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Lutte contre la pauvreté : De l’alcool de sorgho et du tilapia pour le Burkina

Publié le lundi 19 février 2007 à 09h01min

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De l’alcool à base de sorgho rouge et du poisson tilapia bientôt sur le marché burkinabè. Ce sont les fruits de deux projets financés à hauteur de 55 millions de dollars US par la République de Chine au profit du Burkina. Clin d’œil sur deux projets contre la pauvreté.

Le gouvernement burkinabè en partenariat avec celui de la République de Chine a mis en œuvre un projet de transformation du sorgho rouge en alcool de 38. 48. 58° et en biocarburant. Confié à la GTZ/International Service par la Coopération taïwanaise, il a pour objectif fondamental de valoriser le surplus de production du sorgho rouge.

En effet le Burkina Faso dispose le plus souvent d’un surplus de céréales notamment de sorgho rouge, même en année de crise céréalière. Selon la direction générale des prévisions et des statistiques agricoles, en terme de production, l’on a respectivement enregistré (au cours des campagnes 2003-2004, 2004-2005, 2005-2006) 344 391, 292 938 et 399 406 tonnes de sorgho rouge au plan national. Les prévisions de 2006-2007 font état de 371 445 tonnes.

Ce projet s’inscrit alors dans le but de créer un circuit supplémentaire à cette spéculation traditionnellement cultivée pour la fabrication du dolo (bière de mil) et assurer un support à une autre dynamisation de ce secteur de production. Pour M. Siaka Koné chargé de la mise en œuvre dudit projet, les différentes informations collectées aussi bien au niveau des services techniques de la production, de la vulgarisation que de la recherche ont permis d’apprécier la faisabilité technico-économique de la transformation de cette matière première locale en produit à haute valeur ajoutée (l’alcool).

Mis en œuvre depuis le 1er août 2006, le projet a pu bénéficier de la signature de contrats avec les partenaires taïwanais identifiés. Il s’agit du contrat relatif à la fourniture, à l’installation et aux essais de l’ensemble des équipements, de celui lié à la formation de cinq (05) techniciens burkinabè en République de Chine (départ prévu pour le 6 mars prochain). Le troisième contrat concerne l’acquisition des échantillons de l’alcool produit par la société Lai Jai de Taïwan, unité devant recevoir les techniciens burkinabè. Ces échantillons de l’avis de M. Koné seront bientôt testés sur le marché burkinabè, en vue de connaître l’acceptabilité du produit.

Cependant en attendant la mise sur le marché de cet alcool, la GTZ chargée de l’exécution du projet s’active pour son démarrage effectif pour novembre 2007. Elle a demandé à l’institution nationale de l’environnement et de la recherche agricole, une étude sur la variété de sorgho rouge répondant au mieux à cette industrie. Ainsi des recherches faites par cette institution, il ressort que la variété framida (sorgho rouge) présente un certain nombre d’avantages. Sa résistance et sa souplesse et son faible besoin en intrants externes font d’elle la variété de sorgho rouge la mieux adaptée.

Pour ce faire, des zones appropriées pour la production de cette céréale sont en train d’être ciblées par la direction générale des productions végétales. Mais d’ores et déjà, M. Koné et son équipe ont pu, en collaboration avec le Centre national des semences forestières, obtenir au cours de la campagne 2005-2006, 15 tonnes de sorgho rouge (framida). Quatre tonnes certifiées par l’INERA y seront prélevées pour les deux campagnes à venir. Les onze autres seront destinées au test et à l’ajustement des machines en novembre prochain.

Des résultats attendus

Selon les prévisions de M. Koné, les Burkinabè pourront déguster le premier alcool industriel à base de sorgho rouge d’ici à 2008. Toute chose, atteste Siaka Koné, qui contribuera à lutter contre la prolifération des alcools frelatés. "Nous avons constaté que sur le plan de la santé publique, le Burkina fait face à une consommation massive d’alcool frelaté. Ce projet va dans la direction de la création d’un produit de qualité sur la base d’une matière première locale et contribuera à la lutte contre la consommation de ces alcools à différentes échelles", confie M. Koné. Pour lui, le projet vient à point nommé en ce sens qu’il aidera à lutter contre la pauvreté par la diversification des revenus des producteurs et la création de valeurs ajoutées.

Le coton, estime M. Koné, a jusque-là été la principale culture de rente, en introduisant une autre culture, l’on participe à la promotion de l’agriculture et partant de l’économie nationale. C’est pourquoi, il souhaite l’appropriation de cette technicité et de ce savoir-faire par les opérateurs privés aux fins de créer d’autres unités de transformation. Le présent projet confesse-t-il, lorsqu’il atteindra sa vitesse de croisière ne couvrira que 5% de la consommation en liqueurs sécurisées au Burkina et n’utilisera que 300 tonnes de sorgho rouge framida par an.

L’aquaculture pour la fixation des jeunes dans leur terroir

En plus du projet de transformation du sorgho rouge en alcool, le Burkina a obtenu auprès de la République de Chine une expérience en matière de l’aquaculture du tilapia. En effet lors de la VIe commission mixte Burkina-Taïwan tenue les 26 et 27 avril 2006, la promotion de ce secteur a été évoquée et relancée lors de la visite d’Etat du président Compaoré à Taïwan en novembre 2006. C’est ainsi que des jeunes des provinces seront formés à partir de Bagré qui dispose déjà d’un hectare d’étang d’aquaculture.

Ceci, soutient le ministre Salif Diallo, pour permettre à la plupart d’entre eux d’exercer une activité aussi aisée et génératrice de revenus qu’est l’aquaculture du tilapia. Il a par ailleurs lancé un appel aux opérateurs privés afin qu’ils s’investissent dans la production semi-industrielle de ce poisson. Ils contribueront ainsi à créer des emplois et à lutter contre la pauvreté.

Aline Verlaine KABORE

Sidwaya

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