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Procès des putschistes : Norbert Zongo, que de mal en son nom !

Publié le lundi 19 avril 2004 à 00h23min

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Au nom de Dieu, que de crimes commis en ce monde ? Nul ne saurait établir un bilan macabre de la barbarie qui le dispute au fanatisme, au terrorisme et autres croisades qui traduisent la bêtise humaine. Au nom de Norbert Zongo, que de prétextes et autres alibis pour s’auto-proclamer libérateurs, justiciers, défenseurs de ceci ou de cela ! Et pourtant, Norbert s’est distingué comme un homme respectueux des valeurs républicaines, même si ces dernières années, les politiciens avaient commencé à s’abriter sous son ombre. Ainsi, il était devenu leur objet, leur fétiche.

Ce que certains n’auraient jamais eu le courage de faire en son nom et de son vivant, aujourd’hui, ils osent le faire en se revendiquant de sa mémoire. Voilà qu’en son nom ce sont des biens publics et privés qui sont saccagés, des putschs fomentés. Et là se révèle en grandeur nature la vantardise de l’être humain. En son nom le Burkina est attaqué et sa mémoire salie par des néo-colons qui se distinguent tels des "tiers-mondains’’ d’un genre nouveau pour lesquels l’Afrique est la nouvelle mine d’or au nom de la défense de la démocratie et des droits humains.

Mais en vérité, ceux qui parlent en son nom, le font-ils vraiment par humanisme et pour la justice ? N’est-il pas le bouclier, l’étendard derrière lesquels se cachent des "revanchards’’ et autres "trublions’’ de la République ? Le procès des treize accusés de la dernière tentative de putsch est une preuve éloquente. Le bien nommé Ouali Luther Diapagri, le cerveau du complot, qui se veut l’"illuminé’’ du pont Kadiogo, s’est donné une âme de justicier, alors que ses déclarations le révèlent comme un revanchard rongé par la haine et le mépris d’une armée de laquelle il attendait tout et non pour laquelle il devait tout donner. Que dire de Babou Naon, celui-là qui a beaucoup de choses à se reprocher et qui promettait de faire sauter la République ? Ces deux pièces maîtresses de ce putsch manqué, en voulant transformer le procès en un jeu de pocker-menteur ont terni l’image de l’officier que la tradition veut de droiture et du soldat de dévouement.

C’est parce que les militaires accusés n’ont pas eu, pour les uns le sens de la droiture et pour les autres celui du dévouement que ce procès nous laisse sur notre faim. Tout n’a pas été dit, alors que tout devait être dit. Ils ont préféré le déshonneur dans le silence coupable que le repentir dans l’honneur et le respect du peuple burkinabè.

Désormais, dans ce pays tout justicier, qui en a l’âme, doit pouvoir mesurer sa force morale et l’identifier au combat qu’il veut mener, car on ne saurait défendre une cause tout en étant un mauvais modèle. C’est pourquoi, le verdict de ce procès a un double sens. Sanctionner toute tentative de conquête du pouvoir par les voies non-républicaines et aussi, condamner tous les faux justiciers qui ne savent que retourner le couteau dans les plaies, afin d’attiser les ressentiments et meurtrissures des familles victimes de la violence en politique.

Avec ce verdict proportionné, chacun mesure la hauteur d’esprit des magistrats commis à ce procès. Le droit a été dit sans ambages. Honte donc à tous ceux qui jettent l’opprobre sur la justice burkinabè, qui, une fois encore a fait la preuve de sa maturité et de son indépendance. En démocratie, force doit rester à la loi, garante de toutes les libertés. Espérons véritablement qu’avec ce jugement les "apprentis’’ putschistes en treillis et surtout les acteurs politiques mesurent désormais le danger qu’ils encourent à fomenter des putschs. Et pour paraphraser feu le président Félix Houphouët Boigny, nous osons dire que la démocratie on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdue. Faisons en sorte de ne pas la perdre. Notre histoire récente le prouve.
Enfin, c’est toute l’armée nationale qui doit tirer les leçons de ce procès. Le linge sale se lave en famille. Cette fois-ci, une partie du linge a été nettoyée devant toute la nation. Faisons en sorte que cet exercice apporte définitivement à la grande muette toute la cohésion, la discipline et l’esprit de corps qui fondent le socle indestructible de toute armée républicaine.

Michel OUEDRAOGO
Sidwaya

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