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XXIVe Sommet Afrique-France : Les impressions du président du Faso

Publié le lundi 19 février 2007 à 09h27min

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Compaoré et Chirac

Le président du Faso Blaise Compaoré a pris part à ce XXIVe sommet en compagnie du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Youssouf Ouédraogo et de Benoît Ouattara ministre du Commerce, de de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat et de l’ambassadeur du Burkina en France, Monsieur Filippe Sawadogo. Blaise Compaoré tire dans cet entretien qu’il a accordé à la presse le samedi 17 février, les enseignements.

Sidwaya (S.) : Quelles conclusions tirez- vous de ce sommet ?

Blaise Compaoré (B.C.) : Nous pouvons dire que le sommet France-Afrique est un grand moment pour célébrer l’amitié franco-africaine mais aussi et surtout pour permettre au regard de nos défis communs de prendre un certain nombre d’engagements et de nous fixer des tâches pour l’avenir. C’est ainsi que nous pouvons nous satisfaire des conclusions qui ont surtout porté sur l’Afrique et l’équilibre du monde.

Lorsqu’il s’est agi d’évoquer la préoccupation fondamentale, principale des Africains aujourd’hui au regard de la dépréciation des cours des matières premières, de la faiblesse de l’Afrique dans le commerce international et bien sûr par rapport à tout cela, nous avons échangé sur un certain nombre de dispositions de combat à mener pour permettre à l’Afrique d’être plus présente dans les échanges mondiaux.

S. : Vous avez évoqué, dans votre communication portant sur les matières premières, le concept d’exception de développement. Est-ce que vous pouvez nous préciser cette pensée et comment elle a été comprise par vos pairs chefs d’Etat ?

B.C. : Je crois que le principe que nous avons voulu énoncer tient à la fois aux mutations dans le monde actuel qui font que nous avons besoin d’un monde plus harmonieux ; un monde harmonieux, c’est un monde qui prend en compte la diversité des hommes, des nations, des cultures, comme des éléments forts de notre histoire dont il faut tenir compte pour le mouvement historique. Vous vous souvenez bien que par rapport aux questions commerciales, nous nous sommes battus avec d’autres nations pour faire valoir le droit à une culture, à un dialogue des cultures, à l’émergence des cultures ; dire non à l’uniformisation des cultures dans le monde.

Il est certain que cette exception a permis l’éclosion de plusieurs manifestations culturelles au regard de la diversité des civilisations, des capacités des hommes et des femmes à promouvoir leurs identités culturelles ; et nous pensons aujourd’hui que la question du développement est une question qui doit pouvoir nous amener à prendre des mesures exceptionnelles pour assurer aux peuples qui sont les plus faibles dans les échanges, des possibilités de chances plus grandes qu’aujourd’hui pour atteindre aussi ce niveau de développement ; je veux citer la question du coton : il est certain que si nous allons sur un marché avec des nations économiquement plus puissantes et qui subventionnent leurs productions, à la longue nous allons être exclus de ces marchés et il n’y a pas de doute que cela ne peut nullement servir au développement de nos pays, car si ces pays faibles n’ont pas de revenus, il va leur être impossible d’accéder au développement.

Donc, nous pensons qu’il faut avoir des mesures exceptionnelles pour mettre le développement au cœur du commerce. Car, s’il n’y a pas de possibilités pour les pays en voie de développement d’accéder au commerce, il va leur être difficile d’accéder au développement. C’est dire donc, qu’il faut créer un contexte nouveau où la question du développement doit se trouver au cœur des questions économiques du monde.

S. : On a parlé de paix, à l’ouverture du sommet, du Darfour. Est-ce que dans le huis-clos, vous avez parlé de la crise ivoirienne dont vous êtes le facilitateur dans le dialogue direct entre les protagonistes ?

B.C. : Non ; nous avons parlé, mais pas particulièrement de la question ivoirienne même si au niveau du dîner entre pays francophones, nous avons eu l’occasion d’exposer le sens de ce dialogue direct et aussi la disponibilité du Burkina Faso à accompagner les principaux bélligérants vers des propositions nouvelles pour une sortie de crise.

S. : Y aurait-il eu un mini-sommet sur le Darfour ?

B.C. : Oui ; les pays riverains du Tchad et du Soudan, autour du président en exercice de l’Union africaine, se sont bien sûr, réunis autour de la question du Darfour avec une déclaration qui réengage à nouveau, les pays à respecter la souveraineté, l’intégrité des uns et des autres à ne pas, bien sûr, soutenir des forces combattantes contre l’un ou l’autre des pays, (le Tchad et le Soudan), mais surtout à s’employer à dégager des patrouilles pour surveiller les frontières de ces pays avec la Centrafrique, le Tchad et le Soudan. Tout cela rejoint des accords signés dans le passé et nous continuons de penser que l’élément essentiel doit être toujours comment organiser le suivi de la mise en œuvre de ces accords. C’est vous dire donc que c’est un problème qui reste entier, qui a besoin, la déclaration le dit, de l’appui continue de la communauté internationale.

S. : En marge de ce sommet, vous avez eu un programme particulier là où des intérêts du Burkina vous interpellent. Vous avez rencontré le maire de Cannes, vous avez parlé de la coopération décentralisée, .... Que retenez-vous de toutes ces rencontres-là ?

B.C. : Je crois que si vous avez toujours suivi la trajectoire de notre diplomatie, c’est bien sûr, de toujours consolider les relations d’Etat à Etat avec la France pour ce qui concerne cette coopération, mais en même temps, de nous assurer que les populations qui ont avant nous, entrepris de coopérer directement sans passer parfois par les Etats, que nous pouvons aussi les accompagner.

Alors, s’agissant de Cannes, c’est la capitale du cinéma mondial, et le Burkina Faso depuis 40 ans, avec les Africains autour du FESPACO et les échanges ont été d’ordre culturel ; car, vous savez au-delà du cinéma, il y a un ensemble d’activités qui gravitent autour du cinéma dont la danse, les musiques, les costumiers, tout cela gravite autour du cinéma.

Nous avons échangé avec le maire de Cannes pour l’éventualité et les possibilités qui s’offrent, surtout au Burkina et au FESPACO, d’agir en partage avec ce festival, avec ses activités, à l’idée bien sûr, de renforcer notre position dans le soutien au cinéma africain. Je crois qu’il y a de bonnes dispositions de la part de la commune de Cannes et je ne doute pas que les échanges prévus vont permettre de consolider les échanges que je souhaite fructueux entre les deux festivals.

Propos recueillis par Zakaria YEYE
Envoyé spécial à Cannes

Sidwaya

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