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LUMASSAN 2004 : L’édition de la confirmation

Publié le jeudi 22 avril 2004 à 07h39min

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A. Moussiané

Du 15 au 17 avril courant, Toma, le chef-lieu de la province du Nayala a vibré au rythme de la 8e édition du festival de lutte et masques en pays san (LUMASSAN). Edition de la confirmation, elle a été rehaussée par la présence du premier ministre, Paramanga Ernest Yonli.

Le LUMASSAN continue son petit bonhomme de chemin et vole d’année en année, de succès en succès. Effectif depuis 1997, le festival œuvre pour la renaissance du patrimoine culturel de la région san. Entre autres objectifs, il vise :

* La revalorisation des pratiques culturelles qui participent à la socialisation et à l’éducation du San, notamment la lutte, le masque et les chansons traditionnelles ;

* la découverte de jeunes troupes talentueuses, dans le domaine de la lutte, des masques pour les faire connaître sur le plan national et international ;

* la rétention des jeunes dans leur terroir et dans leur culture par des actions revalorisantes et rémunératrices, notamment : l’artisanat, la formation…

Chez nos esclaves les Samo, la lutte essentiellement pratiquée par les jeunes du monde rural n’est pas un sport d’élites. Elle entend renforcer le prestige individuel et communautaire. Elle est une occasion pour les jeunes de se retrouver, de fraterniser, de se mesurer, de vérifier l’efficacité de leur technique, la puissance de leurs forces occultes.

Quant aux masques, ils constituent le ciment, le point de ralliement des différentes composantes de la société san. Objet de culte, de protection, de religion et d’exhibition, les masques sont les garants des valeurs fondamentales, de la cohésion sociale, de la fécondité des femmes, de la santé physique et morale des populations. Ils sont les gardiens des mœurs. Les chansons traditionnelles, elles, sont un moyen efficace pour véhiculer des messages, comme par exemple la sensibilisation sur la pandémie du SIDA.

Heureux comme un Samo

Président du LUMASSAN, Jean-Baptiste Dalla bien que Samo, donne l’exemple de quelqu’un qui sait se battre. Au four et au moulin, il a tenu à ce que l’organisation du 8e LUMASSAN soit parfaite. Son festival est devenu un rendez-vous incontournable qui offre chaque année à ses frères des villages alentour de Toma, une occasion unique de se distraire, eux qui généralement n’ont d’occupation plaisante que le « Yantoro », la bière samo et la viande de chien.

Sa satisfaction était visible le soir du 17 avril 2004 à la clôture de la manifestation. Une satisfaction légitime qui se justifie par l’inauguration de l’arène de lutte, financée par le président du Faso à hauteur de plus de 80 millions.

Cadre d’expression pour les jeunes, elle servira non seulement à la lutte, mais aussi aux autres sports, tel le football, et permettra selon M. Dalla de générer des sous dans les caisses de la province. Ce qui permettra sans nul doute son développement. Il y a aussi la forte mobilisation de la population dont les artistes. De 52 masques à la première édition, on est passé à la 8e édition à 508 masques venus de toute la région. La sensibilisation sur le VIH-SIDA a été systématiquement intégrée dans le festival.

Yonli inaugurant l’arène de lutte

Le premier ministre a exprimé sa sympathie pour le Nayala et sa commune Toma, ainsi que pour le LUMASSAN, qui continue de grandir. L’arène, de l’avis de Paramanga Ernest Yonli, a un double sens : sportif et culturel. Il s’est promis d’engager son gouvernement à accompagner la population de Toma et celles des environs qui sont intéressées par la lutte afin de finaliser les différents pans de l’arène qui sont à réaliser.

Le 8e LUMASSAN a vécu. On a lutté, chanté et les masques ont offert un beau spectacle au public qui n’a pas du tout marchandé sa participation.

En lutte, Hermann Kouané de la même famille que son aîné Athanase Moussiané, champion national, s’est illustré de fort belle manière devant tous les autres concurrents en occupant la première place. Il peut en tout cas s’estimer heureux de n’avoir pas eu à s’affronter à un moaga, car la coquette somme d’un million de nos francs qu’il a empochée lui aurait tout simplement filé entre les doigts. Pourvu qu’il n’utilise pas ce magot pour consommer en bon Samo ce que tout le monde sait. A l’année prochaine donc pour d’autres joutes… plus poignantes.

D. Evariste Ouédraogo
L’Observateur

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