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France/Afrique : La Françafrique a la peau dure

Publié le samedi 10 février 2007 à 08h02min

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Critiquée et décriée depuis de longues années, la politique africaine de la France n’en continue pas moins d’être un sujet de préoccupation pour les Africains et particulièrement pour l’élite intellectuelle. Les choses ont peut-être évolué, voire changé dans la forme, mais, dans le fond, la réalité reste la même : certains Etats africains n’ont de salut que par le bon vouloir de l’Élysée.

C’est une formule choc qui peut indisposer les habitués de la langue de bois, mais les faits de tous les jours le confirment. Rien qu’hier mercredi, d’éminentes personnalités politiques, économiques et scientifiques du continent ont clos une conférence internationale sur le thème « Afrique-France : les sentiers de l’avenir ».

Cette rencontre a fait se rejoindre de célèbres noms africains comme Jean-Paul Ngoupandé, ancien Premier ministre de Centrafrique, Mamadou Lamine Loum, ancien chef de gouvernement au Sénégal, Pius Njawe, journaliste camerounais de renom, et bien d’autres personnes qui sont toutes aussi renommées. À ceux-là ont été associés des Occidentaux qui sont, eux aussi, bien connus dans les milieux politiques de leur pays.

On peut citer, sans prétendre à l’exhaustivité, d’anciens ministres comme Hubert Védrine, Michel Roussin, Charles Josselin, ou encore Jacques Pelletier. Rien que par la notoriété de ces personnalités, la rencontre de Ouagadougou mérite respect. Or, en plus de ceux cités plus haut, il y avait aussi d’autres Africains connus pour n’avoir pas leur langue dans la poche. C’est dire comment les organisateurs ont ratissé large pour que la conférence soit un lieu d’échanges francs.

Les mauvaises langues ne disent-elles pas que quand la France tousse, l’Afrique s’enrhume ? Et que les discours de colloques ne se changent jamais en déclarations concrètes ?

Trop rarement, par le passé, des Africains et des Européens de cette qualité ne s’étaient rencontrés pour s’intéresser, par exemple, à une quelconque élection en Afrique. Où étaient les consœurs de l’Institut Afrique moderne et/ou de la Fondation pour l’Innovation politique lorsque des consultations électorales à grand enjeu se déroulaient sur le continent ?

La République démocratique du Congo, le Togo, la Côte-d’Ivoire et le Burundi sont des cas qui auraient pu attirer une mobilisation afro-africains, tant les scrutins dans ces pays constituaient un tournant important pour leurs populations. Personne ne peut nier que la RDC, après sa longue guerre, a besoin que tous les fils d’Afrique s’intéressent à son sort.

Comment alors expliquer un tel déploiement d’énergie pour une France située à six mille kilomètres de Ouagadougou, siège de l’Institut Afrique moderne, l’un des organisateurs de la rencontre ? Il faut peut-être comprendre que Paris restera encore, pendant longtemps, le lieu incontournable de la politique africaine. En termes clairs, en dépit de toutes les dénégations, c’est la France qui continuera d’influer sur le sort de l’Afrique.

Or, dans une Europe en pleine reconstruction, l’Hexagone ne pourra pas tenir pendant longtemps encore son rôle d’avocat de la défense des États africains. C’est pourquoi des rencontres du genre de celle qui vient de se tenir au Burkina gagneraient également à tracer les lignes pour un développement de l’Afrique fait par les Africains dans l’intérêt des populations du continent.

Quoi qu’il en soit, les nouvelles exigences imposent de renoncer au rôle paternaliste qu’on veut faire jouer à la France. C’est peut-être de la nouvelle classe politique française que viendra la révolution qui coupera le cordon ombilical, car il est peu probable que Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, les deux candidats les plus en vue, s’appuient sur le passé colonial de leur pays quand viendra le temps de définir la politique africaine de la France d’après-Jacques Chirac.

Adam Igor

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 11 février 2007 à 00:18 En réponse à : > France/Afrique : La Françafrique a la peau dure

    On a marre des blancs qui font semblant d’aider l’Afrique depuis combien d’année nos dirrigeants ne voient toujours pas claire 1960 - 2000 toujours une Afrique dans son trou
    Et les chinois ont echappé seulement entre 1980 et 2000 il faut changer de visage

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