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Cinéma : l’Etalon de Yennega sujet d’une thèse de doctorat à l’université de Bordeaux

Publié le jeudi 22 février 2007 à 03h55min

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Stanislas Méda

« Le film africain face à la compétition : analyse des prix étalon de Yennega de 1972 à 2005 ». C’est le sujet de la thèse que Stanislas Méda, cadre du ministère de la culture et ancien Directeur de la cinématographie nationale (DCN) a brillamment soutenu le 15 décembre 2006 à l’université de Bordeaux sous la direction du Pr Annie Bart.

L’Afrique s’est engagée dans un processus de déconstruction de l’image que lui a attribuée l’Occident. À la place, elle propose un modèle panafricain : restituer les réalités africaines et celles de la diaspora noire ; créer un langage spécifique et accessible aux masses populaires. Mais faute de moyens pour réaliser cette ambition, le film africain végète depuis cinq décennies en marge des festivals internationaux, loin de son public originel, des préoccupations économiques et sociales du continent. C’est à partir de ce constat que M. Stanislas Méda a mené son travail de recherche sur le prix « Etalon de Yennega ».

Créé en 1972 par le FESPACO, l’Etalon de Yennega récompense le long métrage qui rend le mieux compte des réalités de l’Afrique et qui doit être remarquable par sa construction, ses qualités techniques ainsi que la maîtrise de sa distribution. Il a été décerné 17 fois entre 1972 et 2005.

Quelle image ces œuvres ont-elles donné de l’Afrique ? Comment est-elle perçue ? Quels réajustements faut-il faire à l’ère de la mondialisation et de la globalisation ? Voici les questions qui ont guidé Stanislas Méda dans sa thèse qui a passé en revue les dix-sept Étalons de Yennenga comprenant 15 films francophones et deux anglophones dont trois sont originaires d’Afrique du Nord, un du Sud, deux du Centre et treize d’Afrique de l’Ouest.

Bilan, dans leurs contenus, les intrigues de ces 17 œuvres primées se situent dans la période précoloniale, à l’époque coloniale ou après les indépendances. Ils se révèlent prioritairement comme des films d’éducation ou de réflexion et incitent rarement au rêve.

De son analyse, il ressort que les films primés présentent des caractéristiques communes : les uns dénoncent les tares culturelles africaines, véritables freins au développement ; certains stigmatisent l’action coloniale ou missionnaire, facteur inhibiteur des valeurs positives de l’Afrique ; les autres valorisent le passé glorieux d’une civilisation à jamais perdue avec la domination étrangère et l’acculturation. Ensuite, le langage de ces œuvres traduit la contestation des normes traditionnelles du cinéma et introduit des innovations liées au point d’écoute, au héros, au corps, à l’espace et au temps filmiques.

Quant au public du film africain, les enquêtes de terrain menées par le chercheur font révèlent qu’il a plutôt tendance à attribuer aux films une fonction d’éveil et de réflexion au détriment de l’action ou de l’évasion, cela en conformité avec les différents mots d’ordre édictés sur le rôle du cinéma africain. Mais, s’interroge l’auteur, n’est-il pas indiqué aujourd’hui de recentrer les enjeux vers un cinéma plus compétitif au plan local et mondial, en somme, de répondre à la nécessité d’intégrer l’Étalon de Yennenga dans une logique de mondialisation et de globalisation ?

Car, souligne-t-il, les Étalons de Yennenga sont quasiment exclus des marchés et des palmarès des grands festivals du cinéma mondial. Le réseau alternatif qui se met progressivement en place dans plusieurs métropoles européennes et nord-américaines pallie provisoirement l’absence du film africain sur la scène internationale. D’où l’urgence de mettre en place des politiques incitatives permettant de ramener le cinéma africain de la marge vers les centres d’intérêts des publics.

Cyriaque Paré

P.-S.

Lire aussi :
FESPACO 2007

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