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Championnat national de football : Un retard lourd de conséquences

Publié le jeudi 11 janvier 2007 à 07h02min

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Prévu pour démarrer officiellement le 23 décembre 2006, le championnat national de football a été reporté à une date ultérieure sans aucune précision. Au niveau de la Fédération burkinabè de football (FBF), c’est le mutisme total ou, du moins, on ne veut pas s’exprimer sur cette question.

Mais, nous avons approché les clubs où les premiers responsables apprécient diversement cette situation, tout en exprimant leurs inquiétude, désolation et impuissance. De façon générale, c’est un retard lourd de conséquences pour les clubs.

Adama Yaméogo, président de l’ASEC-K : "Un retard lourd de conséquences"

" Le retard du démarrage du championnat est une chose qui ne laisse aucun sportif indifférent quand on sait l’enjeu que représente le championnat .Le championnat devrait débuter le 23 décembre 2006 si on s’en tient aux informations que nous avons reçues de la Fédération burkinabè de football. Ainsi du 23 décembre à nos jours, cela fait déjà un écart important en terme d’activités sportives.

Le retard nous avait été justifié par le manque de moyens lors d’une rencontre que nous avons eue avec la Fédération. La date qui avait été arrêtée, était le début du mois de janvier 2007, mais jusque-là, nous n’avons pas reçu une information nous permettant de nous situer exactement sur l’ouverture de la saison sportive 2006-2007.

Ce retard n’est pas sans conséquences pour mon équipe parce que le budget que nous avions prévu connaît déjà une augmentation considérable sur le plan salarial des entraîneurs, des gardiens et aussi du matériel d’entraînement. Nous avons par exemple les chaussures des joueurs qu’il faut doubler, parce que le temps d’entraînement est plus long que prévu, l’électricité, la restauration des joueurs, etc. sont autant d’éléments dont le nombre va crescendo.

Sur le physique des joueurs, je peux dire que ce retard est plutôt bénéfique pour les jeunes joueurs, parce qu’ils ont plus du temps pour se préparer et se maintenir en forme ; contrairement aux anciens qui ont les jambes plus lourdes au regard de leur âge.

Comme solutions à préconiser, j’avoue que je n’ai pas d’éléments de solution exacte à donner. Cependant, mon voeu le plus cher est que le championnat puisse démarrer le plus tôt possible et mieux dans ce mois de janvier, afin que nous puissions maîtriser plus ou moins la gestion de nos équipes.

Nouhoun Coulibaly, president de l’USCO : "Le retard est ennuyeux"

"C’est sûr que ce n’est pas facile dans la mesure où d’habitude à l’USCO nous avons un programme avec les joueurs. Nous attendions le début du championnat en décembre mais aux dernières nouvelles, nous constatons qu’il a été reporté. C’est ennuyeux. Nous avons les joueurs sous la main et il faut s’en occuper. La conjoncture aidant, notre situation s’en trouve aggravée. Nous espérons qu’une solution sera trouvée surtout que présentement il n’ y a de l’argent nulle part.

Ce retard joue beaucoup sur le programme que les entraîneurs avaient établi avec les joueurs. Ceux-ci devaient être fin prêts à un moment donné. Voilà que nous volons de report en report et le championnat risque de démarrer à un moment où les joueurs auront baissé les bras.

Je profite de cette occasion pour remercier le ministre des Sports pour le soutien qu’il nous a apporté en décembre à Bobo Dioulasso, et lui dire que nous comptons sur lui pour que le championnat saison 2006 - 2007 démarre dans les jours qui suivent. J’interpelle également tous les fils et toutes les filles de la région sur le sort de l’USCO."

Malick Akimbi, président de Bobo sports : "Ça nous permet de mieux nous préparer"

"Nous savons tous que le retard de démarrage du championnat national est imputable au manque de financement. Nous ne mettons pas cela sur le compte d’un seul individu ; la responsabilité est générale. Le ministre des Sports a promis de tout mettre en oeuvre pour que les compétitions puissent débuter en ce mois de janvier.

Je dois avouer qu’au niveau de Bobo sports, ce retard nous est favorable en ce sens qu’il nous laisse davantage de temps pour mieux nous préparer. Il reste entendu que si le championnat avait débuté à la période indiquée, nous aurions pu mouiller le maillot comme on le dit, mais nous mettons à profit ce retard pour mieux préparer l’équipe. Nous avons déjà réalisé une prouesse à l’issue de la saison dernière, en nous hissant en première division.

Pour la saison qui va bientôt démarrer, nous avons donc pour objectif premier, de nous maintenir en D1. Et pour cela, nous sommes confiants d’autant plus que nous avons d’excellents joueurs qui ne sont certes pas des professionnels, mais de talentueux joueurs que nous avons acquis de Koudougou, de Jeunesse sports de Bobo, de Maya, de KIKO FC, etc. Et comme je l’ai dit, nous allons profiter du retard de démarrage pour faire les dernières retouches au sein de Bobo sports".

Adama Tapsoba, président du RCB : "Ça nous déconcentre"

"Nous n’avons pas reçu d’explications précises par rapport au retard de démarrage du championnat de cette année, mais nous pensons qu’en temps opportun, on nous dira pourquoi ça a traîné. C’est un peu dommage parce que ça nous déconcentre. On l’avait annoncé pour une date bien précise et nous nous étions préparés par rapport à cette échéance. C’est dire donc que ce retard joue énormément sur les préparatifs et déconcentre l’équipe.

Au RCB, nous étions fin prêts pour amorcer les compétitions à la date prévue et nous sommes présentement déboussolés et obligés de suivre le pas des autres. Nous avons hâte de regagner les stades, avec comme premier objectif d’être dans le peloton de tête. Nous estimons que nous sommes une équipe comme les autres, et nous ne craignons personne dans ce championnat.

Nous avons comme principales chances la jeunesse de nos joueurs et la cohésion de l’équipe. Nous avons acquis du sang neuf et avec l’appui de l’encadrement technique nous verrons ce que ça va donner."

Basile Paré : président de l’ASFB : "Ça bouleverse le planning initial"

"Je voudrais d’abord présenter mes voeux les meilleurs pour l’année 2007, au ministère des Sports, à la FBF, aux dirigeants et acteurs des différents clubs, aux supporters et à tous les fans du ballon rond, afin que l’année nouvelle soit pour tous, une année de fair-play et de relance du football national.

Pour ce qui est du démarrage du championnat national de D1, je crois que les choses vont rentrer dans l’ordre avant la fin du mois de janvier. Il paraîtrait que ces ajournements répétés sont liés à des difficultés sur le plan financier, suite à la suspension du sponsoring du championnat par la MABUCIG. Le démarrage des compétitions ne va pas nous surprendre d’autant plus qu’il est toujours précédé de l’assemblée générale de la FBF.

Nous attendons d’abord d’être convoqués par la FBF. En tout état de cause, il faut reconnaître que la gestion de ce retard n’est pas du tout aisée pour les différents clubs. D’autant plus que cela bouleverse forcément leur planning initial. Par exemple, pour un club qui a fait venir des joueurs depuis le mois d’octobre pour un championnat prévu pour le mois de novembre, comment arrivera-t-il à gérer ces derniers si le championnat traîne jusqu’en janvier ?

A l’ASFB, on ne peut pas dire que ce retard nous arrange, puisqu’il est toujours mieux pour un club de connaître la date précise du début d’un championnat auquel il doit prendre part. La situation à Bobo est particulièrement criarde et caractérisée par un manque de moyens. La conséquence en est que chaque année, on a un club de la ville qui descend en D2 ou qui joue un match de barrage".

Lieutenant-colonel Abdoul Karim Traoré, président de la section football de l’USFA : "Nous vivons un peu mal cette situation"

"J’étais à Yaoundé au Cameroun pour la Coupe d’Afrique des nations militaire de football et dans mon entendement, le championnat national devait débuter le 16 décembre 2006. Nous nous préparions en conséquence, lorsqu’il nous a été dit que le championnat est reporté au 6 janvier 2007, et nous avons appris qu’il est reporté une fois de plus à une date ultérieure.

Pour mieux apprécier cette situation, il faut connaître les causes profondes de ces différents reports. Il est vrai que c’est un problème financier mais je ne sais pas où se trouve le blocage. En tant que club, nous vivons un peu mal cette situation parce que techniquement cela emmerde les entraîneurs qui ne savent pas exactement quel programme d’entraînement appliquer. Vous mettez les joueurs à dépenser beaucoup d’énergie et en matière de récupération, ce n’est pas évident si on étale ça pendant trois mois.

Les joueurs risquent de commencer le championnat fatigués, épuisés et, financièrement, nous sommes en train de faire des dépenses qui vont grever notre budget. Nous dépensons comme si nous étions dans un championnat qui, lui, risque de prendre trois mois de plus que ce qui était prévu et cela conduit à des dépenses extra budgétaires.

Psychologiquement, l’attente est aussi difficile pour les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants. Au sujet de solutions, je ne suis pas la personne indiquée pour faire des propositions, parce que je n’ai pas encore été associé à une réunion pour connaître les causes profondes de ce manque financier".

Amado Traoré, président du RCK : "Nous subissons des préjudices"

"Nous ne pouvons pas expliquer cette situation. Mais à notre niveau, nous avons réuni les jeunes depuis le mois d’octobre pour les différentes étapes de préparation, afin d’arrêter une liste de joueurs pour la nouvelle saison. Des anciens, seulement 4 à 5 ont été retenus (ils sont d’ailleurs en partance pour des tests à l’étranger), parce que notre politique est de bâtir une équipe solide d’ici 2 à 3 ans avec des jeunes.

La situation actuelle nous pénalise énormément parce que nous attendons tous mais nous constatons que c’est un problème financier qui fait que le championnat tarde à démarrer. Dans ces conditions, nous subissons tous des préjudices mais je pense surtout à l’ASFA-Y et à l’EFO engagées en compétitions africaines. Ces équipes vont y aller avec quelques difficultés face à des adversaires qui ont des matchs en jambes.

Financièrement, c’est une situation difficile pour tous les clubs, parce que cela fait d’autres dépenses surtout quand on ne connaît pas la date de démarrage du championnat. Il faut reconnaître que les dirigeants de la FBF font d’énormes efforts mais nous devons tous nous pencher sur le financement de notre football et trouver des solutions définitives, et ne plus chercher à improviser. Sur ce sujet, je dis que c’est un manque de volonté politique sinon comment comprendre que le Burkina ne puisse pas commencer son championnat."

Colonel Félix Tiemtarboum, président de l’USO : "L’inactivité coûte cher"

"L’USO a repris ses entraînements depuis 4 mois dans l’espoir que le championnat va débuter, avec l’ouverture de la saison mais nous voici au début du mois de janvier et toujours rien. Cela crée des problèmes au niveau des clubs, parce que l’inactivité coûte cher.

4 mois d’entraînement sans objectif bien défini nous coûtent énormément, parce qu’il faut prendre en charge les joueurs comme si nous étions en compétition et cela nous fait dépenser à perte. Je comprends que la Fédération ait des problèmes mais cela est encore pire pour les clubs. Nous espérons que ce sera pour bientôt, sinon les joueurs sont fatigués de s’entraîner,et les dirigeants de supporter inutilement des dépenses.

La Fédération doit être à bout de patience et il lui faut une situation claire parce que le championnat a un coût. Nous oeuvrons tous au développement du pays à travers le sport et à ce niveau, le gouvernement doit se décider sur ce qu’il peut faire ou pas, afin que nous sachions également ce que nous aurons à faire".

Roger Kéré, président du Santos FC : "Cela nous fait des charges énormes"

"Cette situation nous cause des problèmes sur les plans qualitatif et financier, parce que le championnat était attendu pour fin 2006 et n’a pas encore débuté en ce début d’année 2007. Depuis le mois d’octobre que notre équipe a repris ses activités, nous nous occupons financièrement des joueurs et de leurs équipements. Cela nous fait des charges énormes.

Je sais que ce sont les moyens qui font défaut parce qu’on ne peut pas commencer un championnat avec 20 millions de F CFA et il faut bien que la Fédération trouve de l’argent quelque part. Le championnat aurait permis à l’ASFA-Y et à l’EFO d’avoir un peu de compétition, avant d’aller en compagnes africaines, puisque les matchs amicaux ne suffisent pas. Dans ces conditions, on aurait pu trouver des formules comme la coupe de la Ligue. Par rapport aux solutions, nous avons participé, il n’y a pas longtemps, à un séminaire de réflexion sur le football mais les problèmes persistent".

Simon Kafando, président du Comité central de l’ASFA-Y : "Cela déstabilise les programmes de travail"

"Le fait qu’il n’y ait pas de championnat déstabilise les programmes de travail et comme on le dit souvent chez nous "on n’a pas besoin de charlatan pour révéler ce que les yeux voient". C’est un problème d’argent qui est posé. Nous savons tous que la source qui finançait le championnat est une marque de cigarette et une loi a été votée par l’Assemblée nationale pour mettre fin à ce financement.

Parallèlement, nos députés n’ont pas voté de loi pour qu’il y ait une autre source de financement pour remplacer la précédente et c’est un handicap. La réponse revient au gouvernement, puisqu’on peut s’interroger, comment font les autres pays pour tourner. Dans une situation pareille, nous nous cherchons, parce que si la Fédération n’a pas les moyens pour commencer le championnat, elle ne pourra pas nous apporter un concours particulier pour la Coupe d’Afrique. Nous nous débrouillons et nous faisons avec les matchs amicaux, en déplaçant même des équipes comme ce fut le cas avec le RCB".

Kassoum Ouédraogo dit Zico, président de la section football de l’EFO : "Une situation qui ne rend pas la tâche facile"

"C’est un problème d’argent qui existe depuis quelques années et si la Fédération n’arrive pas à organiser ce championnat, c’est faute de moyens de sa part. Dommage que cela arrive au mauvais moment, parce que nous, à l’EFO, cela fait 3 à 4 ans que nous n’avons pas joué de coupe africaine. Nous renouons avec la campagne africaine et n’avons pas tous les moyens possibles pour nous préparer sereinement, afin d’affronter notre premier adversaire. Je comprends la Fédération, puisque s’il n’y a pas d’argent, il n’y en a pas.

Il faut que le ministère des Sports épaule véritablement la Fédération et tout ce que nous demandons, c’est la reprise du championnat. Nos adversaires sont déjà à leur 6e journée, pendant que nous sommes à des matchs amicaux sur place.

Nous attendons toujours mais c’est difficile, parce qu’il y a des charges qui sont là et cela ne nous rend pas la tâche facile".

Gnoumato Bernard Ouattara, président de l’AS SONABEL : "Difficile de maintenir la motivation dans ces conditions"

"C’est un sentiment d’inquiétude et de désolation qui nous anime. Nous avons entamé les entraînements depuis le mois de septembre, en demandant aux joueurs de fournir des efforts pour faire face au démarrage du championnat. Dans un groupe, si l’objectif n’est pas fixé de façon claire en termes de date ou de période, cela devient un peu difficile de maintenir la motivation des joueurs.

Il y a aussi l’aspect financier, parce qu’on se dit que le championnat risque d’être prolongé, ce qui veut dire des dépenses supplémentaires pour les clubs. Maintenant, il s’agit de savoir si les sponsors vont suivre. Le championnat est aussi un moment de retrouvailles entre joueurs, encadreurs, dirigeants, supporters,...

En tant que dirigeant et en association avec les autres clubs, nous organisons de temps en temps, des matchs amicaux. A notre niveau, nous ne gérons pas ce qui n’est pas prévu, puisque nous avons commencé les dépenses du championnat et il s’agit de savoir si nous allons pouvoir terminer.

Nous sommes tous dans une situation difficile et les Etalons dans toutes les catégories ont beaucoup d’activités mais si la Fédération pouvait organiser une concertation entre tous les acteurs pour qu’ensemble, on puisse trouver des solutions, parce que je suis un peu inquiet pour l’ASFA-Y et l’EFO qui jouent des coupes d’Afrique.

Lassina Gnanou, secrétaire général du CFO : "Nous poursuivons le travail dans l’espoir..."

"Au niveau du CFO, nous poursuivons le travail de préparation, en espérant que d’ici peu, le championnat va débuter. Il était prévu que le championnat commence effectivement en décembre mais je pense que c’est pour des problèmes de financement qu’il y a ce retard. La Fédération est en train de tout mettre en oeuvre pour que tout soit résolu.

Un séminaire de réflexion sur le football a été organisé dans ce sens, puisqu’il fallait trouver un moyen pour une réduction des dépenses, afin qu’on puisse supporter le coût du championnat. Le principal sponsor qui était une marque de cigarette ne pouvant plus soutenir la Fédération, il faut qu’elle trouve d’autres sources de financement. Sinon techniquement, il était bon qu’on sache à quel moment on a une compétition, pour pouvoir préparer les séances d’entraînement".

Séraphin Dargani, Coach de l’USY :

"Sur le plan technique, nous sommes avantagés par le retard de démarrage du championnat national surtout que nous venons d’accéder à la D1. Cela nous a permis de gagner au moins 2 semaines pour parfaire notre préparation. C’est le 14 novembre passé que nous avons commencé les entraînements et ce n’est que vers le 15 décembre que nous avons arrêté une liste de joueurs.

Cependant, nous n’ignorons pas que cette situation ne manquera pas de compliquer les choses sur le plan administratif. Puisque les dirigeants ne se préparent en général que pour supporter une saison de 10 mois. Cela veut dire que ce retard va créer des tensions budgétaires vers la fin de la saison."

Propos recueillis par Antoine BATTIONO, Paul-Miki ROAMBA, Dabadi ZOUMBARldé Sadou DIALLOA, Mamadou OUATTARA et Diou

Le Pays

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