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Guinée : la première dame au secours de son mari de président

Publié le mercredi 24 janvier 2007 à 07h34min

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L’acte est hautement significatif pour passer incognito. L’Afrique avait confiné ses premières dames dans le social et l’humanitaire. La politique, semble-t-il, est une chose trop sérieuse pour être laissée aux mains des dames fussent-elles premières dames. Dame Conté vient profaner une chasse gardée et surtout, en période de crise, en engageant un dialogue avec des manifestants.

En temps de paix, ce serait un acte banal, mais dans ce "cafouillage" indescriptible que connaît la Guinée de son mari, son acte s’il n’est pas de bravoure, ressemble bien en un baroud d’honneur.

Ne dit-on pas souvent que lorsque femme veut, elle peut ? Là où son mari de président a échoué, Dame Conté, auréolée de sa réputation de femme de poigne a cru pouvoir réussir. Au final, le résultat est identique : échec, double échec.

Peut-on en vouloir à une première dame de voler au secours de son président de mari en proie à de multiples difficultés politiques ? Non ! En Occident, les exemples de Hilary Clinton, Bernadette Chirac, Danielle Mitterrand... sont des références. Mais, ce que Dame Conté a royalement oublié, c’est qu’elle a contribué de manière directe ou indirecte à la cristallisation de la crise, par ses interventions maladroites dans la gestion du pouvoir d’Etat. Et dans ce cas, elle est plus perçue comme "acteur" que "médiateur".

La fin de règne peut libérer les énergies et les initiatives, même les plus osées. Certes, nous ne sommes pas dans le cas de figure en Guinée, mais ça y ressemble. Lassana Conté, malade, ne possède plus la force nécessaire pour gouverner un pays assoiffé de liberté et de démocratie. Et ce n’est pas une tentative isolée de la première dame qui viendrait à bout de la révolte populaire qui annoncerait une révolution démocratique.

Si Dame Conté veut sauver la face, remettre en selle son époux de président, elle doit imposer le silence des armes qui tuent des manifestants et l’arrêt de la répression sauvage qui commence à s’abattre sur les responsables syndicaux. La radicalisation n’est pas porteuse d’espoir. Même si par miracle, Conté se maintenait au pouvoir, le reste de son règne sera mouvementé et la froide dictature qui va s’installer définitivement n’augure pas de lendemains meilleurs.

Aujourd’hui, Dame Conté peut rentrer dans l’histoire par la grande porte. Pour ce faire, elle doit se mettre aux côtés du peuple guinéen, comme une mère qui veut éviter à ses enfants de se détruire et d’ouvrir largement la porte à un suicide collectif. Toute autre démarche la condamnerait, comme semble condamné, le pouvoir de son mari de président.

N’a-t-elle pas réussi à faire libérer les responsables syndicaux arrêtés ? A moins que cet activisme ne vise qu’à sauver sa tête. Ne dit-on pas que lorsque la pierre tombe du ciel, chacun protège sa tête ? Si telle est sa démarche, alors, elle la joue avec intelligence.

Michel OUEDRAOGO

Sidwaya

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