LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Adama FOFANA, Grand Officier de l’Ordre National

Publié le lundi 15 janvier 2007 à 07h45min

PARTAGER :                          

Elevé à la dignité de Grand Officier de l’Ordre National le 11 décembre dernier, le Ministre Adama FOFANA nous a reçu pour un entretien que nous vous proposons ci-après.
Nous l’avons rencontré pour un entretien ouvert afin de mieux appréhender l’étendue et la dimension de son parcours riche d’étapes et de péripéties mais toujours jalonné de la marque du satisfecit pour mission bien accomplie.

Quel sens donnez-vous à votre élévation à la dignité de Grand Officier de l’Ordre National. Mais avant tout propos à quoi correspond cette distinction ?

Adama FOFANA : Dans les Ordres nationaux, vous avez plusieurs niveaux de distinctions. Il y a le niveau de Chevalier de l’Ordre national, celui d’Officier de l’Ordre national et en troisième lieu celui de Commandeur de l’Ordre national.

Jusqu’à Commandeur, il s’agit de grades auxquels on peut accéder suivant un certain nombre de règles fixées par la Grande chancellerie. Cela fonctionne comme dans les différents corps de la Fonction publique où vous devez remplir des conditions de moralité et d’ancienneté avant d’être distingué en tout premier lieu.

Puis après avoir séjourné pendant un certain nombre d’années dans chacun de ces corps on peut mériter d’être porté au grade supérieur si le conseil de l’Ordre vous juge méritant. C’est ainsi donc que les Ordres nationaux fonctionnent depuis le grade de Chevalier jusqu’à celui de Commandeur. Mais après Commandeur vous avez le niveau de Grand Officier qui lui-même est coiffé par le stade terminal de Grand Croix.

A ce niveau, il n’y a pas de droit d’accès lié à des critères formels. Il s’agit pour le Grand maître des Ordres Nationaux qu’est le Président du Faso, de distinguer à partir de son propre jugement tout Burkinabé qu’il juge digne de cette décoration pour son dévouement à l’Etat ou à la Nation. C’est pour cela que la formule consacrée consiste à dire : « vous êtes élevé à la dignité de Grand Officier ou éventuellement de Grand Croix ». La Grande Chancellerie peut expliquer encore mieux tous les contours des Ordres Nationaux.

Mais pour ce qui me concerne, je veux juste saisir l’occasion de cet entretien avec vous pour exprimer ma profonde reconnaissance au Chef de l’Etat, en utilisant une expression qui traduit le mieux ma satisfaction : « c’est un véritable destin, moi un fils de famille comme n’importe quel Burkinabé, par sa volonté, le Chef de l’Etat a fait de moi un fils de la Nation ». C’est donc à travers cette expression que je veux exprimer ma reconnaissance à l’endroit du Chef de l’Etat et bien sûr dire aussi ma reconnaissance à l’ensemble des composantes de la communauté nationale au nom desquelles le président en tant que garant des institutions républicaines agit.

Comment la jeune génération peut elle s’identifier à vous ?

C’est toujours prétentieux de vouloir donner des leçons. C’est toujours gênant de se considérer comme une référence, un élément de mesure pour les autres. Mais je veux dire, s’il m’est permis d’émettre un jugement ou de formuler quelques conseils, que nous venons tous au monde chacun avec un talent. Chaque individu sait bien faire quelque chose et il faut avoir la chance et la volonté de prendre conscience de ce talent. Il faut saisir toute occasion qui permet de déclencher cette prise de conscience pour faire valoir votre talent dans tous les domaines d’activités. Quel que soit ce que vous faites, si vous le faites sérieusement croyez bien qu’au bout il y a toutes les chances de se faire distinguer.

Dans mon parcours j’ai eu beaucoup de chance. Lorsque quelqu’un ou quelque chose a été à la base de votre chance rendez grâce à la personne ou à Dieu quand c’est un événement. En ce qui me concerne je garderai toujours en mémoire, mon premier maître d’école primaire en 1954 à Dédougou. C’était M. Henri SIDIBE, qui n’est plus de ce monde mais qui a été le déclic de ma chance dans ma vie.
A travers M. Henri SIDIBE, je pense à l’ensemble du corps enseignant, tout particulièrement à M. le Directeur Eugène KONDE (le père de la Députée Suzanne COULIBALY), à M. Georges OUALI, le père de l’ancien maire de Gaoua (Armand OUALI), à M. Moumouni OUEDRAOGO mon maître à Ouahigouya.

Les enseignants sont généralement les premiers artisans des succès qu’on remporte dans la vie. Après, tout au long de la vie vous aurez des gens qui vont vous aiguillonner par leur exigence à obtenir de vous un travail bien fait. En plus de la chance, il y a soi-même et ses propres prédispositions à vouloir aller de l’avant. Des camarades d’écoles avec lesquels j’ai fait le parcours, il en existe à Ouagadougou. S’ils ont un jour l’occasion de parler de moi, croyez bien qu’ils reconnaîtront que j’étais un élève ou un étudiant appliqué.

Je crois m’être toujours adonné aux études et au travail avec la pleine capacité de mon engagement. Cela entraîne des choix. Il faut être rigoureux dans le travail, avec soi-même et vis-à-vis des autres. Les résultats que vous atteignez dans le travail ne peuvent que refléter la qualité de l’organisation que vous avez mise en place et quand les résultats sont au rendez-vous il faut apprendre aux autres qu’ils ne sont pas le fruit du seul leader mais de l’ensemble du groupe.
Le meilleur conseil, c’est de toujours faire en sorte que son travail devienne comme une religion.

Pour terminer, je vais vous dire qu’il y a dans ce pays des hommes qui passent pour l’instant discrètement dans la mémoire collective, mais qui peuvent constituer des repères. Je veux citer quelqu’un comme Marc Garango qui a pu redresser les finances de notre pays dans un contexte qui était très difficile dans les années 1966. Du reste il a continué à servir l’Etat jusqu’à une époque récente de manière remarquable.

Il y a d’autres hommes toujours vivants auxquels je pense et qui sont autant valeureux comme Bamina Georges NEBIE, Charles Bila KABORE, Seydou KONATE, Michel KAFANDO...J’en oublie certainement mais ce sont des hommes de référence qui peuvent inspirer notre jeunesse. Vous savez il y a une structure que nous avons créée qui s’appelle la « Petite Académie » qui va gérer notre mémoire collective, notre patrimoine historique culturel, administratif, institutionnel etc.. . on peut y trouver des éléments pour reconnaître nos grands hommes ; tous ceux qui ont pu donner par leur abnégation de la valeur à ce pays.
Pour ma part j’ai toujours été guidé par l’idée du service public.

Vous savez le service public, est défini comme un produit du droit mais ce n’est pas la somme des intérêts particuliers de chaque Burkinabé. C’est le lieu commun où l’intérêt général doit pouvoir être satisfait. Chaque fois que nous nous trouvons dans la position de pouvoir protéger cet intérêt général, nous devons nous y consacrer du mieux que nous pouvons. Dans ses manifestations, il vise tout ce qui peut garantir l’égalité de tous, la continuité du service et la neutralité de l’Administration.

Pouvez-vous évoquer l’événement qui vous a le plus marqué en 2006 ?

L’année 2006 se termine de façon si explosive, à l’occasion de ce que l’actualité nationale nous a donné de voir les 20 et 21 décembre à Ouagadougou, qu’on risquerait, si on ne mesure pas son jugement, d’oublier tout le reste de l’année. Je considère en tant que membre du gouvernement l’année 2006 comme une année très importante dans la marche de l’Etat, car c’est la première année du premier quinquennat du Chef de l’Etat. Cette année a vu la mise en ordre d’abord mais aussi la mise en chantier de l’ensemble des éléments du programme présenté lors de la campagne électorale de 2005 et pour lequel le président a été élu à plus de 80%.

Je pense que cela constitue une grande raison d’enthousiasme pour se mettre au travail et pour retenir cette année 2006 comme une année capitale pour le succès de ce premier quinquennat. Je considère comme relevant d’un incident, les évènements des 20 et 21 décembre que personne par ailleurs, n’aurait pu imaginer, prédire ou prévoir. Un incident qu’il faut avoir la sagesse de ne pas exagérer dans sa manifestation.

Pour cela je peux même dire qu’aujourd’hui, (ce jugement n’engage que ma personne) les protagonistes eux-mêmes doivent être très gênés. Gênés parce qu’à froid, ils doivent se dire qu’ils auraient pu se retenir et gérer autrement leur mécontentement. Dieu merci, le calme est revenu.
En effet il faut féliciter la capacité d’écoute et de recul qui caractérise le président du Faso car des réactions abruptes et spontanées auraient produit d’autres effets que nous regretterions aujourd’hui, si sur le vif des évènements il avait fallu opposer aux protestataires une autre force.

Mieux, les décisions de report de grands évènements fixés dans ces périodes (la rencontre avec les jeunes, les réunions internationales et d’autres manifestations) ont été des mesures vraiment salutaires qui témoignent d’un sang froid et d’une volonté réelle d’appeler au calme ceux qui s’étaient laissés aller, hélas à des sentiments incontrôlés.

Si vous deviez élire l’homme de l’année à qui penseriez-vous ?

Permettez-moi de jouer sur une symbolique ; l’homme de l’année pour moi c’est « le citoyen burkinabé ». Parce que nous nous sommes toujours distingués en tant que citoyen par une réelle volonté de faire avancer ce pays. Par le développement de l’esprit de citoyenneté, l’acceptation de l’autre et l’idée que tout seul on n’est rien et on ne peut rien et qu’il faut se rassembler autour de certaines valeurs.

Des valeurs d’honnêteté, d’intégrité, de courage, de travail... c’est cette réponse que je voulais donner à votre question en me disant que nous ne devons pas nous décourager devant certains moments d’interrogations ou de doute car c’est tout à fait normal. La vie et l’action sont continuellement confrontées au doute mais le doute est toujours positif parce qu’il s’agit de formuler des interrogations pour se demander comment franchir une étape.

Vos attentes pour 2007.

De la façon dont 2006 s’est terminé nous avons ouvert 2007 avec beaucoup d’inquiétudes. Mais comme je le disais, il est souhaitable qu’on n’exagère pas les effets de ces évènements, même si cela nous amène à exprimer un besoin puissant de paix. Sans la paix rien n’est possible : aller et venir, travailler, construire, investir, nourrir, éduquer, etc ; ce qu’il faut donc avant toute chose c’est la paix. Notre pays s’est inscrit dans la dynamique de la paix depuis longtemps avec l’action du président Blaise COMPAORE. Il nous faut maintenir le cap dans cette direction.

Je disais que l’homme de l’année 2006 c’est le citoyen burkinabé. Je voudrais regarder vers ce citoyen-là afin qu’il continue de rester le maître du jeu en 2007 et que son rôle ne se limite pas à mettre un bulletin dans l’urne mais continue à être une exigence de vérité dans ses rapports avec les élus. Une fois l’élection terminée il ne faut pas oublier qu’il y a un contrat moral entre l’élu et les citoyens électeurs. Voilà les deux souhaits pour 2007 : Paix et élections correctes pour 2007.

Propos retranscrits par Daouda SAWADOGO

L’Opinion

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 mars 2007 à 10:58, par Le Gonze En réponse à : > Adama FOFANA, Grand Officier de l’Ordre National

    Maintenant, la messe semble être dite, et le vase bien plein... Aux portes du "don intégral de soi" se trouve la nouvelle génération, tout aussi combattante, mais faconnée aux réalités de son temps !

    Merci pour tout, monsieur le Ministre.

  • Le 17 juin 2009 à 23:48, par ramatou FOFANA En réponse à : Adama FOFANA, Grand Officier de l’Ordre National

    Merci a vous pour ce grand honneur. Dieu nous benisse et nous garde tous

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique