Guinée : Le remake de sang
C’est un nouveau contrat de violence qui est en train de s’exécuter depuis le début du week-end dernier en Guinée Conakry. Face à l’intransigeance mâtinée de mépris et d’arrogance du maître de Conakry, on ne pouvait s’attendre qu’à cette nouvelle et sanglante édition d’émeutes, qui prend à la gorge toute la Guinée.
On sentait donc venir tout cela. Avec un général grabataire devenu autiste et myope, ce pays ne peut échapper à cette chienlit qui lui colle à la peau. Et il en sera ainsi désormais, tant que Conté tiendra le gouvernail.
Les dictateurs sont ainsi faits que même au pire moment du destin de leur pays, ils continuent de croire à leur étoile. Le cas de Lansana Conté semble encore plus particulier puisqu’il donne à croire, à travers ses multiples frasques langagières, que son pouvoir est de droit divin. Face à ce nouvel embrasement, deux questions se posent : le général-président aime-t-il vraiment son peuple ? Lansana Conté partira-t-il jamais de lui-même sans un coup d’Etat ou une invasion de son palais ?
En tout cas, désormais, tous les scenarri sont possibles. Mais le général semble bien garder confiance. Il vient de faire des gratifications singulières à ceux qu’il considère comme étant de jeunes turcs de l’armée, avec l’intention manifeste de prévenir toute action rebelle de leur part. Un procédé bien curieux dans cette tourmente où le souci majeur d’un chef devrait plutôt aller dans le sens d’actions courageuses en faveur du peuple qui barbotte dans la misère, la pauvreté et le désespoir, et qui est fatigué. Aujourd’hui, à travers le cas guinéen, se pose aussi la question de l’entourage des chefs d’Etat africains.
Lansana Conté est-il vraiment sourd à tout conseil, ou, en réalité, en reçoit-il vraiment de bon ? Il est fort probable que son entourage lui donne de mauvais conseils où dominent la flatterie et le mensonge. Des conseils qui galvanisent le dictateur et qui lui donnent un courage destructeur. Il n’est pas exclu que des courtisans de son entourage cherchent, à travers leurs conseils, à le pousser à sa perte.
En tout état de cause, la partie très serrée qui se joue dans ce pays du Golfe de Guinée entre le pouvoir et le peuple, nous semble tout à fait anachronique et inopportune en ce 21e siècle. Mais l’on peut parier que quelle que soit la durée de cette séance de poker, c’est le peuple qui en sortira vainqueur.
"Le Pays"