Le point sur le partenariat Afrique de l’Ouest - UE, la réforme institutionnelle de la BCEAO entérinée et Blaise Compaoré qui prend la présidence en exercice de la conférence de l’UEMOA,... tels sont les quelques points focaux de la 11e session ordinaire de la conférence des premiers responsables étatiques de l’Union.

Certes, la désignation du gouverneur de la BCEAO et du président de la BOAD étaient les sujets qui passionnaient, car il est vrai que ce sont des sujets querellés entre les Etats. Mais il est aussi vrai que ce 11e jamboree des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA avaient également d’autres problématiques importantes à examiner. Normal puisque l’UEMOA est devenue "mature après 12 ans d’existence" selon le nouveau président en exercice, Blaise Compaoré.

Concrètement, il s’est agi pour les chefs d’Etat de radioscoper l’adolescente, au regard de la feuille de route, adressée au président de la Commission de l’UEMOA, le Malien Soumaïla Cissé, reconduit d’ailleurs à son poste (lire : les brèves des sommets). En outre le point sur la libre circulation des personnes et des biens, la liberté de résidence, le droit d’établissement, le prélèvement communautaire, la finalisation du programme économique régional, les résultats des audits comptables et organisationnels, l’accès des populations aux crédits bancaires... ont fait l’objet d’examen. Selon le président sortant de l’UEMOA, le Nigérien Mahamadou Tandja, la libre circulation des personnes dans l’Union s’est améliorée. Ce qui est en partie vrai. Même si les tracasseries policières demeurent des réalités. Exemple : la route Bamako-Dakar s’avère un tronçon où ces pratiques sont encore très criardes selon des témoignages de nombreux usagers. Autre acquis, l’élaboration du programme économique régional, avec la Table ronde des bailleurs de fonds tenue à Dakar les 2 et 3 novembre 2006.

Enfin, foi de Tandja, l’ouverture de la Banque régionale de solidarité (BRS) avec ses nombreux guichets sous-régionaux constitue une esquisse de solutions aux taux d’intérêt élevés des crédits auxquels doivent faire face les revenus faibles. Seuls bémols, selon le chef de l’Etat nigérien, à toute cette embellie, l’ouverture de la BRS, avec un capital de "24 milliards en deçà des attentes, car les conditions d’accès au crédit ne sont pas en totale adéquation avec les objectifs fixés". Dit autrement, les conditions d’accès à ces crédits ressemblent à celles des banques classiques. Et "Les couches faibles ne sont pas encore satisfaites", a martelé Tandja, car, a-t-il ajouté, ceux qui sont exclus du système bancaire traditionnel butent toujours à la BRS contre les taux d’intérêt élevés. La solution, selon lui, réside dans l’augmentation du capital de la BRS, initiative contenue dans la lettre de mission adressée aux responsables concernés en mai 2006.

Les crises en Côte d’Ivoire et en Guinée, la flambée de l’or noir sont également des préoccupations pour l’Union et en constituent des points noirs. Enfin, en ce qui concerne les deux sujets sur lesquels se sont cristallisés les commentaires officieux et sans doute officiels, cette 11e session, serait, selon certains, un demi-échec, car l’unanimité a été la chose la moins partagée pour trouver les remplaçants de Charles Konan Banny et de Boni Yayi (voir les brèves des sommets). En effet, beaucoup pronostiquaient que ce sommet mettrait un terme à ce qui commence à devenir d’interminables intérims. Finalement donc, le Malien Issa Coulibaly et le Burkinabè Damo Baro joueront les prolongations, le premier à la tête de la BOAD, le second à la BCEAO, en attendant la 12e session des chefs d’Etat et de gouvernement, prévue à Ouaga courant 2007.

Les brèves des 2 sommets

• Kuffuor est arrivé par la route

C’est le Ghanéen John Kuffuor qui a été le premier, dès le 18 janvier au soir (18h), à fouler le sol ouagalais. Normal puisque le "gentil Giant" est venu par la route. Les 10 autres sont arrivés par air : Boni Yayi vers 18h, l’Ivoirien Gbagbo à 19h 45, suivi du Nigérien. Le Togolais et le Malien sont arrivés le matin du 19 janvier aux environs de 9 heures.

Ellen Serleaf pour le pouvoir au féminin

La Présidente libérienne, dans son adresse à ses pairs, a prôné la féminisation du pouvoir suprême. Seule femme chef d’Etat de la sous-région et étant à son premier sommet de la CEDEAO, elle a insisté qu’on doit œuvrer pour que les femmes montent au sommet des Etats. Pourquoi pas, Excellency, cela est déjà une réalité en Allemagne, au Chili, et le sera peut-être demain en France et aux USA.

Pourquoi Banny trônait à côté de Gbagbo

Lors de ces 2 sommets, Charles Konan Banny était assis à côté du Président Laurent Gbagbo, donc au même niveau que les chefs d’Etat. Explication : le cas de la Côte d’Ivoire est particulier, Banny a été nommé PM par la Communauté internationale, et il faut qu’il soit aux côtés des présidents pour donner certaines explications sur son pays.

Le fauteuil sur lequel Banny était assis était néanmoins plus petit que celui de Gbagbo... Un chef d’Etat reste chef d’Etat.

Ça coinçait au sujet de la BCEAO et de la BOAD

Si le statu quo au niveau des postes de gouverneur de la BCEAO et de président de la BOAD a été maintenu, c’est qu’on a beaucoup palabré sur le sujet. Ainsi à la BCEAO, la Côte d’Ivoire tenait coûte que coûte à conserver ce poste. Le Burkina était aussi candidat. De même que le Niger qui ne veut plus entendre parler de la Côte d’Ivoire à ce poste.

Et comme il n’y avait pas d’entente, le Burkinabè Blaise Compaoré aurait dit : "Donnez alors le poste au Burkina". Réplique de Tandja : "Mais vous avez la présidence de la CEDEAO, de l’UEMOA, le siège de l’UEMOA... Si vous prenez la BCEAO, vous aurez tout... Qu’est-ce que je vais aller dire aux Nigériens ?".

Il est vrai que Tandja repart à Niamey sans ses casquettes de président de la CEDEAO et de l’UEMOA qui ont échu à Blaise Compaoré. Quant à la présidence de la BOAD, le Sénégal la voulait, le Bénin également, d’où le maintien d’Issa Coulibaly.

Les retards de Gbagbo

Le 19 janvier, l’ouverture des travaux du 31e sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO était prévu pour 9 heures. Auparavant, les présidents voulaient consacrer 1 heure à un projet : l’Autorité du Bassin de la Volta. L’Ivoirien et le Malien étaient aux abonnés absents à l’heure fixée. Le protocole a dû se résigner à laisser tomber et à ouvrir le sommet de la CEDEAO.

Après plusieurs appels à l’hôtel Libya, le Malien viendra avant le début de la cérémonie. Ce qui n’a pas été le cas de l’Ivoirien, qui dormait encore, répondait-on. Jusqu’à 11h 15 et lorsque Gbagbo entrait dans la salle, on entonnait l’hymne de la CEDEAO ; les choses avaient commencé. Même retard de Gbagbo à l’ouverture du sommet de l’UEMOA. Aucune explication n’a filtré sur les raisons de ces retards.

UEMOA : Christophe Dabiré remplace Korsaga

A cette réunion de l’UEMOA, on a renouvelé les commissaires. Entre autres changements : le Burkinabè Christophe Dabiré, actuel député à l’A.N., prend la place de Frédéric Korsaga. De même, le Togolais Tchani s’en va, ou encore le Béninois Daoussou Félix.

Bye Bye Olesegun

C’est en principe le dernier sommet du chef de l’Etat nigérian Olesegun Obasanjo. A l’occasion, un hommage appuyé lui a été rendu, surtout sur insistance du président de la commission de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas.

La prudence de la Guinéenne Sidibé

A la fin du sommet de la CEDEAO, au cours duquel la crise en Guinée-Conakry a été un des sujets majeurs des échanges, nous avons voulu avoir une interview de la ministre des Affaires étrangères de ce pays, Mme Sidibé. Refus sec de cette dernière et son homologue burkinabè Youssouf Ouédraogo, qui était assis à ses côtés, de lui venir à la rescousse en affirmant : "Pour le moment, elle ne peut parler, elle n’a pas toutes les données sur la situation...".

Wade et Olesegun, bientôt à Conakry

Les présidents sénégalais et nigérian pourraient s’ils ont l’accord de leur collègue Lansana Conté, se rendre très bientôt à Conakry pour rencontrer les acteurs de la crise guinéenne. En rappel, une grève générale paralyse ce pays depuis le 10 janvier dernier.

Huis clos après un huis clos

Après la clôture des travaux de la CEDEAO, les présidents ATT, Compaoré, Yayi, Tandja et Wade sont encore restés dans la salle du huis clos, pendant près d’une heure. Se concertaient-ils pour les débats qui s’annonçaient houleux pour le lendemain ?

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga