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Résolution de la crise ivoirienne : Des vents favorables

Publié le mercredi 7 février 2007 à 08h28min

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Djibril Bassolé, Blaise Compaoré et Youssouf Ouédraogo

Après son succès dans la résolution de la crise togolaise, le président Blaise Compaoré, président en exercice de la CEDEAO, a pris son bâton de pèlerin en tant que facilitateur pour une sortie de crise en Côte d’Ivoire.

Le 5 février 2007 à Ouagadougou, la première phase du dialogue direct comme souhaité par le président Laurent Gbagbo, a débuté entre les protagonistes des Forces nouvelles et le camp présidentiel. Cette médiation de Blaise Compaoré repose sur un socle consensuel et une conjonction de faits favorables à une issue favorable.

La crise ivoirienne a trop duré et tout le monde est fatigué, après moult médiations infructueuses pour l’application effective des différents accords. Gbagbo lui-même est à bout de stratégies à force de jongler, de tourner toute la communauté internationale en dérision.

Une victoire de Blaise serait également celle du président ivoirien puisque c’est lui qui a donné sa confiance au nouveau président en exercice de la CEDEAO. Disposant d’une expertise confirmée après le dossier togolais, Blaise qui connaît bien les protagonistes ne refuserait pas le leadership sous-régional que lui conférerait le succès dans cette médiation. Passer du statut de faiseur de guerre à celui d’apôtre de paix, c’est là un défi qu’il entend aussi relever. Tout sera, on l’imagine, mis en oeuvre pour la paix des braves à Ouagadougou.

Les facteurs qui militent pour une réussite de la médiation sont plus importants aujourd’hui qu’il y a deux ou trois années. Les chances du nouveau médiateur résident aussi dans le fait que tous les acteurs peuvent, du fait de la proximité de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, se retrouver à chaque fois que de besoin, à Ouagadougou. La machine est par ailleurs très légère (il n’y a plus cette pléthore de chefs d’Etats) et le facilitateur très joignable, accessible par tous. Toutes choses qui contribueront à rassurer les différents camps moins astreints à de longs voyages loin de leur base.

Les Forces nouvelles savent que leur parrain supposé ou vrai pourrait les lâcher si elles font preuve de trop d’intransigeance et Gbagbo serait pris dans son propre "piège" parce que c’est "sa solution" qui est sur la table et il a trop longtemps rusé. Guillaume Soro qui a l’aval des autres formations politiques de l’opposition a conscience des attentes de tous ceux qui ont placé leur confiance en lui. Et puis, un travail énorme a sans doute été abattu avant le rendez-vous de Ouagadougou. Le téléphone rouge entre Ouagadougou et Abidjan a déjà probablement beaucoup fonctionné pour une sortie de crise.

L’heure est au face-à-face pour l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire et de la sous-région, après les échecs des accords de Marcoussis, d’Accra I et II. Mais prudence. Une chose est de signer des accords. Une autre est de les appliquer. Avec Laurent Gbagbo toujours prêt à la roublardise et au reniement de ses propres signatures, on ne peut jurer de rien.

La médiation du président burkinabè se déroule sur fond d’estimations divergentes relatives à l’identification des populations. Le camp Gbagbo estimant à deux cent mille personnes à identifier contre deux millions, côté Forces nouvelles.

En tout état de cause, les derniers propos de Pierre Schori , prudents et passablement optimistes, devraient rappeler à tous qu’un accord n’est jamais une fin en soi. Le plus important étant l’applicabilité des décisions prises. En cela, la mise sur pied d’une cellule de suivi/évaluation des accords, pourrait rappeler à chaque acteur le respect des engagements pris.

En attendant, la Côte d’Ivoire dont l’économie connaît une regression quasi-inégalée depuis septembre 2002, doit retrouver son unité. A entendre le Premier ministre, Charles Konan Banny, un Ivoirien sur trois ne mange plus à sa faim. Les services sociaux, les planteurs de café et de cacao, etc., sont de plus en plus touchés par la crise. Tout le monde le sait, tout le monde en souffre excepté peut-être certains éléments de la nomenklatura des deux camps.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 7 février 2007 à 20:05, par oscar En réponse à : > Résolution de la crise ivoirienne : Des vents favorables

    J’ai lu avec beaucoup d’intérêt cet article traitant de la crise sociopolitique que subit mon pays, la Côte d’Ivoire depuis septembre 2002. Je suis heureux que le président du Faso soit le facilitateur final(?) de cette crise car dirigeant un pays ayant des liens particuliers avec le nôtre, il est évident qu’il mettra tout en oeuvre pour que les principaux acteurs de la dite crise trouvent un accord acceptable à même de ramener la paix chez nous. Toutefois, je récuse avec force le passage du texte qui présente le président ivoirien comme un roublard car il s’agit d’une contrevérité colportée avec de grands moyens par les commanditaires de cette crise. Au demeurant, le président sudafricain, son excellence THABO M’BEKI, dans son rapport fait, en 2005, devant le conseil de sécurité de l’ONU, a clairement présenté son excellence LAURENT GBAGBO comme celui qui a entièrement fait tout ce qui lui a été demandé. Est-ce faire preuve de roubladise que de s’opposer à la suspension de la loi fondamentale de son pays ?

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