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Benoît Ouattara (CDP) : "Je ne suis pas fermé à d’autres formations politiques"

Publié le mercredi 10 janvier 2007 à 07h30min

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Benoît Ouattara

Le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Benoît Ouattara, a accordé une interview à la presse, le 17 décembre 2006 à Banfora. Les échanges ont tourné autour de deux axes majeurs : sa nomination comme commissaire politique régional du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dans les Cascades, et la question des unités industrielles de la région.

Sidwaya (S.) : Qu’est-ce qui justifie votre présence aujourd’hui à Banfora ?

Benoît Ouattara (B.O.) : C’est un fils de la région qui vient chez lui. A ce niveau il n’y a pas de mystère ou de motivations étrangères. Il se trouve qu’en tant que ministre, il y avait aussi l’obligation de travailler au développement de ce pays dans les secteurs qui me sont confiés notamment le commerce, l’industrie, et l’artisanat. Nous sommes en train de travailler sur quelques projets industriels et je devais emmener ici des investisseurs sur le terrain pour identifier avec eux un site pour développer leur projet d’implantation.

C’est une activité que nous avons réalisée avec les autorités locales ce jour-même et qui va se poursuivre. J’espère que tout ceci va permettre d’aboutir à une conclusion fructueuse afin d’élargir le tissu industriel par la transformation des matières premières locales dans cette région. Personnellement je suis confiant que notre région va retrouver son rôle de pôle industriel majeur de cette partie de notre pays.

La deuxième raison de mon séjour, c’est qu’il se tenait ici un forum de concertation des fils et des filles de cette région auquel je pensais prendre part. Mais je n’ai pas pu parce que mon calendrier ne me l’a pas permis. Mais je suis informé de ce qui a été fait. Je voudrais saluer l’initiative de tenir un forum des fils et des filles de la région comme étant quelque chose d’important pour venir en complément et en appui aux activités des autorités exécutives locales.

Je pense que ceci doit permettre de mieux affiner la réflexion, les réflexions dans le domaine économique et social pour une meilleure définition des projets qui prennent en compte les préoccupations des populations à la base. Naturellement ce type de forum ne peut pas se substituer aux autorités locales qui tirent leur légitimité du suffrage des urnes ; il s’agit des conseillers aussi bien au niveau municipal que régional à qui revient au premier chef cette tâche.

Mais ils peuvent être puissamment accompagnés par des initiatives comme celles du forum qui peuvent enrichir la réflexion. Nous sommes à l’heure de la communalisation et ce type de réflexion est nécessaire. Nous devons nous efforcer de les faire approprier par les populations elles-mêmes qui doivent désormais prendre en charge la formulation de leurs besoins, de leurs projets.

Ces populations doivent confier leur exécution aux structures rurales : les mairies dans les centres urbains, les conseils régionaux, au-delà les autorités régionales qui sont les relais des pouvoirs publics. Ce devrait être un brassage de tous les fils et filles de cette région. Quand je dis fils et filles, il s’agit de tous ceux qui résident là, qui mènent leurs activités, qui ont dédié leur vie à cette région sans distinction, sans exclusion, de manière à ce qu’il y ait une pluralité.

S. : Vous avez été nommé commissaire régional politique du Congrès pour la démocratie et le progrès. Quels sont vos sentiments et les missions qui vous sont assignées ?

B.O. : Naturellement, c’est un grand honneur qui m’est fait, mais au-delà de ma propre personne c’est aussi une reconnaissance du parti. Je vous ai expliqué que cette région a besoin d’être bien accompagnée et bien suivie. Je pense aussi qu’à travers ma personne c’est aussi un clin d’œil qui est fait à tous ceux qui pensent que je peux apporter quelque chose à cette position de travail.

Il faut dire que le commissaire politique régional est d’abord le représentant du parti au niveau régional, étant entendu que le parti est présent sur le terrain par des structures provinciales, départementales dont l’action doit être coordonnée par le commissaire politique régional, qui devient ainsi l’interface entre les militants à la base, et la haute direction du parti dont je suis désormais membre en tant que membre du bureau exécutif national.

Le commissaire politique régional est un animateur qui doit accompagner, coordonner et relayer ces initiatives au niveau provincial, départemental, pour que ses initiatives s’expriment naturellement dans le cadre des directives et des actions suggérées ou avalisées par le parti. Donc c’est un travail d’animation, un travail de coordination, un travail d’interface.

S. : On dit que Benoît Ouattara est apolitique, est-ce que vous avez été surpris par cette nomination à la tête de ce parti dans votre région ?

B.O. : Apolitique n’est pas exact puisque je suis élu commissaire politique régional du CDP. Je pense qu’on a voulu dire que je ne suis pas exclusif, et je souhaite ne pas être exclusif à savoir que les partis politiques mènent leurs activités dans un environnement politique régional, aux cotés d’autres formations qui doivent travailler ensemble même si elles sont en compétition à des moments précis, en agenda électoral.

Je pense qu’à travers votre expression apolitique, vous voulez dire que je ne suis pas fermé à d’autres formations politiques, et je souhaite ne pas l’être. Quand on fait la politique c’est pour accroître ses rangs, c’est pour accroître le rang du soutien des sympathisants du parti pour lequel vous agissez. On ne peut le faire qu’en allant vers les autres. Et donc de ce point de vue, je souhaite et je travaille à cela, ne pas être quelqu’un de fermer sur lui-même.

S. : Au fait monsieur le ministre, on dit que vous n’êtes pas politicien, que vous n’avez accédé au poste de ministre grâce à la politique. Etes-vous vraiment un homme politique ?

B.O. : (rires tout au long de cette réponse) Est-ce que vous pensez qu’on peut être ministre sans être politique ? Il est vrai que je n’ai jamais joué les rôles de premiers rangs ici dans la région des Cascades ; parce que simplement avant que je n’accède à cette fonction, d’autres personnes ont assumé cette fonction avec d’ailleurs beaucoup de mérites que je salue. Mais je tiens à vous dire que j’ai été pendant plus de dix ans membre du bureau politique national du CDP ; si cela n’est pas être politique, je ne comprends plus la question que vous me posez.

S. : Comment appréciez-vous votre nomination à la tête du CDP dans la région des Cascades et sous quel signe comptez-vous gérer ce commissariat politique ?

B.O. : Je pense que les hautes autorités du parti qui m’ont confié cette tâche, ont le souci de voir le CDP reconquérir son lustre d’autan, reconquérir la sympathie et l’adhésion des populations qui ont été quelque peu effrités ces derniers temps et dont une des manifestations a été la perte des sièges que nous avons accusée pendant les municipales. Mon premier sentiment est que je dois travailler à ce que la notoriété, la sympathie et le positionnement de notre parti soient améliorés.

La deuxième chose et vous pouvez le vérifier vous-mêmes, c’est travailler à ce que le parti soit plus cohérent, de manière plus globale afin que dans cette région des Cascades, nous soyons des fils et des filles plus unis qui parlent le même langage ; voici donc le signe sous lequel je compte exercer le commissariat politique régional dont j’ai été chargé.

S. : Je vais peut-être revenir un peu en arrière, à savoir votre première mission à Banfora ici aujourd’hui. Est-ce que vous ne pouvez pas un peu dévoiler pour nous, de quoi il s’agit concrètement ?

B.O. : Je vais vous demander de prendre patience. Nous sommes dans le domaine des affaires, il faut laisser les choses se faire ; nous travaillons et il faut nous faire confiance. Cela fait partie de ma feuille de route, à savoir travailler à ce que le tissu industriel de cette région soit réhabilité à travers la SN-SOSUCO ; vous pourrez peut-être interroger la SN-SOSUCO pour voir si elle se porte mieux qu’avant.

C’est aussi le retour des Grands Moulins en activité ; là aussi, nous travaillons et je pense que les résultats viendront confirmer les efforts qui sont faits, et il s’agit aussi de diversifier la gamme des activités de
transformation industrielle.

Les derniers projets dont je parle sont des projets qui s’inscrivent dans les préoccupations majeures du gouvernement dans le contexte actuel et un des axes est la production du bio-carburant. Nous travaillons à cela dans cette région.

S. : Vous avez déjà abordé la question des unités industrielles de la région ; en tant que ministre de tutelle, à quand la réouverture précisément des GMB ?

B.O. : Très bientôt, je pense que les préalables essentiels ont été réglés. Il s’agissait de clarifier le volet juridique, ce qui a été fait par la prise d’une convention tripartite entre l’Etat, les différents créanciers de la société et le futur repreneur qui est connu, puisque ceci a été fait par un décret pris en conseil des ministres. Il s’agissait ensuite de mobiliser les ressources nécessaires pour permettre le démarrage du volet industriel.

Vous savez que cette société des Grands Moulins a connu des difficultés d’ordre technique essentiellement. A savoir que l’outil de production avait besoin d’être revu, en raison sans doute d’investissements qui n’ont pas été adaptés. Les nouveaux investissements qui doivent être effectués sont assez lourds, et ont nécessité que des sommes importantes soient mobilisées, ce qui a été fait.

Les conventions ont été signées effectivement, il y a de cela deux ans et demi, et naturellement il fallait une fois les conventions signées, passer à la phase d’acquisition des équipements, et cette phase s’est traduite par le lancement d’un appel d’offres qui a été conclu il y a de cela environ trois semaines. Donc je crois que maintenant le processus entre dans une phase beaucoup plus opérationnelle pour le démarrage prochain de l’usine après la livraison et l’installation des machines qui interviendra courant premier trimestre 2007.

S. : Un dernier mot !

B.O. : C’est vraiment remercier la presse, en tout cas, chaque fois que nous avons eu des sorties ici, quelles soient politiques ou purement et simplement de caractère économique, j’ai pu apprécier votre engagement, votre mobilisation. Je voudrais vous saluer et vous demander de relayer puissamment cette préoccupation pour qu’enfin dans notre région, on commence à penser développement économique et social.

C’est une invite que le chef de l’Etat nous a lancée pendant la campagne qu’il a menée ici pour l’élection présidentielle à travers cette phrase qui nous a rappelé la nécessité d’une unité, d’une solidarité des filles et des fils de cette région pour qu’on puisse connaître le développement. C’est cet appel que je voudrais lancer aux fils de cette région qui ont vraiment besoin de penser leur développement ensemble et de le faire porter par des forces politiques unies, solidaires, qui pensent et qui agissent avec efficacité dans la même direction.

Interview réalisée par Mamadou YERE
AIB/Banfora

Sidwaya

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