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Sarkozy intronisé par l’UMP : Le pari est gagné, reste à réaliser le rêve

Publié le lundi 15 janvier 2007 à 07h39min

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Nicolas Sarkozy

Paul Sarkozy de Nagy-Bosca, aristocrate hongrois émigré en France, aurait dit, selon la légende, à ses trois fils : "Jamais, dans ce pays, un Sarkozy ne sera président de la République. Pour cela, il faut aller aux USA". Un de ses rejetons, Nicolas, est-il en passe de faire mentir son géniteur ?

Après en tout cas une semaine sabbatique entre Noèl et le jour de l’an, en compagnie de Cecilia (son épouse) à Davos où il devrait retourner cette semaine pour le Forum économique mondial, Nicolas Sarkozy a été investi hier 14 janvier, porte de Versailles -là même où, il y a 30 ans, Chirac portait le RPR sur les fonts baptismaux- candidat de l’UMP à l’élection présidentielle d’avril prochain à plus de 69% des voix. Un sacre qui le rapproche un tout petit peu de l’Elysée.

Une investiture sur fond de division, ce qui, à vrai dire, n’est pas un événement, vu le cheminement du "petit Nicolas" pour arriver à ce stade politique. Déjà en 1983, il passait outre l’opposition de Jacques Chirac et se présentait à Neuilly où il fut élu deputé-maire, en battant Pasqua. "Mon problème, raille-t-il, c’est que j’ai une tête de candidat à tout". De Neuilly, Sarko grimpera les marches du pouvoir, à coup de "bagarres". Ministre à plusieurs reprises, il est, selon les connaisseurs de la politique hexagonale, le "double de Chirac" en plus jeune : même endurance à toute épreuve, un brin populiste, même boulimie du pouvoir...", certains diront que Nicolas est un avatar de Chirac. Secrétaire général, depuis 1998, du RPR, l’ancêtre de l’UMP, il en deviendra le président en novembre 2004.

Une accession qui, croyait-il, lui ouvrirait les portes de Matignon, une primature qu’il a cherchée pendant des années et qui lui avait toujours échappé, par la volonté de Chirac. En accaparant cet instrument électoral et tous ses moyens, l’actuel ministre de l’Intérieur, qui a d’ailleurs démissionné lors de l’adoubement pour laisser la place à François Baroin, sait désormais que les chiraquiens ne lui feront plus de cadeau. Et c’est presque sans trop d’effort qu’il est l’unique candidat umpiste à cette course à la magistrature suprême.

De ce fait, Alain Juppé s’est rallié aux Sarkozistes, idem pour Alliot-Marie et Douste Blazy. Seuls Chirac et quelques fidèles, dont Dominique de Villepin, ne dessèrent pas les dents face à cet ersatz des pro-Sarkozy. Et ils ont de bons motifs, surtout le président sortant, d’en vouloir au chef de l’UMP. En effet, c’est moins le fait de "penser à l’Elysée chaque matin en se rasant" qui horripile Chirac au sujet de Sarkozy, que toutes les casseroles que traine le président et dont Sarko serait à la base. Notamment l’affaire des HLM de la région parisienne, des emplois fictifs du RPR, ce qui suscitera l’ire de Chirac en ces termes : "Il a dépassé la ligne jaune... Je ne suis pas un type rancunier... mais là il en fait trop, il me cherche des poux dans la tête, lance le fisc à mes trousses et arrose les journaux de dossiers contre moi" (1).

Sans doute, les chiraquiens ont-ils en partie raison, car dans le cas de l’affaire des HLM de Paris, c’est Sarkozy alors ministre du Budget qui a "divulgué" l’histoire (2). En effet, après le bouclage du rapport sur la Société d’application et de revêtement (SAR) dont Francis Poullain est le PDG, Sarkozy avait deux possibilités : ou bien faire un arragement avec le groupe SAR, ou bien en saisir le parquet qui ouvrirait alors une information judiciaire. La seconde solution fut adoptée. Une option qui a pourri, on l’aura constaté, tout le premier septennat de Chirac.

A toutes ces "affaires pendantes", qui continuent à empoisonner le chef de l’Etat, s’ajoute la "trahison" de l’ex-Balladurien qu’est Sarkozy. Une trahison qui n’est pas sans rappeler celle de Giscard par Chirac himself qui n’était pas à sa première trahison, et c’est bien connu, le bourreau a peur du gourdin. On le voit, à 100 jours de ce vote capital pour la France, il y a trop de haines recuites et d’amertume rancies au fond des gorges dans la chapelle UMP. Une UMP dont la césure est visible comme le nez sur le visage. Chiraquiens et Sarkoziens s’affronteront en effet, avec comme enjeu le sort du candidat Sarko à la présidentielle d’avril 2007.

Dans cette perspective, le candidat Sarkozy peut-il gagner ce scrutin ? Question facile, réponse difficile, dans une élection aussi ouverte que celle-ci. Le candidat "presque naturel" de l’UMP aura d’abord à ratisser large au sein de son parti, or il y a comme une sorte de résistants indécrottables, qui grenouillent pour que cette présidentielle accouche de Tout sauf Sarkozy (TSS). A commencer par les Villepenistes dont le premier d’entre eux, l’actuel PM, ne se gêneront pas de multiplier des "clearstream".

"Sarko va être consacré par un parti unique, en tant que candidat unique, avec une pensée unique. Il croit que c’est sa force, alors que c’est sa faiblesse", lâchait, il y a quelques jours, Villepin en petit comité. Rien d’étonnant dans le comportement de cet amoureux du poète Blaise Cendrars, qui ne peut admettre d’être coiffé au poteau par son rival de toujours.

En plus de ces adversaires de l’intérieur, le nouvel investi doit également batailler contre sa rivale officielle du PS : la Royal Ségolène. Certes, elle n’est pas certaine de rallier la France traditionnaliste et les "royalistes" du pays, mais la chouchou des médias, "l’image" et la "fabrication" du marketing politique, peut ramener les ambitions de Sarkozy à néant. Pour peu que tous les socialistes mettent la main dans le cambouis, y compris les éléphants du parti. Trois astrologues n’ont-ils pas prédit sa victoire face à Sarko ? (3)

Si l’on ajoute à cette grande candidate les "petits présidentiables, tels François Bayrou qui "pense à l’Elysée toute la journée et même la nuit", Nicolas Hulot, et d’autres, le boulevard vers le château n’est pas encore totalement balisé.

Mieux, le père du RPR, donc de l’UMP, Jacques Chirac, ne s’est pas encore prononcé définitivement et entend se "poser en rassembleur" dans ce scrutin ; surtout, le vieux briscard de la politique brandit l’épouvantail d’une hypothétique candidature à cette élection. Même si pour beaucoup, y compris les chiraquiens, personne ne croit plus à un ultime baroud d’honneur de l’infatigable Corrézien.

Mais comme avec Chirac "La politique est une affaire de surprise et de secret..." Et comme également un vieux lion, même sans crinière, peut toujours faire mal, Sarko a intérêt à s’en méfier et surtout à éviter les attaques frontales, telle celle du 14 juillet 2005, lorsqu’il a comparé Chirac à "Louis XVI en train de jouer au serrurier pendant que la révolte gronde".

C’est donc une élection à multiples inconnues, où rien n’est joué, d’aucuns estimant même qu’un second 21 avril peut être réédité, même si Jean-Marie Lepen, patron du Front national, peine à récolter les 500 signatures, "véritable galère" selon ses propos.

En vérité, tout a commencé, pour Sarko, à ce congrès et le plus dur reste à venir pour celui qui ne craint ni les avanies, ni les haines, car pour lui "Il n’y a pas de destin sans haine". En tout cas, il vient de tenir son pari, reste à réaliser son "rêve de jeunesse" (4).

L’Observateur Paalga

Notes : 1. in La Tragédie du président de Franz-Olivier Giesbert

2. Le canard enchaîné du 14/9/94

3. Libération du 29/12/2006

4. in Témoignage de Nicolas Sarkozy

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