C’est ce qui s’est passé le dimanche 7 janvier 2007 au stade Léopold Sédar Senghor de Dakar, à l’occasion du combat qui opposait Mohamed Ndao dit « Tyson » à Serigne Dia dit « Bombardier ». L’enjeu, c’était le trophée de la Solidarité avec en prime un cachet global de 140 millions de FCFA, en raison de 70 millions de FCFA pour chacun des deux protagonistes.

Une grosse somme qui incite à pratiquer ce sport si on est sûr de ses capacités. Cet après-midi là, à Dakar, 50 spectateurs ont pris d’assaut les différents gradins du stade et la présence du Premier ministre sénégalais était la preuve que la lutte est un phénomène de société au pays des Lions de la Teranga. Les deux mastodontes de l’arène étaient attendus par un public fort enthousiaste. Lors de leur premier face-à- face le 25 décembre 2002, « Tyson » avait été terrassé pour la première fois de sa carrière. Et c’était l’œuvre de « Bombardier » qui n’avait eu besoin que de quinze petites secondes pour effondrer le mythe « Tyson », bâti à la fin des années 90.

Cinq ans après cette déconvenue, les deux lutteurs étaient sous les feux de l’actualité pour des retrouvailles qui s’annonçaient chaudes. Depuis son irruption dans l’arène, « Tyson » a régné en maître au fil de ses sorties en faisant tomber des ténors tels qu’Aliou Seye, Mohamed Ali, Tapha Guèye, Toubabou Dior, Manga 2 et Mor Fada. Comme le taureau du Nayala au Burkina Faso, Athanase Moussiané, il balayait tout sur son passage jusqu’à ce qu’un « Bombardier » vienne mettre fin à son invincibilité.

Dimanche, l’heure de la revanche avait sonné pour le jeune Kaolackois qui tenait à rebondir et à donner un coup de fouet à sa carrière. Mais « Tyson » a refusé de reprendre le combat après une décision de l’arbitre suite à un premier corps-à-corps qui a duré une trentaine de secondes et qui s’est terminé dans la confusion. Selon Sud Quotidien, le combat allait gagner en intensité au bout de quelques secondes d’observation. Combat rapproché qui débouche sur un deuxième corps à corps.

Ce accrochage, poursuit le journal, a d’ailleurs suffi pour faire basculer le combat. Dans une action enclenchée au milieu de l’enceinte par « Tyson », celui-ci tente de faire basculer son adversaire. Mais le contre de « Bombardier » l’empêche de parachever son action. Déséquilibré, »Bombardier » aura cependant le temps d’introduire un hanché qui emporte « Tyson » dans sa chute. Cette chute sera diversement appréciée par les observateurs et le nombreux public.

Chaque lutteur crie à la victoire. Mais cette situation n’a pas l’effet escompté auprès du corps arbitral qui, après quelques conciliabules, intima aux deux acteurs de reprendre le combat. Ce qui est loin de trouver l’agrément du camp de l’écurie « Tyson » soutenant avoir purement et simplement été délesté d’une victoire. Refusant de revenir reprendre le combat, ce dernier a vidé les lieux au pas de charge au bord de sa voiture. Devant cette situation, l’arbitre, seul maître à bord, n’hésita pas à accorder la victoire à Serigne Dia dit « Bombardier » après consultation de ses collègues.

En tout cas, à Dakar, on était loin de s’imaginer un tel dénouement surtout que le public n’a pas hésité à mettre la main à la poche. Il méritait donc le respect puisqu’il était au stade depuis 12 heures (il y avait des combats préliminaires) alors que le combat était prévu pour 18 heures. « Tyson » n’a pas été fair-play et là il ne peut s’en prendre à son marabout pour n’avoir pas fait son travail.

Ce genre de combat est préjudiciable à la lutte dans sa globalité. Un champion n’abandonne jamais l’arène quelle que soit la décision de l’arbitre. Son abandon ayant été constaté, le règlement prévoit que le reliquat du cachet soit confisqué. Le lutteur, dit-on, est exposé à des sanctions, même être à vie. D’ailleurs, quelle idée a-t-il eu de vouloir ressembler à l’ancien champion du monde Mike Tyson qu’on surnomme l’homme le plus mauvais de la planète ?

Justin Daboné

L’Observateur