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Confédération paysanne : Le cri du coeur des semenciers

Publié le mardi 30 janvier 2007 à 07h43min

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La région des Hauts- Bassins a été la seconde étape de la mission de la Confédération paysanne dans l’Ouest du Pays. A cette étape, les échanges se sont focalisés, entre autres, sur la situation des semenciers du Burkina et sur les enjeux que représentent les cotisations des membres à la base pour leur organisation. C’était le 24 janvier 2007.

Après Dédougou dans la Boucle du Mouhoun, la ville de Bobo Dioulasso a accueilli la délégation de la Confédération paysanne du Faso (CPF) le 24 janvier 2007. Conduite par son président, Basiaka Dao, la CPF était en tournée nationale d’information et de sensibilisation de ses membres. Trois équipes ont sillonné les 13 régions du Burkina Faso, du 22 au 26 janvier 2007. L’objectif de cette tournée est, entre autres, d’informer les producteurs membres sur la vie de leur organisation et de recueillir les préoccupations des acteurs à la base.

A l’issue de la présentation de l’histoire du mouvement paysan burkinabè, les échanges se sont focalisés sur un problème soulevé par le producteur semencier Koulibaly. "On a des semences et personne n’arrive à nous les enlever. Pourtant, on voit l’Etat multiplier les fermes semencières. Pourquoi ?", a interrogé ce producteur. Cette question a soulevé une fois de plus le problème d’écoulement des produits agricoles dans notre pays et la nécessité pour les acteurs concernés d’y trouver eux-mêmes les solutions adaptées.

Le président Dao n’y est pas allé avec la langue de bois. Le premier constat qu’il a fait est qu’il y avait trop de semenciers. En effet, il existe depuis peu une union nationale des producteurs semenciers. S’il dit ne pas être contre la structuration du monde paysan, il y a, estime-t-il, quelque chose à faire cependant du côté de la stratégie d’accès au marché national.

Le semencier est un producteur spécialisé et tout le monde ne peut pas devenir spécialiste, au risque de précariser le métier. Il a suggéré aux producteurs semenciers de s’allier aux céréaliers et négocier des commandes fermes avant de s’investir dans la production. C’est le marché, selon Dao, qui doit guider le niveau de production. Dans la salle, des voix se sont élevées pour dénoncer le fait que certains fonctionnaires de l’Etat se transforment en semenciers, coupant ainsi l’herbe sous les pieds des paysans.

Appel à plus de solidarité

Le métier de multiplicateur de semences, faut-il le rappeler, a été encouragé par les décideurs politiques pour soutenir la production. Au début, les semenciers étaient peu nombreux et l’activité nourrissait bien son homme. Aujourd’hui, nombreux sont ces producteurs spécialisés qui ont des tonnes de semences sous les bras, invendues, du fait de la surproduction.

Le président de la CPF a eu la même réponse que pour le cas des céréales. Les producteurs ont estimé que le prix du sac de maïs était de 100 kg, qui est de 7500 F CFA, non-rémunérateur, et qu’à ce prix ils auraient du mal à assurer la scolarité de leur progéniture. Les débats ont porté sur l’urgence de trouver un mécanisme qui assure un "minimum garanti" de prix d’achat au producteur. Des propositions ont été faites dans le sens de mettre en commun les récoltes pour faire face aux commerçants. Mais, a averti le président, "il nous faudra être plus solidaires dans nos actes pour contrer les commerçants".

La mission de la CPF a également informé l’assistance de l’instauration d’une cotisation qui permettra à chaque producteur membre d’être détenteur d’une carte. Pour le président, une telle carte permettra de soutenir le fonctionnement de la CPF et, en retour, les membres pourront exiger de leurs responsables qu’ils leur rendent compte de leur gestion. Cotiser, c’est participer à la vie de sa structure, et cela confère au membre un droit de regard.

La mise en oeuvre de cette décision de l’assemblée générale de décembre 2006 va permettre à la CPF d’engranger environ une quarantaine de millions si l’on s’en tient au nombre de membres déclaré par les fédérations membres. Les cotonculteurs (UNPC) seraient au nombre de 300 mille, les professionnels agricoles (FEPAB) environ 200 mille et l’union nationale des producteurs de riz, environ mille.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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