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Au nom de la pauvreté

Publié le lundi 19 février 2007 à 09h00min

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Le désordre est en pleine promotion au Burkina Faso dans différents secteurs d’activités, surtout dans le commerce. Sous le seul prétexte de vouloir chercher sa pitance, une frange de la population s’estimant pauvre, foule aux pieds les règles élémentaires d’une vie en communauté.

L’arrogance de celle-ci, couplée parfois à la passivité et au clientélisme des pouvoirs publics met à mal la bonne marche de la cité. Au nom de la pauvreté, une rue entière a été transformée en marché annexe à Gounghin, secteur n°8 de Ouagadougou, empêchant toute circulation.

Pour accéder à leur domicile, les riverains doivent passer par la croix et la bannière. Au nom de la pauvreté, le conseil municipal a laissé faire jusqu’à ce que le courage lui vienne brusquement ce jeudi 15 février 2007 pour déguerpir les commerçantes et commerçants “anarchiquement installés”. Au nom de la pauvreté, cette action a été récupérée par des individus en manque de vedettariat. Les commerçants déguerpis ont marché sur la mairie centrale, justifiant leur installation sur la rue par une simple volonté de chercher la pitance. Dans un spectacle ôtant toute dignité, ils ont longuement exposé leur misère et maudit le conseil municipal.

Or, ces “braves” commerçants savent bien qu’il ne se passe pas un jour sans qu’un véhicule n’écrase un des leurs ou son enfant sur les rues très encombrées des alentours du marché de Gounghin. Au nom de la pauvreté, le laisser-aller gagne du terrain au Burkina Faso. Aussi douloureux et regrettable que l’incendie du grand marché de Ouagadougou, Rood-Woko, a pu être, la tragédie de mai 2003 relève plus de l’entêtement des commerçants et du laxisme des pouvoirs publics. Tout le monde savait que Rood-Woko allait prendre feu un jour.

En premier, le pool des assureurs qui, ayant constaté le risque très élevé et visible à l’œil nu, a décidé de rompre son contrat avec la direction générale du marché. L’Etat, avec sa force publique, n’a pu empêcher les installations anarchiques et libérer les zones d’accès. Au nom de la pauvreté, l’on a préféré laisser chacun se débrouiller jusqu’à la date fatidique du 27 mai 2003 avec son lot de larmes et de désolation.

Au nom de la pauvreté, le non respect des normes d’installation à Rood-Woko a entraîné un incendie et agrandi le lot des pauvres. Au nom de la pauvreté, le désordre envahit la République et tue ses lois. Lutter contre la pauvreté sans préserver la dignité humaine ni les exigences de l’Etat de droit conduit à coup sûr à l’instabilité sociale voire à l’anarchie.

Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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