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Décès de l’abbé Pierre : Le monde perd un humaniste, les laissés-pour compte, un protecteur

Publié le mardi 23 janvier 2007 à 07h39min

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Le fondateur du mouvement "Emmaüs International", l’abbé Pierre, s’est éteint dans la matinée du lundi 22 janvier 2007 à Paris dans sa 94e année. Avec la disparition de l’une des personnalités les plus populaires de France (dix sept fois homme de l’année) et des plus emblématiques de l’humanitaire, les pauvres et les misérables du monde entier ont perdu un porte-parole, un défenseur.

Henri Grouès, plus connu sous le nom de Abbé Pierre a traqué la pauvreté et la misère jusqu’à son dernier souffle aux premières heures de la matinée, 5h 25mn, lundi 22 janvier 2007 à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce. Le fondateur du mouvement Emmaüs, affectueusement appelé défenseur des pauvres a tiré sa révérence à 94 ans après avoir fait des émules aux quatre coins du monde dans son combat pour porter secours aux couches vulnérables. Né le 5 août 1912 à Lyon, le prêtre Jésuite a marqué l’humanité par sa lutte pour un monde plus juste, plus solidaire, plus généreux.

L’abbé Pierre a traîné sa silhouette à travers le monde, pour assister et défendre les pauvres et les misérables. "C’est en devenant sauveur des autres que l’on se sauve soi-même", a-t-il affirmé en novembre 1949 à la création de son mouvement. Figure charismatique de la scène sociale française, il a été de sur tous les fronts pour assurer le bien- être de l’homme. Résistant sous la seconde guerre mondiale (1939-1945), député de Meurthe-et-Moselle de 1945 à 1951, le mouvement Emmaüs naît de sa rencontre avec Georges, un ancien prisonnier désespéré. L’abbé lui propose de "l’aider à l’aider".

L’odyssée humaine contre la misère commence. Le prélat à la barbe parcourt la France tout entière, pour plaider la cause des pauvres et des exclus de la société. Son premier combat vise à résoudre la pénurie de logement aux lendemains de la seconde guerre mondiale. En novembre 1954, l’abbé Pierre lance sur Radio Luxembourg son célèbre appel : "Mes amis, au secours". Ce cri de détresse en faveur des couches défavorisées déclenche "une insurrection de bonté." Plusieurs associations se créent dans le monde et adhèrent aux idéaux de son mouvement.

L’abbé Pierre voyage de pays en pays pour éveiller les consciences. Il anime des conférences, organise des colloques, participe à des émissions, écrit et dédicace des œuvres. "Le bon samaritain" rencontre le scientifique Albert Einstein, le Marocain Mohamed V, le Tibetain Dalaï Lama, le président américain Eisenhower, l’Indien Nehru... pour être le porte- parole des misérables et des pauvres. "Si nous ne sommes pas capables de demander à la jeunesse, pour la guerre contre la misère, autant de sacrifices et d’héroïsme s’il le faut, que nous lui avons demandés pour la guerre contre la tyrannie, alors ce n’est pas la peine de demander tant de sacrifices car la victoire de la justice ne serait bientôt plus que maribonde", écrit-il dans la dédicace du livre "Les Chiffonniers d’Emmaüs" de Boris Simon qu’il remet au président Einsenhower.

Il a créé l’Institut de recherche et d’action contre la misère du monde (IRAMM) devenu Institut de recherche et d’application des méthodes de développement. Il invite les 38000 maires de France à nouer des partenariats de "jumelage-coopération" avec d’autres villes du monde.

Le mouvement Emmaüs prône la promotion du travail pour libérer le monde de ses miserables. Et son fondateur n’hésite pas à prendre son bâton de pèlerin pour prêcher l’homélie du bon samaritain à l’humanité : la charité. En voyage en Amérique du sud, le combattant de la pauvreté fait naufrage à bord du "Ciudad de Asuncion".

Annoncé comme mort, il reçoit dès qu’est connue sa survie, des demandes pressantes pour la préparation d’un lien international entre tous les groupes Emmaüs. Ainsi naît en 1963, "Emmaüs international" . C’est cette organisation dont le Burkinabé Koudbi Koala, président de l’Association "Beneb-noma" est le vice-président, qui fédère les énergies des associations membres et coordonne les actions du mouvement au plan mondial.

A son initiative, l’assemblée générale mondiale du mouvement a lieu en novembre 2003 à Ouagadougou. De nombreux Burkinabè ont été frappés par la ténacité du viel abbé à venir à bout de l’injustice, de la pauvreté et de la misère. Malgré son âge très avancé, il a toujours refusé de plier l’échine dans son combat.

Sur son fauteuil roulant, le nonagenaire a arpenté les artères de Ouagadougou avec ses compagnons lors de la "marche contre la misère". Rien n’entache la détermination de ce "recidiviste de l’amour". Après avoir échappé à l’armée du Reich en 1944 et au naufrage en 1963, sa fougue n’a rien pu devant le destin le plus sûr de l’homme : la mort. Comme mère Térésa, l’abbé a semé "la graine de l’humanisme" toute sa vie . Et elle a germé sur tous les continents pour l’amour du prochain.

Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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