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Tension dans le couple « défense-sécurité » : l’analyse de Mahama Sawadogo

Publié le vendredi 5 janvier 2007 à 07h48min

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Mahama Sawadogo

Dans l’actualité de fin d’année, la tension entre les forces de défense et celles de sécurité a ravi la vedette aux autres sujets habituellement présentés comme étant de premier choix.

La presse s’en est largement fait l’écho et le président du Faso l’a évoquée dans son message de présentation de vœux aux corps constitués de l’Etat ainsi que dans son adresse à la Nation à l’occasion du nouvel an. Ce faisant, les Burkinabè ont pu mesurer la gravité de la situation tant et si bien que le contexte festif du moment n’aura pas réussi à mettre un terme aux différents commentaires et analyses y relatifs.

Ainsi, la gravité des événements et l’acuité du sujet nous interpellent tous et nous invitent à davantage de perspicacité intellectuelle dans la recherche de la véritable signification du problème, laquelle seule peut conduire à sa résolution. Dans le couple « défense -sécurité », la fonction défense est assurée par l’armée et la fonction sécurité par la police.

Historiquement, les questions de défense, c’est-à-dire celles liées à la protection d’un territoire donné contre les menaces extérieures, étaient considérées comme prioritaires par rapport aux questions de sécurité qui sont relatives à la préservation de l’ordre public à l’intérieur du même territoire. La hiérarchisation des missions a naturellement conduit à celle des structures correspondantes ainsi qu’à celle des moyens mis à leur disposition.

Dés lors, toute hiérarchisation ultérieure (nouvelle) desdites missions justifiables et justifiées par le contexte (environnement intérieur ou extérieur du territoire) devrait logiquement entraîner une hiérarchisation correspondante des structures et des moyens. Cette appréciation, facilement compréhensible sur le plan logique, n’est pas aisément acceptable au plan stratégique du fait des nécessaires réformes qu’elle induit au niveau des structures, des méthodes d’action, des moyens etc.

Dans le contexte du Burkina Faso, la situation ne semble pas être parvenue à ce stade ; mais l’existence éphémère de la CRS ou de ce qui en tient lieu (1961-1966), (1985-1987) ainsi que les récents événements où les établissements de la police ont été ciblés, autorisent d’approfondir la réflexion sur le passage éventuel du paradigme politique de la « défense » à celui de la « sécurité ».

En guise d’introduction à cette réflexion, les pistes suivantes peuvent être explorées :
- la fusion des missions de défense et de sécurité,
- le renforcement des capacités opérationnelles de la police,
- la création d’une nouvelle gouvernance qui assure la coordination entre les forces de défense et celles de sécurité.

Un large débat républicain apparaît comme un préalable en vue des nécessaires réformes à envisager. En tout état de cause, si on veut parvenir à des changements consensuels, ce débat est inévitable. Evidemment les questions de défense et de sécurité, de par leur essence, ne peuvent pas être abordées dans la transparence totale ; mais leur importance actuelle commande d’associer d’une manière ou d’une autre le peuple à la réflexion.

C’est à ce prix que les forces de défense et de sécurité sauront bénéficier du soutien populaire qui leur est indispensable pour l’accomplissement de leurs missions républicaines.

Mahama SAWADOGO,
Député

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 5 janvier 2007 à 09:22, par Togsida En réponse à : > Tension dans le couple « défense-sécurité » : l’analyse de Mahama Sawadogo

    Vous etes passe a cote, monsieur le depute. Soit vous manquez de perspicacte intellectuelle, soit vous etes malhonnete, ou insincere. Vous avez volotiers refuse de relever la cause structurelle susceptible d’avoir cree le probleme : l’impunite. heureusement que sous nos tropiques, l’elu n’a aucun compte a rendre a sa base, sinon de telles inepties qui font honte a ceux qui vous ont elu vous auraient coute une reelection. Quand on a rien a dire, on se tait, cela donne plus de merite au qualificatif "honorable" que nos deputes sont senses avoir. Moi j’ai honte d’avoir pris mon precieux temps pour lire des platitudes partisanes de ce genre.
    Voulez vous vraiment resoudre le probleme ? Si oui revoyez votre reflection et situez la dans un contexte depolitise et non partisan. Quand dans notre demission a tous, les troubles de paix viendront, ils n’epargneront ni les cdpistes, ni les opposants. Demandez aux habitants de Goughin et faites un recensement de cuex qui ont recu des douilles de balles sur leurs toits, les balles se fouent de la politiques, ca ne cherche qu’elles soient statiques ou mobiles, humaines. Alors pour le bien du pays soyez honnete, puisque vous etes aussi du pays des hommes dits integres.

    • Le 5 janvier 2007 à 17:09, par titi En réponse à : > Tension dans le couple « défense-sécurité » : l’analyse de Mahama Sawadogo

      Togsida a tout à fait raison. Ce n’est pas en caressant le monstre dans le sens du poil que l’on va règler le problème. Du nerf Monsieur le Député, cette fois-ci c’est vraiment zero.

    • Le 5 janvier 2007 à 19:19 En réponse à : > Tension dans le couple « défense-sécurité » : l’analyse de Mahama Sawadogo

      Vous avez toutes les raisons, cher monsieur, de fulminer de colère, suite aux troubles qui, une fois encore en Afrique, n’ont aucune pitié pour les civils (des citoyens ?)... Vous aurez remarqué que si le bilan des victimes au sein des forces de l’ordre et de défense (de désordre et d’attaque faudrait-il plutôt dire) est laborieusement connu, on ne sait toujours rien du sort des habitants de la capitale, passés par pertes et profits ! Quant au député Sawadogo, daignons lui accorder au moins le (petit) mérite d’oser aborder, même avec moult circonvolutions, le problème récurrent des tâches qui incombent aux uns et aux autres : car l’’honorable’ député tourne peut-être autour du pot, mais il veut aussi signifier que cet énième conflit Armée/Police est aussi le fait d’un choix politique, en vérité un non-choix : qui fait quoi, qui est qui ? Telle est la quadrature du cercle qu’il faudra bien résoudre un jour, sous peine que tout cela ne dégénère bien plus encore. Le député le dit tout de même : défense et sécurité sont en réalité aux mains des militaires ; ne trouvez-vous pas insolite qu’en république démocratique, le Faso en est encore à assurer la garde de ses oripeaux par des hommes en kaki ’révolutionnaire’ (ou dictatorial),juchés sur des Toyota montées d’antiques mitrailleuses anti-aériennes ? Ca manque tout de même de panache, pour un pays en paix... Et que fait la garde présidentielle sur le campus universitaire quand il y a tensions ? Des Crs à Balpouré et le RSP à l’université !!?? Pourquoi diable c’est à la gendarmerie, aussi (Armée), que les journalistes sont régulièrement convoqués ? Traditionnellement, les villes sont à la Police, les campagnes aux pandores. Pourquoi la circulation routière urbaine est-elle exercée à la fois par la police municipale et par la Police nationale ? Pourquoi, enfin, un gendarme (un militaire donc, autres moeurs, autre mentalité) à la tête des policiers, qui ne sont ni des forces paramilitaires (comme il est souvent écrit ici et là, même dans les médias burkinabè) mais des fonctionnaires de la Cité (sur concours ; et seule une petite partie de ces hommes -et femmes- portent l’uniforme, pour être reconnus comme des agents assermentés, dans la CRS -maintien de l’ordre- et dans la police de voie publique -circulation routière par exemple-). Tout ce cafouillage en dit long, à dire vrai, sur la méfiance que continue de nourrir un régime à l’endroit de tout ce qui n’est pas... militaire (RSP, Gendarmerie, services de renseignements militaires-divers et personnalisés-). Certes, la soldatesque n’est guère mieux lotie, de plus en plus révoltée par la pléthore enrichie de ses officiers supérieurs et accablée (comme ses ennemis policiers d’en face, ce qui en est que plus pathétique) par la paupérisation et le mépris. Tout cela ne peut que mal finir si aucun changement profond de restructuration et de répartition (la "hiérarchisation" dont parle Mahama Sawadogo) des rôles n’est pas effectué, et vite. Ces petites pistes de réflexion, pour le salut de tous, y compris pour l’hôte de Kossyam...
      B.F.

      • Le 7 janvier 2007 à 21:29 En réponse à : > Tension dans le couple « défense-sécurité » : l’analyse de Mahama Sawadogo

        Je voudrais apporter ma petite et modeste contribution à ce débat sur les tensions entre policiers et militaires.
        Je voudrais déjà féliciter le député SAWADOGO qui, de manière audacieuse a fait une contribution sur le sujet.
        En revanche, je voudrais m’insurger contre ses détracteurs qui ont critiqué cette contribution intellectuelle sans pour autant apporter la leur. J’aurais aimé savoir en quoi l’intervention de M. SAWADOGO pouvait être, "in concreto" complété, contrarié, par ces vils détracteurs et quelles seraient, le cas échéant, les propositions efficaces que lesdits auteurs nous auraient suggérées.
        En vain ! Et je suis resté sur ma soif. Quel dommage !!!! quel gachis !!!!
        S’agissant de ma contribution, je dirais simplement ceci : Il est connu et reconnu que les militaires sont chargés de la défense de l’intégrité territoriale de notre pays alors que les policiers sont en charge du maintien de l’ordre public interne.
        Lorsque ces deux corps se mettent à se combattre entre eux, quel sera alors le sentiment des populations civiles qui ont droit à leur sécurité naturelle. De ce point de vue, ces heurts sont une véritable honte et toutes les dispositions doivent être impérativement prises pour enrayer la réitération de ce type de comportement.
        Que dire de cette indiscipline de ces militaires qui, au détour d’une simple bagarre se permettent de casser la porte des magasins d’armes pour semer la terreur sur la capitale dans la mesure où les policiers avaient désormais peur d’arborer leur uniforme. C’est véritablement le comble.
        Que dire encore de ce soldat qui a lancé à la face du Chef d’Etat Major des Armées qu’il "était un militaire de l’armée de terre et qu’il ne peut obéir à un officier de l’armée de l’air". Quelle mouche a pu piquer ce soldat qui, malheureusement n’a pu être mis aux arrêts immédiatement, séance tenante. Marchons-nous sur la tête ?
        En ma qualité d’officier de réserve, un tel comportement me révolte au plus haut point.
        Je propose que la discipline soit restaurée dans notre armée. Que les officiers reprennent leur rôle d’encadrement et que les soldats obéissent aux ordres de leur supérieurs hiérarchiques.
        Ceux qui pensent le contraire ou qui pensent exploiter cette crise à des fins politiques se trompent largement.
        Enfin, pour une solution radicale de ce problème, il convient de disperser tous les auteurs de ce désordre dans les différents corps d’armée et pourquoi pas reverser certains récalcitrants dans la police si ceux-ci en ont, effectivement, les capacités intellectuelles. Qui propose autre chose pour faire avancer le débat ? C’est ça la démocratie... Ange TAMPSOBA, France.

  • Le 5 janvier 2007 à 11:33, par zoanga En réponse à : > Tension dans le couple « défense-sécurité » : l’analyse de Mahama Sawadogo

    Cette "analyse" biaisée de la situation dans un tel contexte ne peut relever que de la mauvaise foi.Il est complètement aberrant de continuer à "faire semblant" où à jouer les "moralisateurs" à 2 francs 6 sous alors que ce pays est arrivé à saturation.on connait tous les comments du pourquoi de ce qui sont à la base de toutes ses tensions accumulées qui à force d’être toujours balayées du revers de la main finissent pas éclater au grand jour et là impossible de contrôler quoi ni qui que ce soit.
    Continuons de faire semblant de ne rien voir et on verra où tout cela va nous entraîner....certainement plus loin que ce que l’on aurait penser !!!

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