutiques réalisées avec le concours des commerçants. Les taxes d’étals ne changent pas.

Ce qui est évident, le nouveau marché rapportera beaucoup à la commune et bien sûr à la ville. D’abord, le nouveau marché réduira la périodicité des marchés à tous les jours au lieu de 3 jours comme c’est le cas actuellement. Il sécurisera ensuite les acteurs et leurs biens (sécurité contre l’incendie, le vol et l’inondation) et améliorera l’organisation des commerçants et de leur profession. Le nouveau marché accroîtra enfin les recettes fiscales (plus il y a de commerçants plus il y a de contribuables). Selon l’étude de faisabilité du marché, le chiffre d’affaires annuel pour le nouveau marché central s’élèverait à 138 720 000 F pour un budget d’investissement évalué à 2,43 milliards. Ce qui donnera réellement un "boom" au développement de l’activité économique dans cette zone.

Sa Majesté se réserve...

Pour un fonctionnaire de Tenkodogo, "Tout serait facile si le roi ne se mêlait pas de cette affaire.

Il devrait s’occuper des traditions au lieu de s’immiscer dans les affaires de l’administration. En attendant, s’il dit un mot, le nouveau marché sera aussitôt fonctionnel".

Le même fonctionnaire avance que les interventions du chef ont causé bien de soucis à plus d’un responsable local. Il cite notamment la construction de l’abattoir. Les commerçants auraient accepté une clôture grillagée qui n’était pas du goût du souverain. Alors blocage !

Le souverain aurait également empêché personnellement un conducteur d’engin des TP de gratter les routes de Tenkodogo. Il aurait enfin interféré pour qu’on favorise ses proches dans la conduite d’essais en culture irriguée à Bagré.

Refus des initiateurs et blocages à nouveau !

On aurait finalement renoncé à ce projet. Autant d’accusations que nous n’avons pas pu vérifier et que nous vous invitons à prendre avec des pincettes vu la personnalité du roi.

En effet, tous ont peur de parler à visage découvert à Tenkodogo quand il s’agit du roi. Le principal intéressé que nous avons approché a eu la courtoisie de nous recevoir et de nous offrir même un verre. Il se réserve pour l’instant estimant d’ailleurs que la médiatisation ne résoudrait pas une telle situation. Il pense que l’on devrait privilégier le dialogue même s’il apprécie positivement les efforts faits par Sidwaya pour informer utilement les populations. Il promet de donner son point de vue quand la nécessité et l’opportunité se feront sentir.

En attendant , chacun campe sur ses positions et les négociations qui se mènent sous la houlette du haut-commissaire du Boulgou ne sont guère avancées.

Les partenaires de la ville s’impatientent et commencent à geler les financements dont cette commune a grand besoin. La réfection de deux pistes par le FICOM et son partenaire allemand la KFW, est suspendue à l’opérationnalisation du nouveau marché central. L’Association internationale des municipalités de langues françaises (AIMF) s’apprête à geler également un projet de construction de boutiques de rue et d’un marché de quartier.

A Tenkodogo, on pense d’ailleurs que le maire brandit ces menaces pour essayer d’infléchir leurs positions mais en réalité les faits sont avérés (voir lettre du FICOM). "Si ces partenaires veulent nous aider, qu’ils le fassent mais qu’on ne nous oblige pas à aller dans un marché qui ne nous plaît pas"., lâche par dépit Sanoussa Kéré. Le développement ou tout au plus le commerce est donc pris en otage. Dommage car en vérité tous parlent et disent vouloir le bien des populations de Tenkodogo. Ils doivent et peuvent trouver un accord sinon un consensus surtout que Sanoussa Kéré et autres pensent que la mairie veut déguerpir le marché central pour concéder le terrain à la SONABEL pour y construire un siège. Ce que réfute le maire Alassane Zakané qui soutient que la destination du terrain n’est pas encore déterminée . Pour l’instant, seule une bonne centaine de femmes ont rejoint le nouveau marché et y vendent des légumes et autres condiments.

Elles ne désespèrent pas de voir les autres venir à l’instar de ce vendeur d’articles ménagers qui est fier d’occuper déjà sa boutique. Mieux confie-t-il, "Je vends bien, et le cadre est vraiment superbe. D’autres opérateurs économiques ont préféré fermer leurs boutiques et délocaliser leurs affaires.

Victorien A. SAWADOGO (E-mail : vsawa@yahoo.fr.)
Sidwaya

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