LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Problèmes environnementaux et développement durable : Les écologistes sont-ils enfin compris ?

Publié le jeudi 8 février 2007 à 08h09min

PARTAGER :                          

Ram Ouédraogo

Les questions environnementales vues sous l’angle des changements climatiques sont de nos jours au cœur des débats dans l’actualité nationale et internationale. A travers cette réflexion du président du Rassemblement des écologistes du Burkina (RDEB), Ram Ouédraogo, ledit parti affirme que son projet de société, l’écologie politique, est d’actualité. Nous vous proposons la réflexion in extenso.

Rencontres, séminaires, colloques ou toute autre forme de débats-forums ont eu lieu dans le mois de janvier 2007 à Ouagadougou sur les questions environnementales telles que les changements climatiques, la désertification, la menace de la couche d’ozone etc. . .

Dans la même période, ce sont les Etats de l’Union africaine (U.A) réunis à Addis - Abéba les 29 et 30 janvier qui ont perçu la nécessité de faire face à la problématique des changements climatiques même si leur calendrier fortement influencé par les conflits et crises politiques sur le continent n’a pas permis d’aborder dans le fond la question environnementale.

L’Asie, l’Europe, l’Amérique sont également des continents qui ont vécu ces trois dernières années, les dures réalités des changements climatiques notamment les cyclones, la fonte des glaces, le Tsunami etc...
Face aux catastrophes de ces changements climatiques, le président français Jacques Chirac suggère l’idée de la création d’un fonds des Nations unies pour résorber les problèmes environnementaux. Il prône la révolution environnementale qui permettra une gestion rationnelle et économique de l’environnement.

Une révolution qui protège l’écosystème, réduit les nuisances industrielles, permet de faire des économies pour un développement humain durable. La planète terre étant pour l’instant le seul espace de survie humaine, si l’on détruit cet espace par une exploitation abusive de la nature, qu’allons-nous devenir ?

C’est à ce niveau que se justifie pleinement l’idée de la révolution environnementale que préconise le président français, rejoignant enfin les écologistes qui avaient tiré la sonnette d’alarme depuis des décennies. Les questions environnementales sont donc devenues des préoccupations planétaires qui nous intéressent tous. Cependant, si le combat contre ces fléaux climatiques peut paraître commun à la planète entière, les démarches pour y parvenir sont variées et présentent des spécificités pour chaque continent.

Si pour les pays développés les conséquences des changements climatiques sont à prévoir et à gérer en termes de désagréments et de limitation des dégâts, en Afrique par contre, le problème majeur se pose en matière de survie, de pauvreté et de misère face à l’accentuation du phénomène de la désertification.

C’est à ce niveau qu’il faut un travail efficient de vision et de discernement politiques en Afrique pour parer aux conséquences des changements climatiques afin que les questions de survie tant pour les humains, les animaux et les plantes ne soient pas compromises à l’avenir par la désertification qu’il faudra endiguer par une meilleure politique de préservation de l’environnement.

Au Burkina Faso, tout comme dans l’ensemble des pays sahéliens, nous devrons intensifier la préservation de l’environnement par la reforestation, la lutte contre la coupe abusive du bois et trouver des énergies renouvelables de substitution (vulgariser par exemple l’usage de l’énergie solaire et du gaz butane à des coûts accessibles pour les populations. . . ).

Ensuite, nous devrons fertiliser les sols (fumure organique, engrais non nocifs. . . ), diversifier les cultures agricoles (cultures pluviales et irriguées) avec de nouvelles techniques culturales. Ce sont là entre autres, tant de démarches et de dispositions spécifiques à développer en Afrique pour éviter que les changements climatiques menacent la survie dans les pays sahéliens par la désertification.

La nouvelle donne environnementale ou le nouveau paradigme de développement

La prise de conscience de la communauté internationale sur les problèmes d’environnement a abouti à la première conférence mondiale sur l’environnement et le développement à Stockholm en Suède en 1972. Cependant, il convient de rappeler qu’à l’origine de cette prise de conscience étaient présents les mouvements écologistes, les groupes de pression et autres qui, initialement incompris ont commencé à évoluer en mouvements associatifs ou en groupes d’opinions plus organisés et finalement en cadres de projets de société plus viables.

Dans ce contexte, de nombreux programmes et projets de développement ont été mis en œuvre dans les différents pays avec l’appui des partenaires au développement sous l’impulsion de l’Etat, des O.N.G et des associations. Malgré les nombreux efforts déployés ainsi que les résultats encourageants obtenus dans les différents pays, des insuffisances démarrent non seulement avec l’apparition de nouveaux problèmes (effets de serre, réchauffement de la planète, pluies acides, pollution et nuisances diverses, accentuation de la désertification et de la sécheresse etc...).

En plus, il y a surtout l’absence de relation entre environnement et croissance économique, c’est à dire le développement humain durable. Le Burkina Faso, pays sahélien caractérisé par la désertification et la sécheresse persistantes depuis plus de deux décennies, aggravées par les catastrophes naturelles, les pollutions et nuisances diverses dues au développement du tissu urbain, participe à cette mouvance mondiale sur la question de la gestion de l’environnement à travers les pouvoirs publics, la société, les partenaires sociaux et les cadres organisés de projets de société.

Eu égard à toutes les actions entreprises, à l’évolution des groupes de pression et à une prise de conscience plus accrue des habitants de la planète, s’est tenue en 1992 à Rio de Janeiro au Brésil, la deuxième conférence mondiale sur l’environnement et le développement qui a mis en exergue la corrélation Environnement et Economie, Environnement et Développement, Environnement et Démocratie, Environnement et Participation des populations, Environnement et Volonté politique sans laquelle aucune action ne peut avoir une portée et des impacts positifs. Ainsi, l’écologie politique constitue désormais un paradigme pour la gestion rationnelle de l’environnement dans une perspective de développement humain durable et un enjeu pour une société nouvelle.

Aussi, le Rassemblement des écologistes du Burkina (RDEB) veut sortir du modèle économique classique pour mettre en place un modèle de développement équilibré et durable. Un modèle qui consiste à travailler à augmenter les ressources naturelles sans les détruire, à contribuer au progrès social par la maîtrise de certaines catastrophes naturelles et à la valorisation des ressources de la nature.

Seule l’écologie politique offre une alternative crédible pour notre pays le Burkina Faso. L’écologie par son approche des problèmes de développement, la dimension morale et humaine de son combat, la spécificité de sa démarche et ses objectifs est sans aucun doute une voie salutaire pour notre peuple. Pour le cas spécifique du Burkina Faso, nous le précisons encore, la solution aux changements climatiques réside dans la lutte contre la pauvreté.

Il faudrait pour ce faire, œuvrer à une réduction sensible des coûts des hydrocarbures par la promotion d’énergies renouvelables telles que l’usage de l’énergie solaire dont nous sommes dotés gratuitement par la nature. La baisse sensible du coût des hydrocarbures au Mali voisin est due entre autres facteurs à une promotion accrue de l’énergie solaire. Le Burkina Faso peut également s’engager dans une politique de promotion à grande échelle de l’énergie solaire pour réduire la facture pétrolière et préserver ainsi notre environnement contre certaines nuisances comme la déforestation, la llution etc...

Nous osons espérer que cette prise de conscience de la communauté internationale est le début d’une ère nouvelle pour la sauvegarde de notre planète.

Ram Ouédraogo,
Président du RDEB

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique