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Mireille Nonga, commerçante : “J’ai autrefois été abusée par un étranger”

Publié le jeudi 8 février 2007 à 07h39min

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L’histoire de Mireille NONGA est comme celle de nombreuses autres filles qui ont été abusées par des hommes. Leur « péché » ? Avoir fait trop confiance aux rencontres sur le net. La chance de Mireille c’est d’avoir su panser ses blessures et repartir du bon pied avec cette fois-ci une bonne dose de prudence et d’attention en plus.

« Si j’ai accepté témoigner c’est pour que d’autres filles ne tombent pas comme moi dans le piège de la confiance aveugle aux promesses tchatcheurs ».Espérons que ces mots seront entendues et serviront.

Comment es-tu venue au tchat, que cherchais-tu et qu’as-tu trouvé ?

Mireille NONGA : Deux choses m’ont amenée sur Internet en général et sur le tchat en particulier : les affaires et l’amour. Les affaires parce que je trouve qu’Internet est un outil magnifique et je crois que je ne me suis pas trompée, puisque ça marche pour moi. Pour l’amour aussi parce que c’est un lieu de rencontre comme tout autre et je peux vous dire que là aussi, le bonheur est au rendez-vous, même si j’ai dû supporter une horrible déception.

Quels genres d’affaires fais-tu sur le net ?

MN : Avant tout, je suis commerçante. Je vends des habits pour enfants et à ce titre, j’utilise les opportunités qu’offre Internet plus spécialement le tchat pour proposer mes articles.

Comment cela se passe concrètement ?

MN : Je me connecte comme tout le monde sur le tchat et je dialogue avec les uns et les autres surtout ceux qui sont à Ouagadougou et je leur propose mes produits. Pendant le dialogue ceux qui sont intéressés m’indiquent leur service et je me déplace pour leur livrer leurs commandes. Vous êtes d’ailleurs l’exemple concret de ce commerce car si ce n’était pas à cause du tchat nous n’aurions certainement pas pu échanger sur le sujet et moi je n’aurais pas eu un client. J’ai également eu des amis d’affaires sur le tchat. En occurrence un Suisse et un Français. Le Suisse m’envoyait des téléphones portables que j’écoulais. Puis c’était du matériel informatique qu’il m’envoyait. Nous sommes toujours en contact. Avec le Français c’est la même chose. Lui m’envoie des habits.

Et du côté de l’amour ?

MN : Aujourd’hui, je peux dire que j’ai trouvé l’âme sœur, même si avant d’y arriver j’ai vécu une déception que je n’oublierai jamais. J’ai rencontré quelqu’un de très bien, avec lui, on se comprend, on s’entend. Ça fait déjà deux ans qu’on se connaît et en juillet dernier, notre relation qui n’était jusque-là que du virtuel s’est concrétisée puisqu’il est venu passer trois semaines ici au Burkina avec moi. Je compte également le rejoindre et si tout va bien, dans quelques jours il sera de nouveau là. Mais pour tout vous dire cela ne s’est pas passé comme certains le croiront. Il a fallu du temps et de la patience pour qu’on apprenne à se connaître, puis plus tard à se faire confiance avant d’en arriver là où nous sommes aujourd’hui. Je ne me suis pas donnée comme ça en un premier temps.

Il fallait que je l’étudie pour savoir si c’est quelqu’un de bien, de sérieux. La confiance s’est établie par la suite et on a commencé à se faire des cadeaux, à échanger nos photos ; pas des photos sexy. Je n’ai jamais donné de photos sexy sur le net à quelqu’un. C’est comme ça qu’on est parvenu à faire progresser notre amitié qui est devenue par la suite un amour réel.

Y a- t- il des perspectives pour que ça aboutisse au mariage un jour ?

MN : Même si notre relation n’aboutit pas au mariage, je ne regretterai rien, car ce n’est pas que dans le mariage qu’on est heureux dans la vie. Ce qui est sûr, nous avons des projets et même si on ne se marie pas la relation qui existe entre nous est quelque chose de formidable. Pour le moment le courant passe et pourvu que ça dure.

Parle -moi de la déception que tu as vécue sur le tchat

MN : (silence) je ne veux plus revivre cela même en souvenir car ça été trop douloureux pour moi.

C’est vrai, mais ce que tu as vécu peut servir de leçon à d’autres personnes ?

MN : Non, c’est trop difficile !!! (soupir)

Essaie tout de même, ton témoignage peut aider...

MN : En fait... ( long silence ) J’ai connu un étranger il y a de cela quelques années. (soupir) On s’est connu par le tchat ; on a échangé nos mails et on correspondait. Au début j’ai tenu à connaître ses intentions à mon égard. Il m’a rassuré qu’il voulait faire du sérieux avec moi et que pour cela il allait venir au Burkina pour que nous puissions concrétiser notre relation. Avant qu’il ne vienne j’ai tenu à savoir sa situation matrimoniale et il m’a rassuré qu’il était séparé et qu’à ce niveau je n’avais pas du souci à me faire. Effectivement il a fait le déplacement de Ouagadougou... (silence, soupir)

Et que s’est-il passé ?

MN : Quand il est venu, je l’ai pris au sérieux parce que c’était un homme d’âge assez mûr puisqu’il avait la quarantaine sinon plus. J’ai eu une et une seule aventure avec lui à son hôtel. Après notre aventure tout allait bien. Deux, trois jours plus tard je n’arrivais plus à le voir ni au téléphone ni à son hôtel. Ce n’est que la veille de son départ qu’il m’a appelé pour me dire qu’il pensait que c’était mieux qu’on mette fin à notre relation ; parce que pour lui je suis une gamine. « Les gens vont mal voir notre relation, ils vont dire que j’exploite une gamine, c’est mieux qu’on arrête ».

Ça m’a choqué parce que, avant de venir, il connaissait mon âge, il connaissait tout ou presque de moi. Il est donc venu juste pour abuser de moi et il a bien réussi son coup. Par la suite j’apprendrai que monsieur n’était même pas séparé de sa femme et qu’il vivait toujours avec elle et avec leurs enfants. Ça m’a fait mal car malgré les précautions que j’ai prises avant qu’on ne se rencontre, toutes mes questions et tout, il m’a menti pour pouvoir abuser de moi. J’ai regretté et je regrette toujours ce passage de ma vie.

Pourquoi après cette douloureuse expérience tu continues de tchatcher ?

MN : Ça n’a pas été automatique, j’ai pris du temps pour me remettre de cette situation. Mieux, je ne pars plus sur le tchat pour chercher une âme sœur, mais bien pour proposer mes articles de commerce.

Si tu as un conseil à donner à celles qui sont tentées par le tchat ou qui sont accrocs et qui tentent l’expérience des rencontres amoureuses sur le net ; que leur diras-tu ?
MN : Vous savez, tout dépend de ce qu’on cherche sur le tchat. Côté sentiment, il y a deux situations : la première, aller au tchat poussé par l’appât du gain facile, le matériel..., dans l’idée de gruger les hommes. A coup sûr, tu vas avoir des problèmes parce que tu auras toutes sortes de propositions.

Des propositions de genre 200 Euros par jour pour passer une semaine avec un couple de lesbiennes, 50000 Fcfa si tu acceptes de poser à moitié nu, etc. C’est dire que pour des novices cela peut être tentant et ça, c’est une autre forme de prostitution. Par contre si tu cherches une relation sérieuse sur le tchat, cela est aussi possible car le net est aussi un lieu de rencontres comme tout autre. On peut trouver l’amour, mais il faut être patiente, prudente, attentive et persévérante et ça va venir.o

Par Frédéric ILBOUDO


Adja Traoré (Horizon FM)

Adja TRAORE, animatrice à Horizon FM : "Le tchat n’est pas une menace pour folie-folie"

Face à la nouvelle donne que sont les rencontres sur Internet, quel avenir peut-on réserver aux agences matrimoniales ? Ou encore à une émission de rencontre comme « folie- folie » ? Peuvent-elles encore prospérer ? Nous avons rencontré l’animatrice de la plus célèbre émission de rencontre de la ville de Ouagadougou, Adja TRAORE. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est sereine quant à la survie de son émission face à la montée du tchat.

« Folie folie » est la première émission de rencontre que la ville de Ouagadougou a connue. Émission critiquée par les uns et adulée par les autres, elle fait partie des émissions phares de la première Radio libre d’Afrique Horizon FM donc le fondateur n’est autre que le bouillant d’idées Moustapha Laabli THIOMBIANO.

Depuis un certain nombre d’années cette émission a tracé son chemin dans l’espace médiatique burkinabé. « Au jour d’aujourd’hui, je peux vous affirmer que l’émission a concrétisé des rencontres dont certaines se sont soldées par des mariages », nous a confié fièrement Adja TRAORE. C’est dire donc que cette « agence matrimoniale par voix des ondes » fait des heureux dans notre pays. « Le principe de l’émission est simple. Elle ne dure que 30mns et au cours de cette demi-heure, des hommes et des femmes appellent pour solliciter des rencontres.

Comme dans toute agence matrimoniale ils expriment leurs besoins à travers un certain nombre de critères de choix et nous essayons de leur donner des coordonnées de correspondants qui plus ou moins répondent à leurs critères », a laissé entendre l’animatrice de « folie folie ».Une tâche qui n’est pas sans difficulté pour la belle Adja qui n’est pas à l’abris des courroux de certains auditeurs. « Il arrive souvent que des auditeurs s’en prennent à moi soit parce qu’ils trouvent que l’homme ou la femme avec qui ils ont obtenu rendez-vous ne répond pas à leur attente. La voix suave de la demoiselle qui a attiré l’auditeur peut ne pas répondre à la même beauté corporelle. En clair, certains s’attendent à rencontrer des fées.

Lorsque ce n’est pas le cas, la faute retombe sur moi. Il y a également ceux et celles qui appellent à l’émission pour s’amuser. Pourtant, à mon humble avis l’émission aide des gens à sortir de leurs solitudes. C’est pourquoi je voudrais profiter de vos colonnes pour dire aux plaisantins de s’abstenir, ils feront du bien aux auditeurs ». Sauf erreur de notre part, il n’existe pas pour le moment dans notre pays, une agence matrimoniale reconnue comme telle.

Pour l’heure, seules des émissions du genre « folie- folie » ont aidé et aident encore les solitaires de se rencontrer. Aujourd’hui, tout comme le médium qu’est la radio, Internet, via le tchat donne l’opportunité de façon gratuite et dans la plus stricte discrétion des possibilités de rencontre. Cette nouvelle donne n’est-elle pas une menace pour l’émission « folie folie » ? « Non pas du tout du moins pour le moment », a lancé Adja.

Pour elle, loin d’être un concurrent, le tchat, s’il fait le même travail qui est celui d’aider des hommes et des femmes à se rencontrer et à « s’aimer », chacun évolue dans un registre différent. « Le tchat aujourd’hui est encore un outil de quelques initiés. Pour tchatcher, il faut maîtriser l’outil informatique ce qui n’est pas chose aisée pour tout le monde. Alors que pour mon émission, rien de plus facile, car qui ne connaît utiliser le téléphone dans notre pays. Je concède que folie folie a les mêmes difficultés que le tchat à savoir celle de la crédibilité, de la sincérité des annonceurs ».

En effet, tout comme le net, on ne peut comment reconnaître par écrit ou par la voix que l’auditeur ou l’internaute est au sérieux, s’il est sincère par rapport à certaines informations qu’il donne. Si donc folie folie n’est pas menacée, il n’en demeure pas moins qu’une certaine concurrence est ouverte entre les deux médias. L’avenir nous dira qui des deux triomphera.. o

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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