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Détérioration des termes de l’échange : Cotonculteurs et sociétés cotonnières se serrent les coudes

Publié le lundi 15 janvier 2007 à 07h12min

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Les acteurs de la filière coton du Burkina Faso, sous l’égide de l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) ont convié la presse et des personnalités du monde économique, le 12 janvier 2007, à une rencontre à Ouagadougou où il a été question de faire la lumière sur l’ampleur de la crise qui secoue le secteur de l’or blanc.

Au Burkina Faso, la filière coton est en crise. Une crise financière qui a conduit, ces deux dernières années, à une réduction du prix d’achat final payé au producteur. De 210 en 2005 à 175 F CFA en 2006, ce prix du kilogramme (kg) de coton acheté auprès du producteur est tombé à 165 F CFA pour la campagne 2006-2007.

L’élément le plus illustratif de la crise est que les producteurs n’ont encore rien reçu des ventes de leur production de la présente campagne.
Cette situation est une première au Burkina Faso ! “Elle afflige des conséquences dramatiques sur les moyens d’existence, sur l’accès aux services, sur l’offre céréalière, sur la réduction de la pauvreté,... sur le développement du pays...” a indiqué François Traoré de l’Union nationale des producteur de coton du Burkina (UNPCB). L’or blanc fait vivre plus de 2 000 000 de Burkinabè.

Au-delà des producteurs de coton, d’autres agents économiques nationaux subissent de plein fouet la “baisse drastique” du prix du coton. Il s’agit entre autres, des vendeurs de cycles, de boissons, de matériaux de construction, des pétroliers, des transporteurs etc. Tous ceux-ci profitent d’une manière ou d’une autre de la culture du coton. Les sociétés cotonnières, face aux difficultés actuelles, ont ajourné leurs investissements.

Cela se traduit concrètement par une baisse de 37% des investissements dans l’agro-industrie du pays pour l’année 2006... Si le coton va mal, c’est tout le pays qui en pâtit. Au cours de cette dernière décennie, le coton a contribué en moyenne à 30%, à la formation du Produit intérieur brut (PIB) agricole. Il procure plus des 60% des recettes en devises
du pays.

Les raisons d’un malaise

La filière cotonnière du Burkina est confrontée à un environnement hostile.
Les subventions accordés aux producteurs des pays développés, la concurrence de la fibre synthétique, (qui représente de nos jours, 60% de la consommation totale de textile contre 30% dans les années 1950), l’évolution défavorable du taux de change euro/dollar et donc, franc CFA/dollar du fait de la parité fixe.

A cela, s’ajoute le double effet des progrès techniques (vulgarisation de variétés plus adaptées, introduction et développement des cultures biotechnologiques). Jonas Bayoulou de la SOFITEX a expliqué que “ces évolutions structurelles conjuguées à la forte volatilité des cours et de la parité défavorable de l’euro par rapport au dollar ont induit des prix de réalisation des plus bas depuis la dévaluation du F CFA”.

Le déficit cumulé pour la filière cotonnière du Burkina Faso pour les campagnes 2004/2005 et 2005/2006 est estimé à environ 40 milliards de F CFA. Au plan macro-économique, il y a un manque à gagner dans l’assiette fiscale au profit de l’Etat. Pire, la crise a fait baisser le taux de croissance du Burkina Faso de près de 0,7% par rapport à l’année 2005.

En organisant la rencontre, le vendredi 12 janvier 2006, les sociétés cotonnières et les associations de producteurs de coton ont voulu tirer la sonnette d’alarme.

Pour sortir de la crise

Les producteurs de coton, face à la crise, ne sont pas restés les bras croisés. Outre le soutien de l’Etat, la filière essaie de s’adapter à la conjoncture actuelle. Et cela se traduit par la recapitalisation des sociétés cotonnières.

Le capital de la SOFITEX est passé de 4,4 milliards de F CFA à plus de 38,8 milliards de F CFA. La SOCOMA et Faso Coton pourraient, dans les jours à venir, lui emboîter le pas. Une autre mesure de sortie de crise est la réduction des charges de production.

Sans occulter la lutte contre les subventions accordées aux producteurs des pays développés et toutes les formes de distorsions du marché, les acteurs de la filière coton misent sur une amélioration de la compétitivité. Il est prévu à cet effet, la diversification horizontale des productions agricoles à travers une introduction d’autres cultures, (des légumineuses, des oléagineuses) pour sécuriser les revenus des ménages de cotonculteurs et couvrir les besoins des populations. La culture du tournesol débouchera sur la production
du biocarburant.

L’objectif à l’horizon 2010 est de porter la productivité du coton à1 500 kg/ha. Pour y arriver, il va falloir restaurer la fertilité physique des sols et vulgariser la culture du coton OGM. La disponibilité, l’accessibilité et l’amélioration de la qualité des intrants agricoles constituent également des conditions à remplir pour faire face
à la crise.

C’est une lutte de longue haleine qui nécessité une mobilisation générale ont-ils dit en substence. Les associations de cotoncultures et les sociétés cotonnières en sont conscients.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

Sidwaya

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