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Crise ivoirienne : Blaise Compaoré, le nouveau sapeur-pompier ?

Publié le vendredi 2 février 2007 à 07h57min

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Mais où est donc passé le président burkinabè ? Question sans intérêt ? Certainement pas, au regard de la dense activité internationale du chef de l’État burkinabè. Pour sentir qu’ils ont réellement un président, il va falloir aux Hommes intègres créer une crise à dimension supranationale car tout montre que les petites affaires (comme la transparence demandée à la CENI par l’opposition, la critique de la révision unilatérale du Code électoral par la majorité et bien d’autres sujets) ne font pas bouger l’enfant terrible de Ziniaré.

Ainsi, quelquefois, entre deux avions, quand il est de passage à Ouagadougou, il jette un coup d’œil rapide sur quelques dossiers du pays avant de fendre l’air vers les dossiers brûlants du continent. Sapeur-pompier africain, il est sollicité dans plusieurs coins du continent pour éteindre le feu.

C’est au nom de ce principe qu’il s’est penché sur le dossier togolais avec un certain succès. En effet, grâce à sa médiation, le processus démocratique togolais est de nouveau sur les rails, avec le gouvernement de transition que dirige le célèbre opposant à la famille Gnassingbé, maître Yaovi Agboyibo. Il ne reste plus qu’Israéliens et Palestiniens, ou encore gouvernement espagnol et ses Basques, aient recours à lui pour lui décerner la couronne mondiale. Mais enfin, les médailles qu’il porte sont déjà impressionnantes.

Depuis quelques jours maintenant, le « beau » Blaise s’est attaqué à un autre dossier corsé, celui de la Côte-d’Ivoire. Avec désormais sa double casquette de président en exercice de l’UEMOA et de la CEDEAO, c’est sur ses épaules que repose l’espoir des dirigeants et des populations de l’Afrique de l’Ouest pour le retour de la paix en Côte-d’Ivoire. Blaise Compaoré peut-il espérer rééditer le succès togolais ?

Le doute est permis, car le contexte et les acteurs sont différents.
À tort ou à raison, le chef de l’État burkinabè a été présenté comme l’homme qui tire les ficelles en Côte-d’Ivoire. Il a même été franchement accusé d’être la tête pensante de la rébellion armée.

Si l’un des griefs qui ont fait échouer le Sud-Africain Thabo Mbeki est d’être ami au président Laurent Gbagbo, qu’en sera-t-il d’un Blaise qui s’est invité par la force des choses dans cette bagarre ivoirienne ? En effet, les Burkinabè sont la communauté étrangère vivant en Côte-d’Ivoire à avoir payé le plus lourd tribut de la crise. Ce sont eux qui ont été tués et spoliés de leurs biens et subi une expulsion forcée qui ne dit pas son nom.

En outre, le président du Faso a été personnellement victime des accusations portées contre Ouagadougou. La villa privée du couple présidentiel burkinabè a été saccagée et littéralement pillée. C’était, semble-t-il, un message sans ambiguïté qui était adressé à l’enfant terrible de Ziniaré, comme pour dire « quitte dans ça ». Dans ces conditions, le chef de l’État peut-il se départir du sentiment légitime de manque de sympathie envers les autorités ivoiriennes ? Ce ne serait certainement pas aisé, car le sujet ivoirien est une question de passion au Faso, au point que certains leaders politiques sympathisants ont été présentés comme des apatrides.

Le chef de l’État burkinabè a beau être un fin diplomate, il sera tôt ou tard étiqueté. En cas de succès de la médiation, Blaise Compaoré pourrait être accusé d’avoir lâché les siens, c’est-à-dire Guillaume Soro et ses Forces nouvelles qui, quoi qu’on dise, étaient la principale force politique à partager les mêmes visions que le Ziniarus Zorro.

Si au contraire son initiative se soldait par un échec, le camp présidentiel ivoirien pourrait lui imputer l’entière responsabilité. Blaise Compaoré marche sur des charbons ardents. Tirer son épingle du jeu dans ce dossier relèverait d’un vrai miracle.

Adam Igor

Journal du jeudi

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