Le Sahel. Sur les 13 régions que compte notre pays, il n’y a pas meilleur décor que celui-là pour échanger sur les “responsabilités des acteurs du monde rural dans la gestion durable des ressources naturelles”, le thème qui a été consacré à la 11e édition de la JNP, célébrée le 9 février dernier sur les berges du barrage de Yakouta, à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Dori.

Les intervenants à la cérémonie commémorative de cette Journée, parrainée par le président Blaise Compaoré, l’ont si bien exprimé : d’abord, le gouverneur du Sahel, selon qui, plus que les douze autres régions, le Sahel connaît “la dégradation des écosystèmes naturels, la perte de la diversité biologique, l’amenuisement des ressources naturelles, l’ensablement des cours d’eau...

” Ensuite, le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, qui a renchéri en disant que cette localité symbolise, non seulement,“...fragilité du milieu et adversité du climat”, qui nous rappellent “nos responsabilités dans la gestion de la nature et de ses ressources”, mais aussi “la volonté des populations laborieuses d’assurer un développement économique pour les générations présentes et futures”.

Le président du bureau national des Chambres régionales d’agriculture (CRA) du Burkina, Nebnoma Sawadogo, n’a pas manqué d’égrainer, à l’occasion, un long chapelet d’efforts du ministère de tutelle en faveur des agriculteurs à divers niveaux : entre autres, la création des CRA, des comités d’irrigants, la fourniture de matériel agricole, d’intrants, la création de fermes semencières, les efforts de mobilisation des eaux souterraines et de surface, le renforcement des capacités des acteurs ruraux.

Ce sont là des acquis considérables, dira-t-il, mais qui nécessitent d’être consolidés, notamment à travers un meilleur transfert des technologies aux producteurs, appuyé d’une vulgarisation, de la promotion de l’utilisation de Burkina phosphate pour faire face à la dégradation des sols, du renforcement des capacités pour mieux produire la fumure organique...

La cérémonie de la 11e JNP, comme lors des éditions passées, a été marquée par des distinctions d’acteurs du monde rural. Ils étaient, au total, 64 récipiendaires à être honorés à cette occasion. Parmi eux, le frère Adrien Robert François Fortuné du monastère de Koubri. Au Burkina depuis une quarantaine d’années, il est le plus grand constructeur de barrages dans notre pays.

L’événement a connu également une remise de conventions de financement portant sur 421 microprojets, d’un montant de 597 521 232 FCFA au profit de 13 044 ménages répartis dans 7 provinces qui sont : l’Oudalan, le Séno, le Soum, le Yagha, le Lorum, le Sanmatenga et le Namentenga. Le ministre d’Etat Salif Diallo a, en outre, fait le point de la tenue de certains engagements des producteurs, pris à la dernière JNP à Manga.

On note, pour l’ensemble des engagements, des taux de réalisation satisfaisants : 85,73% pour la production céréalière, 73% pour les semences certifiées. S’agissant du coton graine, ce fut une production record avec un taux de 100,75% ; 100,2% et 129% pour, respectivement, les fosses fumières et les bottes de foin de 10 kg ; et 133% pour la collecte et le traitement du lait local...

Concernant la question de la protection des terres, de la gestion et de la préservation de leur fertilité pour soutenir durablement la production agricole, sous l’égide du ministère de l’Environnnement et du Cadre de vie, un programme national de partenariat pour la gestion durable des terres au Burkina est en train d’être mis en place. Il est planifié pour une durée d’exécution de 15 ans, et sa première phase, qui concernera 5 zones écologiques, est d’un coût de 38 milliards de nos francs.

La JNP au-delà des frontières du Burkina

L’écho de la JNP a franchi les frontières de notre pays. C’est ce qu’on pourrait dire après l’intervention de la représentante résidente de la FAO au Burkina, Mme Marie Noèl Koyara, à la cérémonie commémorative de cette JNP à Dori. “Cette expérience, a-t-elle dit, peut servir d’école dans les pays de l’UEMOA, de la CEDEAO et de l’Afrique tout entière”.

Ce, pour partager le point de vue du journal Agrovision de la Conférence des ministres de l’Agriculture de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, dont la conclusion d’un passage invite à dupliquer l’expérience de la JNP du Burkina dans les autres pays de la région de l’Afrique.

Après la cérémonie solennelle de la 11e JNP, les autorités sont allées visiter un périmètre aménagé de production de semences de pomme de terre et d’oignon à Oulo. Cette réalisation, s’est réjoui Bila Dipama, consacre l’entrée de la région du Sahel dans la pratique de la culture irriguée.

Avant de regagner la ville de Dori, le président Blaise Compaoré a procédé à l’inauguration du système d’approvisionnement en eau potable de la ville de Dori à partir du barrage de Yakouta. Il faut signaler que cette importante infrastructure, qui a coûté un milliard 604 millions de francs CFA, a été financée par la République de Chine.

Dans la soirée, le président Blaise Compaoré et les membres du gouvernement, le Premier ministre Paramanga, le ministre d’Etat Salif Diallo, le ministre de l’Environnement et du Cadre de vie ainsi que celui des Ressources animales ont eu un “dialogue direct” avec les agriculteurs. Les producteurs ont pris, à l’issue de la rencontre, 23 engagements pour la campagne agricole 2007-2008 (Nous y reviendrons). Quelle ville abritera la prochaine JNP ? Un tirage au sort le dira, a indiqué Blaise Compaoré.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga