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Kofi Annan quitte l’ONU avec quel bilan ?

Publié le mardi 2 janvier 2007 à 07h45min

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Le 31 décembre, le ghanéen Kofi Annan, 7ème Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a quitté son poste. Son successeur, le Coréen Ban Ki-Moon l’a remplacé le 1er janvier à la tête de la plus grande organisation internationale. Le mandat du secrétaire général de l’ONU est de quatre années.

Elu le 1er janvier 1997, à la tête du secrétariat général, Kofi Annan a été réélu pour un second et dernier mandat en 2002. Il est le second Africain après l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali, et le premier Africain du Sud du Sahara à occuper cette éminente fonction internationale. Quel bilan laisse-t-il en quittant une des fonctions les plus politiques qui soit ? Quel rôle son continent mère, l’Afrique a-t-elle joué durant son mandat ?

Il n’est pas juste de dire que Kofi Annan laisse un bilan mitigé derrière lui. Le bilan des dix années du Ghanéen à la tête de l’ONU est amplement positif. Il faut citer deux faits seulement. Le premier qui indique que l’Africain Annan a été excellent, c’est qu’en 2001, il a été fait avec l’organisation qu’il dirige, l’ONU, Co-Prix Nobel de la paix. Le second élément est sa réélection le 29 juin 2002. Son premier mandat a été jugé par les cinq membres du Conseil de sécurité, mais surtout par l’Assemblée générale très positif.

Le quotidien burkinabè Sidwaya a salué cette réélection en ces termes : "un diplomate ayant le sens de l’initaitive et de la bonne volonté".
Un journal sud-africain l’a qualifié à cette occasion de "référence morale" de l’organisation mondiale. Ce n’est pas de l’"égoafricanisme" quand les Africains écrivent et disent que le bilan des dix ans de Kofi Anann comme Secrétaire général de l’ONU est largement positif. Il a marqué de son empreinte personnelle le Secrétariat général qu’il a crédité d’une certaine autorité morale.

Sous ses deux mandats, le "machin" du général Charles de Gaulle s’est révélé plus que par le passé une organisation indispensable. On s’adresse à elle, on veut son avis quand un sujet, quand une crise surgit quelque part dans le monde. Ceci a amené Annan à prendre des initiatives en organisant le Secrétariat général, pour créer des postes de secrétaires généraux adjoints.

On dit à ce propos qu’il a secoué la bureaucratie de l’ONU et rendu sa lourde machine accessible aux organisations de la société civile du monde entier. Au cours de ses mandats, le Secrétaire général sortant s’est engagé dans la sensibilisation, la prévention et la lutte contre la pandémie du siècle, le sida qui frappe l’Afrique plus que les autres parties du monde.

En tant que produit essentiellement africain, Annan à œuvrer, tout au long de ses deux mandats à la tête de l’organisation mondiale pour que les pays africains acquièrent plus de lisibilité et plus de visibilité dans le concert des nations. Sur toutes les tribunes, il a plaidé la cause de l’Afrique, le continent le plus pauvre économiquement, et le plus arriéré sur les plans technologique et scientifique. Aussi, l’échec des négociations pendant la conférence de l’Organisation mondiale du Commerce a été vivement ressenti par cet homme qui vient d’un pays pauvre.

Kofi Annan est arrivé à la tête de l’Organisation des Nations unies à une période où le monde était secoué par des crises graves. Particulièrement tout son deuxième mandat sera occupé par la question de l’invasion américano-britannique de l’Irak.

Toutefois, à, force de persuasion, il était parvenu à convaincre le président irakien Saddam Hussein en 1998 à autoriser que les inspecteurs de l’ONU contrôles les sites irakiens que la propagande américaine et britannique dit qu’ils renferment des armes de destruction massive. Il n’a pas pu empêcher l’invasion de l’Ira : il a qualifié cette belliqueuse entreprise de Washington d’"illégitime". Selon le Secrétaire général de l’organisation mondiale, cette invasion est "illégitime" car l’opération n’a pas reçu l’aval du Conseil de sécurité.

En le disant, il est entré dans une opposition flagrante avec les Etats-Unis qui ne supportent guère de contradiction dès lors que leurs intérêts sont en jeu. Parce qu’aujourd’hui, il se révèle de plus en plus que cette guerre des Etats-Unis contre l’Irak n’est ni plus ni moins qu’une guerre d’affaires, une guerre voulue et soutenue par le grand patronnat américain qui y voyait des opportunité d’enrichissement.

Il est alors aisé de comprendre que dès lors que Kofi Annan s’est opposé à l’invasion de l’Irak, il est entré dans le collimateur de l’administration Bush qui a mis en branle le scandale du programme "Pétrole contre nourriture" dans l’objectif de l’abattre ou d’obtenir sa démission avant la fin de son mandat.

Ce programme donnait l’autorisation au président irakien, Saddam Hussein, malgré l’embargo qui le frappe, de vendre du pétrole pour acheter de la nourriture et des médicaments. Le programme fut un échec lamentable, parce qu’il a donné l’occasion à des détournements crapuleux dont la plupart des auteurs sont des milieux maffieux occidentaux.

Certes, en tant que plus haut fonctionnaire de l’ONU, Annan en porte la responsabilité pour n’avoir pas été très vigilant sur la gestion des ressources dudit programme ; mais en aucun cas il ne saurait être tenu pour seul responsable comme l’ont affirmé les conservateurs américains qui ont voulu avoir sa tête à cause de sa prise de position courageuse dans le problème irakien.

Malgré ces calomnies, le bilan de Annan est hautement positif. A preuve, la mobilisation de l’ONU pour la tenue normale de toutes les élections en République du Congo et son rôle dans la fin de la guerre civile au Liberia et en Sierra-Leone sont des actifs à mettre à son compte.

Depuis 2002, l’ONU déploie des efforts multiples en vue d’un règlement pacifique de la crise ivoirienne, et l’on peut affirmer que c’est avec un grand regret que Kofi Annan part sans voir le retour de la paix en Côte d’Ivoire. C’est la même chose pour le Darfour. Mais ce sont autant de chantiers qu’il lègue à son successeur coréen.

Le génocide rwandais qui a eu lieu deux ans après la réélection de Kofi Annan pourrait constituer un point sombre dans son bilan. Tout comme sa volonté manifeste de réformer l’ONU. Sur ces points, à l’ONU, Kofi Annan s’est heurté à l’opposition de ceux qui préfèrent le statu quo. Une opposition parfois ridicule. C’est précisément le cas de l’élargissement des membres du Conseil de sécurité qui a rencontré un veto des cinq membres permanents que sont les Etats-Unis, la Russie, la Grande Bretagne, la Chine et la France qui entendent seules gérer les affaires du monde comme en 1945, date de la création de l’ONU.

Les puissances émergentes que sont aujourd’hui l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud laisseront-elles perdurer cette situation ? Kofi Annan quitte avec la satisfaction du devoir accompli même si toutes ses initiatives n’ont pas encore porté fruits. Bonne chance, et surtout courage à Banki-Moon

Par Basile BALOUM

L’Evénement

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Vos commentaires

  • Le 2 janvier 2007 à 21:46 En réponse à : > Kofi Annan quitte l’ONU avec quel bilan ?

    ... à oeuvrer ??? Chapeau...

    Didier Eggerickx

    • Le 3 janvier 2007 à 18:53 En réponse à : > Kofi Annan quitte l’ONU avec quel bilan ?

      Niveau orthographe (mais l’orthographe est bien peu de chose, M. Eggerickx, si vous n’avez retenu que ça, c’est bien dommage), il y a aussi "les inspecteurs contrôles" à corriger.

      Au niveau du fond, ça me paraît magistralement écrit, synthétique et objectif. Difficile de contredire l’auteur dans ses conclusions ...

      Un lecteur belge

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