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Sarko toujours à l’Intérieur : La France donne le mauvais exemple à l’Afrique

Publié le lundi 29 janvier 2007 à 07h42min

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Nicolas Sarkozy

En gardant le candidat-ministre Sarkozy à son poste, la France, cette vieille démocratie, tend à montrer aux princes d’Afrique la voie à suivre : à la veille des élections, on peut bien et sans-gêne ne pas tenir compte de principes aussi importants que ceux relatifs à la transparence, à l’égalité des chances et surtout à l’éthique.

Officiellement, en France, la campagne présidentielle n’a pas encore commencé. Mais c’est tout comme, les candidats ayant déjà embouché leurs trompettes. Nos confrères aussi s’y donnent à cœur joie, recueillant et diffusant au loin et à tous vents les moindres faits, propos et gestes. A quelques exceptions près, la droite hésite encore à sauver les formes. Elle semble même peu soucieuse de préserver l’image d’une démocratie qui voudrait toujours servir de référence.

Certes, toute la droite n’est pas en faveur du maintien à son poste du ministre Sarkozy. Mais même divisée, face à ses intérêts, la droite française oserait-elle vraiment chasser son tout- puissant ministre de l’Intérieur au risque de compromettre ses chances ? Sarkozy à son poste, l’UMP au pouvoir à Paris, cela ne suscite-t-il pas la suspicion ? Cela ne légitime-t-il pas ainsi les inquiétudes des autres candidats ? Ce maintien pourrait entacher une éventuelle victoire de M. Sarkozy aux prochaines présidentielles. En négligeant de sauver le parallélisme des formes, la droite française donne à croire que du respect de l’équité des chances, elle n’en a cure. Cela nous paraît amoral, indécent et antidémocratique.

Certes, le système français, si rôdé, diffère réellement de ceux en vigueur dans nos républiques bananières. Sans doute existe-t-il des limites dans la manipulation et la gestion des dossiers notamment ceux en rapport avec les élections. Il reste cependant qu’un ministre de l’Intérieur garde toujours la mainmise sur les réseaux d’influence que constituent les Renseignements généraux et les préfets placés sous son autorité. Et c’est là où le bât blesse ! Car, à tout moment, on peut fabriquer un vrai faux dossier, sortir un élément préjudiciable à l’adversaire, et tenter de manœuvrer dans les coulisses. Des exemples abondent en France et dans d’autres vieilles démocraties. Le cas Sarkozy mérite donc qu’on s’y attarde. En raison même de ses implications en Afrique.

En effet, de voir Sarko vissé dans son fauteuil de ministre de l’Intérieur jusqu’aux élections, gêne sérieusement. Cela ne laisse pas indifférent, les conséquences étant dommageables pour la démocratie africaine en gestation. Comment oublier que sur le continent des chefs d’Etat en exercice ont été écartés du pouvoir par la voie des urnes et de façon transparente ? Il faut éviter un retour en arrière. Or, les messages qui nous parviennent des bords de la Seine, sont en totale discordance avec les efforts quotidiens des démocrates africains face à des pouvoirs ogres, sans discernement et sans pitié. Le modèle UMP-Sarko célèbre l’abus d’autorité et l’utilisation éhontée du bien public à des fins personnelles. Il ne fausse pas que le jeu démocratique, il sacralise aussi la pérennité au pouvoir. L’Afrique, qui accouche d’expériences démocratiques plus douloureuses que la normale, n’a pas besoin de telles images.

L’exemple est d’autant plus inopportun que nos délégations se trouvent en conclave à Addis Abeba, siège de l’Union africaine (U.A.), à propos justement d’une Charte africaine de la démocratie. Celle-ci ambitionne de veiller au strict respect des principes de bonne gouvernance.

Mais, parce qu’elles se sont toujours abreuvées à la source des Champs-Elysées, gageons que nombre des dictatures africaines s’inspireront de ce mauvais exemple français si Sarkozy garde son poste. Elles peaufineront alors les méthodes déjà iniques que l’opinion africaine en transition et les observateurs internationaux leur connaissent bien : opacité des dossiers, manipulation des listes, fraudes en tous genres, corruption et clientélisme, pressions directes et indirectes, non conformité des isoloirs, absence des opposants et des observateurs indépendants, tripatouillage des procès-verbaux après ceux des constitutions, vols et viols des urnes, entre autres.

Que convient-il alors de faire ?

Il appartient à la société civile de mieux s’organiser et de combattre avec une plus grande détermination les errements des dirigeants du continent africain. Les résultats du forum social de Nairobi sont à cet égard dignes d’intérêt. Les militants panafricains du progrès social et de l’avènement d’Etats de droit démocratique, méritent un soutien sans équivoque des peuples africains.

Ils doivent également pouvoir compter sur l’appui de la coopération bilatérale et multilatérale. Les partenaires techniques et financiers, dont certains hésitent encore à sortir de leur réserve, doivent passer aux actes : faire pression sur les dirigeants sans scrupules, qui violent constamment les lois fondamentales de leurs pays de même que les droits humains. De vrais partenaires demeurent vigilants et se portent au secours de peuples qui agonisent sous leurs yeux sous le poids de dictatures corrompues et insatiables.

Dans cette perspective, nous attendons de la démocratie française, qu’elle parvienne rapidement à résoudre le dilemme Sarkozy : partir ou ne pas partir de son poste dans cette phase dite de pré-campagne.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 29 janvier 2007 à 09:40, par Francky En réponse à : > Sarko toujours à l’Intérieur : La France donne le mauvais exemple à l’Afrique

    Pourquoi diantre, devons nous tjrs nous referer à la France ? C’est quoi cette mentalité de looser ? En quoi la France donne une mauvaise lecon à l’Afrique ? Sommes nous obligé de re-editer ce qui ce passe làbas ? Pauvre Afrique,tjrs à se comporter comme un enfant qui a besoin d’avoir sa mère dans son champ de vision pour être rassuré. Pendant qu’on y ait, pourquoi nous ne crions pas "Vive la colonisation !!! vive le tutorat !!". On est "independant" mais c’est à peine si on n’a tjrs pas envie de demander à la France de revenir nous ........ Pauvre Afrique.

    • Le 30 janvier 2007 à 12:12 En réponse à : > Sarko toujours à l’Intérieur : La France donne le mauvais exemple à l’Afrique

      Excellente analyse que je partage totalement. Pourquoi s’en référer toujours à la France ? Laquelle d’ailleurs est comme on peut le constater en chute libre. Arretons nos gérémiades et affrontons la réalité. Arretons d’infantiliser les africains bon sang !!!!! La france n’a d’exemple à donner à personne et encore moins aux Africains.

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