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BCEAO : Damo Justin Barro va-t-il transformer l’essai ?

Publié le vendredi 19 janvier 2007 à 06h28min

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Justin Damo Baro

Cette fois-ci est vraisemblablement la bonne. Bis repetita pour les grands argentiers des pays de l’espace UEMOA, qui se sont réunis, hier à la BCEAO, agence principale de Ouaga, pour baliser le terrain pour leurs patrons de chefs d’Etat.

On se souvient qu’ils s’étaient rassemblés le 20 décembre dernier, pour les mêmes raisons, qui n’ont pas abouti pour cause de mutinerie militaire.

Jean-Baptiste Compaoré, le ministre des Finances et du Budget du Burkina Faso et président en exercice du Conseil des ministres de l’UEMOA a d’emblée exprimé les regrets du gouvernement burkinabè pour "les désagréments entraînés par les incidents malheureux entre forces de défense et de sécurité qui ont amené les plus hautes autorités à reporter..." le grand raout des chefs d’Etat et de gouvernement.

Et comme à l’accoutumée, avant l’entame de l’ordre du jour proprement dit, les journalistes ont été priés de sortir de la salle, située au 9e étage de l’immeuble. Place au huis clos.

Un conclave qui a planché sur le principal plat de résistance : la 11e session ordinaire des conférences des chefs d’Etat et de gouvernement, de l’UEMOA, qui se tiennent en marge de celle de la CEDEAO.

En fait, les ministres ont fait l’état des lieux de l’UEMOA, en particulier de la santé économique des 8 pays (lire Encadré), peaufiné le rapport du président du Conseil des ministres et celui sur les directives et orientations de la 10e session des chefs d’Etat, tenue à Niamey en mars 2006.

Autres points abordés, la revue du projet d’acte additionnel instituant une nouvelle période transitoire de financement de la Chambre consulaire régionale et les difficultés d’application de la convention portant création de la BSIC. Il a été également question de l’audit organisationnel de la BCEAO.

Mais on s’en doute, chacun a les yeux rivés sur ce qu’on peut appeler les "dossiers du dossier" de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement : notamment les postes de gouverneur de la BCEAO et de président de la BOAD.

Pour la BOAD, c’est connu, le Dr Boni Yayi, qui en était le patron, a été élu président du Bénin en mars 2006. Pour le remplacer, plusieurs candidats se bousculent au portillon, dont le Sénégalais M. Kane, actuel patron de la BNP-Afrique ; le nom du vice-gouverneur pour l’Afrique du FMI, le Béninois Bio Tchané Abdoulaye, a également été évoqué par Dame Rumeur. Mais c’est aux chefs d’Etat seuls de décider.

Pratiquement, la situation est quasi identique à la BCEAO, où depuis le départ de Charles Konan Banny, l’intérim est assuré par le Burkinabè Damo Justin Barro.

Au départ de Banny, il revenait normalement aux ministres de désigner un gouverneur, mais comme l’unanimité (exigée en pareil cas) n’a pas été obtenue sur un nom, la patate chaude a été refilée aux chefs d’Etat, qui devront trancher dans le vif.

Un arbitrage qui ne sera pas facile, au regard des multiples candidatures déclarées et non déclarées : il y a d’abord Ali Gamatié le Nigérien, actuel vice-gouverneur de la BCEAO, qui est candidat à ce poste ; on cite aussi l’Ivoirien Paul Bohoun Bouabré, qui lorgne également le fauteuil de gouverneur de la "Banque des banques".

En effet, la Côte d’Ivoire, qui n’a jamais fait mystère de son désir de conserver le gouvernorat, évoque épisodiquement un accord qui stipule que ce poste lui échoit toujours et ceux des vice-gouverneurs au Niger et au Burkina.

En réalité, ce texte n’existe nulle part ; il s’agit par contre d’un accord tacite entre les pays, et même on a souvent évoqué une sorte de rotation en ce qui concerne ce poste. A ce sujet, lire l’interview du Gouverneur par intérim, Justin Damo Barro, parue dans l’Observateur du 12 janvier 2005.

Il serait même question, selon certains, d’un "deal" ficelé entre le Bénin, le Mali et la Côte d’Ivoire pour que le gouvernorat reste ivoirien. En échange, le Bénin pourrait obtenir... la BOAD.

Enfin, ce n’est plus un secret, le Burkina est candidat et il se pourrait qu’on confirme Damo Justin Barro à son poste d’intérimaire. D’autres susurrent une solution transitoire, à savoir l’élire pour une année en attendant de voir venir... En un mot comme en cent, Damo Justin Barro peut transformer l’essai.

Comme on le voit, les sujets qui fâchent ne manqueront pas demain entre les chefs d’Etat, pourvu que la sagesse, la lucidité et le pragmatisme prévalent ; c’est l’intégration qui en sortirait gagnante.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana


Santé économique des 8 pays, selon la "Banque des banques"

Le rapport de conjoncture économique dans les pays de l’UEMOA, publié par la BCEAO pour le 3e trimestre de 2006, donne quelques indications sur la santé des Etats membres. On y lit que "selon les dernières estimations, le taux de progression du produit intérieur brut de l’Union s’établirait à 3,3%, en repli par rapport au taux de 4% enregistré en 2005".

Donnant les performances de chacun des 8 pays, ce rapport note que le Sénégal est en recul avec un taux de PIB de 3,3% par rapport à 5,5% en 2005. Le Bénin enregistre un progrès : passant de 2,90% à 4,1% entre les deux périodes. Le PIB du Burkina décroît en 2006 (5,6%) comparé à 2005 (7,1%). Idem pour le Mali dont le PIB qui était de 6,1% en 2005 est tombé à 5% en 2006.

Le Niger également n’est pas bien loti puisqu’il passe entre les deux années de 7% à 3,5%. Le Togo sous perfusion économique, conséquence du sevrage de l’aide de l’Union européenne pendant dix ans, a pu néanmoins passer de 0,8% de croissance en 2005 à 3,1% en 2006.

La lanterne rouge est détenue par la Guinée-Bissau qui, en dépit de son entrée dans la zone CFA, n’a jamais pu afficher des chiffres positifs sur deux années consécutives.

Zowenmanogo Zoungrana

Observateur Paalga

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