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Réforme de la justice : Les avocats se mettent au diapason

Publié le jeudi 11 janvier 2007 à 00h00min

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Me Barthélémy Kéré, ancien Bâtonier du Burkina

L’on a coutume de dire que « l’avocat est le défenseur de la veuve et de l’orphelin ». Mais cette affirmation a été battue en brèche par le comportement peu honorable de certains membres du corps des avocats, il y a de cela une vingtaine d’années.

L’opinion se souvient en effet de l’histoire de la veuve qui avait été spoliée par son avocat et de celle d’un handicapé qui n’avait pas les moyens de vivre dont l’avocat avait « dealé » les indemnités d’assurance. Les exemples sont légion.

La presse à l’époque en avait fait ses choux gras et les indélicats avaient été traduits devant le conseil de discipline de l’Ordre des avocats qui, dans un premier temps, les avait radiés du corps. Car cette sanction « extrême » fut ramenée à une simple suspension par la Cour d’appel de Ouagadougou suite à l’appel interjeté par les « coupables » qui, après avoir purgé leurs sanctions, ont continué à exercer allègrement leur profession.

Sans doute parce que les sanctions étaient légères, l’on a continué à connaître des indélicatesses dans le milieu près de dix ans après cet épisode.

« Les gens avaient de nouveau perdu l’habitude du conseil de discipline et certains ont poursuivi dans le détournement des indemnités et de créances recouvrées des personnes qui avaient eu confiance en eux en leur demandant de défendre leurs dossiers... », confie un ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, cette structure chargée de réglementer la profession.

« Des avocats ont eu effectivement à percevoir des indemnités de leurs clients et ont juré par tous les dieux que l’assureur ne les avait pas encore payés pendant près de deux ans...Nous avions parfois un peu honte de nous présenter comme avocat... », poursuit l’ancien bâtonnier.
C’est parce que le conseil de discipline a manqué de fermeté dès les premiers manquements constatés que ces avocats ont continué à spolier leurs clients, croyant qu’ils ne seraient jamais punis.

Et pour redonner confiance à l’opinion qui, face à toutes ces indélicatesses, n’accordait plus du crédit au corps, l’Ordre « a frappé ». Les avocats indélicats ont été radiés pour l’exemple. L’opinion a salué cette décision courageuse, et au sein-même du corps, l’impact de la décision a été ressenti comme un avertissement. « Les confrères ont compris que les choses ne seront plus comme avant. Ils ont compris que désormais tout manquement va être sanctionné... », relève notre ancien bâtonnier.

Celui-ci estime d’ailleurs qu’il faut travailler à éviter de sanctionner et plutôt trouver les voies et moyens pour accompagner les avocats dans l’exercice de leur fonction.
La mise en place donc de la Caisse autonome des règlements pécuniaires des avocats (CARPA) participe de cela. Elle permet à l’avocat qui a à manipuler l’argent de ses clients dans l’exercice de son métier de ne pas être soumis à une tentation quelconque.

Avec cet instrument, l’avocat n’est plus habilité à encaisser directement l’argent de son client. Le chèque est émis au nom de la CARPA qui est chargée de payer le client, mais sur instruction de l’avocat. Pour ses honoraires, l’avocat est tenu de présenter à la CARPA une autorisation de son client attestant que « l’avocat et le client » sont tombés d’accord sur le montant des honoraires à verser. Une donne qui évite au défenseur de « la veuve et de l’orphelin » de tomber dans les travers qu’ont connus certains d’entre eux.

Aujourd’hui, le corps des avocats a redoré son blason grâce à l’assainissement que la CARPA a permis d’opérer. Outre cet aspect, la CARPA permet également à l’Ordre des avocats d’apporter une assistance judiciaire à ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir un avocat.

La mauvaise image que l’opinion a de l’avocat s’est donc quelque peu estompée depuis quelques années avec la mise en place de la CARPA mais aussi sans nul doute avec « l’esprit nouveau » qui anime tout le corps. Et cela, ce sont les justiciables qui y gagnent.

Etienne NASSA

Sidwaya

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