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Tour du Faso - ASO : Les dessous d’une polémique

Publié le mercredi 14 février 2007 à 08h31min

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Depuis un certain temps, il est de plus en plus question du retrait du co-organisateur du Tour cycliste international du Faso, ASO (Amaury sport organisation), Tour du Faso. L’information a suscité bien des écrits mais, jusque-là, les Editions "Le Pays" n’avaient pas évoqué cette situation dans ses colonnes.

Elles attendaient de recueillir la position des acteurs du Tour du Faso avant d’écrire quoi que ce soit. Aujourd’hui, c’est chose faite, car nous avons pu échanger avec ASO (qui organise également le Tour de France), la Fédération burkinabè de cyclisme et le ministère burkinabè des Sports et des Loisirs. Zoom sur un Tour qui défraie la chronique.

Au commencement était une déclaration du ministre des Sports et des Loisirs, Jean-Pierre Palm, qui laissait entrevoir un retrait de ASO de l’organisation du Tour du Faso. Dès lors, beaucoup d’inquiétudes planaient dans les esprits. Que deviendra alors le prestigieux Tour du Faso si ASO venait à se retirer ? Le ministre Palm confiait à ce sujet que d’autres structures étaient déjà intéressées par l’organisation dudit Tour si ASO se retirait.

Ces confidences du ministre avaient suscité de nombreux écrits. Nous avons tenu à rassembler toutes les informations en contactant ASO, la FBC et le ministère des Sports et des Loisirs. La question a été directe à Jean-Claude Hérault (directeur général adjoint du Tour de France et répondant direct de ASO sur le Tour du Faso).

ASO se retire-t-elle du Tour du Faso ? Réponse de Jean-Claude Hérault : "Je tiens à rassurer tous les acteurs du vélo qui sont nombreux au Burkina : il n’est pas question que ASO se retire du Tour du Faso." Et de préciser : "Nous avons actuellement une convention qui fait l’objet aujourd’hui de nouvelles discussions (...) La Fédération burkinabè de cyclisme nous a adressés un écrit et la réponse que nous avons apportée laisse entendre que nous allons continuer à être partenaires de cette organisation."

Pourtant, si on s’en tient aux déclarations du gendarme Jean-Pierre Palm, il y a même des éléments de ASO qui sont passés par derrière pour se proposer comme les futurs copilotes du Tour du Faso. Etonnant ! C’est ce qui nous a amené à poser la question au DGA du Tour de France qui répond : "On a parlé de quatre personnes de ASO qui se seraient portées candidates." Les connaissez-vous ?

Question à Jean-Claude Hérault, qui se veut catégorique : "Pas du tout !" Et de développer : "Ce que je peux dire, il y a des gens qui sont directement et indirectement liés à ASO. Personne ne souhaite voir disparaître le Tour du Faso. Il doit perdurer même si ASO venait éventuellement à se retirer. Ce qui n’est pas confirmé. Ce sont peut-être des gens de bonne volonté qui veulent que cette épreuve perdure et qui seraient peut-être prêtes à donner un coup de main au cas où il y aurait un risque de voir ASO se retirer. Je le précise une fois de plus, cela n’est pas encore confirmé."

ASO veut une convention tripartite

Lorsque nous avons approché le président de la Fédération burkinabè de cyclisme, Adama Diallo, il a été catégorique : "Je ne suis pas au courant d’un éventuel retrait de ASO." Il souligne simplement que sa structure, mandatée par le ministère des Sports et des Loisirs, a écrit à ASO juste pour demander la révision de la convention. En rappel, cette convention signée le 10 avril 2002 l’avait été entre ASO et le ministère des Sports. Une formule qui ne plaît pas au ministre Palm qui pense que la convention doit être signée entre les deux associations, c’est-à-dire ASO et la FBC. C’est donc le contenu de cette convention que la FBC a demandé à ASO de revoir.

Sur ce point, Jean-Claude Hérault nous a confié : "Nous avons marqué notre accord pour revoir ledit contenu mais nous avons souhaité que cette convention soit tripartite, c’est-à-dire entre ASO, la FBC et le ministère des Sports et des Loisirs." Et d’ajouter : "La convention, telle qu’elle existe sera appliquée en 2007." Mais pas en 2008 ? avons-nous demandé : "Non, je n’ai pas dit ça", réagit Jean-Claude Hérault.

Le ministre Jean-Pierre Palm ne fait pas de mystère autour de sa volonté de voir clair dans la gestion du Tour du Faso. Il demande des bilans. Il juge que les vrais acteurs, c’est-à-dire les coureurs, ne vivent pas bien de leur art. Est-ce pour cela que les rumeurs du retrait de ASO du Tour du Faso ont fait jour ? Pour ce qui est des bilans, le codirecteur du Tour du Faso, et DGA du Tour de France, précise : "En 2005, nous avons été très clairs sur les résultats de l’exercice du Tour du Faso. Nous avons fourni les documents au ministère des Sports et des Loisirs. S’agissant de 2006, nous sommes tout prêts à fournir les documents."

Si les choses se limitaient là, on aurait peut-être compris, mais le ministre Palm a déclaré que c’est ASO elle-même qui a demandé à se retirer, et ce à travers une correspondance. A ce sujet, M. Hérault donne sa compréhension : "Nous avons dit dans cette lettre que nous souhaiterions rediscuter les termes de cette convention au-delà de 2007." La FBC a-t-elle été ampliataire de cette lettre ? Adama Diallo répond : "Nous n’avons pas connaissance du contenu de cette lettre." Nous avons voulu savoir avec Adama Diallo si par rapport à tout ce qui se passe sa structure a été interpellée : "Personne ne nous a interpellés, retorque-t-il. Chacun dit ce qu’il veut, moi j’écoute et c’est tout. Nous n’avons pas l’habitude de réagir comme cela. On n’a pas besoin de beaucoup de bruit autour de ces genres de choses. Je pense que si c’était aussi important que ça, le ministère allait nous saisir et nous dire de prendre nos dispositions." Mais Adama Diallo est convaincu d’une chose et il le dit : "Je crois que ce qui écoeure le ministre, c’est que des gens partent lui dire des choses et reviennent le voir par derrière pour dire autre chose. Je crois que c’est ça qui est embêtant. Des situations pareilles visent à mettre les gens mal à l’aise. ça vexe, au besoin."

Nous avons pu entrer en possession de ladite lettre. A la lecture de ladite correspondance signée par Patrice Clerc, président de ASO, on ne peut s’empêcher de s’interroger : "Pour le bon ordre, nous vous informons que nous ne souhaitons plus renouveler le contrat visé ci-dessus tel qu’il est actuellement rédigé, et, par conséquent, conformément à son article 3.2.2, nous vous notifions par la présente sa résiliation à compter du 1er janvier 2008", avant de préciser : "Toutefois, M. Christian Prudhomme (ndlr, DG du Tour de France) ne manquera pas de revenir vers vous très prochainement pour réfléchir ensemble à d’éventuelles nouvelles relations contractuelles et établir de nouvelles conditions de co-organisation."

Tour déficitaire ?

On dit aussi que c’est parce que le Tour est déficitaire que ASO veut se retirer. Ce n’est pas l’avis de Jean-Claude Hérault : "Il est vrai que depuis deux années, nous avons des charges qui ont progressé sur l’organisation de l’épreuve. Les recettes ont diminué, d’une part sur le plan local (Burkina Faso), et d’autre part sur le plan international. Les recettes ont dangereusement diminué, mais on n’a pas envie aujourd’hui d’arrêter cette co-organisation sous prétexte que le Tour est déficitaire. Il est déficitaire mais des solutions peuvent être trouvées. Il est peut-être indiqué de revoir les conditions d’organisation."

Comme on le constate, le sort du Tour du Faso avec ASO n’est pas encore scellé. "Nous négocions toujours", tel semble être le refrain actuellement. Pour sûr, le Tour 2007 aura lieu puisque ASO arrive à Ouagadougou en fin février-début mars pour dévoiler le circuit de la 21e édition. Mais, tout ce qui se passe irrite-t-il Jean-Claude Hérault ? Il répond : "Je pense qu’il était bon que nous nous retrouvions en fin 2006 ou début 2007 pour faire le point et établir ensemble un constat et proposer des solutions. C’était plus simple. Alors que là, tout ce qui a pu être dit est plus ou moins à confirmer. Il y a un gros espoir à trouver des solutions pour la sérénité chez tout le monde."

En attendant, un autre point fâche le ministère des Sports et des Loisirs : les droits d’exploitation. Jean-Pierre Palm est précis. Il demande que soient transférés désormais les droits d’exploitation du Tour du Faso à la Fédération burkinabè de cyclisme. A ce sujet, nous avons également la réponse de ASO. Le co-organisateur rappelle à ce sujet que "conformément à l’article 3.2.2, l’organisation des éditions 2006 et 2007 est soumise au régime de ladite convention actuellement en vigueur". En clair, les droits d’exploitation restent toujours la propriété de ASO. Mais pour 2007, ASO se dit disposée à "étudier un nouveau projet de convention qui pourrait associer la Fédération burkinabè de cyclisme à condition, toutefois, que l’Etat reste signataire de ce nouvel accord qui deviendrait tripartite".

Malgré tout ce qui se passe, Jean-Claude avoue : "Vous savez quelle est ma passion pour le Burkina. Mon enthousiasme n’est pas du tout refroidi et je suis très affirmatif pour dire que des solutions seront trouvées pour le bonheur des cyclistes et des passionnés du vélo. Que ce Tour qui a une reconnaissance internationale indéniable puisse encore s’affirmer et rester l’épreuve-leader dans tout le continent africain."

Et comme pour tout minimiser et rassurer qu’il n’y a pas péril en la demeure, Adama Diallo conclut dans un sourire : "Le Tour n’est pas du tout menacé. Au niveau fédéral, il n’y a aucun problème. On est stoïque. On est tranquille."

Par Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays

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