L’opposition Burkina Faso/Congo est le match de tous les dangers. Les Diables rouges ont eu clairement un avertissement selon lequel ils n’ont plus que ce match pour se réconcilier avec leur public. Il faut savoir que les Brazzavillois sont entrés dans une colère noire suite à la défaite de leur équipe contre la Gambie.

Les supporters qui voulaient faire la peau à leur entraîneur avaient, à l’occasion, affiché leur intention de bouder le troisième match de leur équipe en signe de manifestation de leur mécontentement. Les autorités congolaises se sont vues obligées de réagir. Une vaste campagne médiatique a été ouverte depuis cette défaite dans l’optique de remobiliser les Congolais derrière leur équipe.

Mais le disque « nous avons perdu une bataille et non la guerre » joué à longueur de journée ne passait pas. Alors on a décidé de passer à la vitesse supérieure. : l’accès au stade sera gratuit. Depuis le lendemain de la défaite, la télévision n’arrête pas de lancer des messages de mobilisation. Des appels pressants sont lancés pour que « tous les orchestres de la ville, les tambours et les groupes d’animation se retrouvent au stade ».

Le Congo est en train de mettre tout en œuvre pour se donner des chances face aux Etalons. Pour l’anecdote, une source bien introduite a raconté que le plus grand « wackman » du pays a été appelé afin qu’il débarque avec « ses dieux et autres esprits ». Mais ce dernier aurait exigé que l’équipe vienne à lui et non le contraire. Toutes ces agitations sont signe d’une peur qui ne dit pas son nom. Les Etalons font peur à tout un pays. Du reste, un confrère congolais a avoué que le Burkina disposait de la meilleure équipe, techniquement parlant, du groupe A.

Les Etalons ont géré leur entre deux match de la même façon qu’après le premier tour. L’équipe a eu tout juste deux séances d’entraînement. Lors de la dernière séance, hier jeudi, tout le monde a croisé les doigts. La sélection n’a pas besoin d’une blessure. Amara Konaté, le Marseillais a commencé à trottiner ce jour-là. Martin D. Kafando, « gère toujours » pour reprendre l’expression du coach, sa cuisse douloureuse. Mais, il sera opérationnel. Entre- temps, un vent de frayeur s’installe au sein de la délégation. Issaka Ouédraogo est touché à la cheville. Le docteur accourt à son chevet.

Mais rien de grave. « Il pourra jouer », nous lance le docteur. La séance a été consacrée aux ateliers en situations offensives. On a beaucoup marqué, comme pour se donner l’envie le jour j. Le coach Diarra nous l’a dit clairement dit : « Dans ce dernier match, nous sommes condamnés à la victoire ». En fait, la situation est bien plus difficile. Le Burkina doit se qualifier au détriment du pays hôte. Le coach a toute la mesure de la situation : « Nous allons évoluer dans une situation d’hostilité. Tout un pays va se mettre derrière son équipe. L’atout des adversaires est énorme ».

Mais Sidiki Diarra pense aussi que la force de l’adversaire peut être, en fin de compte sa faiblesse. Effectivement, le public congolais est si versatile qu’il n’hésitera pas à se retourner contre son équipe au cas où les Etalons viendraient à mettre les Diables rouges juniors en danger. En plus, la volonté de gagner qui est sur toutes les lèvres des Congolais est une énorme pression sur l’équipe.

Pendant ce temps, les Etalons « sont tranquilles ». Selon Salif Dianda, le capitaine, « nous sommes concentrés sur notre sujet. Nous évitons d’écouter la rue ». Charles Kaboré de renchérir tout sourire : « Grand frère, nous lance-t-il, nous ne voulons pas rentrer à Ouagadougou sans un ticket pour le mondial ». Pour y parvenir, les Etalons devront braver une rude situation. Ce n’est pas pour rien que lors de la causette que le staff a eu hier matin avec l’équipe, il a été demandé aux Etalons de faire preuve de sang froid, d’éviter de céder à la provocation et la qualification sera possible.

Parlant de qualification, les Etalons ont trouvé des alliés de circonstance. On ne sait pourquoi, les Gambiens soutiennent le Burkina. L’un d’eux qui partage le même hôtel que nous a pronostiqué une victoire des Etalons (2-1) et une victoire de son équipe (2-0). Il promet même d’y travailler.

Jérémie NION,
envoyé spécial à Brazzaville

Sidwaya