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Prévention des rebellions en Afrique : Les conférences nationales périodiques comme solution

Publié le mardi 6 février 2007 à 07h35min

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Des conférences nationales périodiques à mi-parcours des mandats des chefs d’Etat africains, comme solution à l’instabilité chronique sur le continent noir. De prime à bord, l’idée peut paraître saugrenue, inconcevable, voire choquante, au regard des multiples dérives que ces formes de tribunaux populaires ont entraînées par le passé, dans certains Etats africains.

Reste que bien conduites, il est des conférences nationales qui ont prouvé tout leur mérite, en termes de renaissance pour des pays qui avaient accepté d’emprunter les chemins rocailleux, mais salvateurs, de la catharsis.

C’est notamment le cas du Bénin. Parce qu’elles pourraient redresser la barre, dans des pays quasiment en perdition, ces conférences pourraient être hautement bénéfiques à leurs dirigeants. Des dirigeants qui, pour certains, pourraient être opposés à une telle idée.

Même pour ceux qui prétendraient n’y être pas foncièrement opposés, encore faudrait-il qu’ils se donnent suffisamment de courage de l’organiser. Tant il est vrai que l’exercice peut paraître difficile, voire périlleux pour des régimes qui en ont gros sur la conscience, qui ont beaucoup de choses à se reprocher. Ce genre d’exercice peut éviter au ciel de bien des Etats africains d’être lourd des frustrations et ressentiments qui annoncent le grand orage. C’est assurément là une garantie de stabilité. Mais il ne suffit pas de crever l’abcès. Encore faut-il qu’on mette en place un comité de suivi de tous les remèdes qu’on aura proposés.

Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour savoir ce qui engendre les rebellions et les coups de sang en Afrique. C’est connu : systèmes verrouillés de l’intérieur, occasionnant toute impossibilité de changement par les urnes, revendications jamais satisfaites, cris de détresse de populations face auxquels certains pouvoirs africains sont toujours restés sourds et indifférents.

Dans pareil cas, quelle autre alternative si ce n’est le recours aux armes ? Qu’en désespoir de cause, une soldatesque en vienne à faire entendre les bruits de bottes ou fasse tonner le canon, cela peut se comprendre. Mais que les mêmes insurgés prennent faits et causes pour ceux qu’ils pourfendaient naguère, rangeant totalement aux oubliettes les raisons pour lesquelles ils avaient pris les armes, et mettant apparemment fin aux critiques à l’endroit de ceux qu’ils ne voulaient même pas voir en peinture, voilà qui déroute !

Mais en cela, rien de surprenant, en réalité, puisque les espèces sonnantes et trébuchantes sont passées par là. Les cas récents des opposants tchadien et centrafricain, Mahamat Nour, du Front uni pour le changement (FUC), et Abdoulaye Meskine, montrent à souhait comment des rebelles qui ont pourtant dirigé leur canon contre un pouvoir, en sont venus à virer leur cuti, parce qu’ils ont mordu à l’hameçon de la compromission. Mahamat Nour et Abdoulaye Meskine se sont finalement rangés respectivement aux côtés de leurs anciens frères ennemis, les présidents Idriss Deby Itno et François Bozizé. Mais ces arrangements dans l’obscurité mettent-ils fin aux problèmes ? Ou bien étaient-ils tout simplement guidés par les intérêts personnels, ceux du ventre notamment ?

En tout cas, ce n’est pas en faisant taire, de cette façon, des maquisards, que les pouvoirs pourront mettre fin aux bruits de la canonnade. D’autant que s’ils sont capables de mettre certains rebelles dans leur poche, ils ne peuvent pas amadouer tout le monde. Car, si pour les uns, la lutte doit continuer, pour les autres, le refus de se rallier tient au fait que leurs pattes n’ont pas été graissées par le pouvoir. C’est dire que d’une façon ou d’une autre, il est difficile de satisfaire tous les insurgés. Ce qui n’est pas sans radicaliser certaines positions.

Les pouvoirs africains ne devraient pas se voiler la face : on ne met pas fin à une rébellion - on l’encourage plutôt- en déroulant le tapis rouge à un maquisard. On ne peut faire taire les armes en "enfeuillant" un rebelle.

Pour que la mayonnaise de la réconciliation prenne, encore faut-il que les conditions minimales de sécurité soient garanties pour permettre à ceux qui le souhaitent de rentrer sans peur au bercail, dans le cadre d’un dialogue national inclusif à même d’exorciser les démons de l’instabilité. En tout les cas, faire la paix avec un rebelle en l’arrosant de billets de banque ou en le faisant entrer au gouvernement ne saurait être une solution durable. Une telle vocation pourrait même susciter des vocations de maquisards.

"Le Pays"

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