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Quoi donc ? L’Etat l’a fait malgré tout. Korgo a été décoré !

Publié le mardi 2 janvier 2007 à 07h53min

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Disons-le net, pour nous personnellement, pour parler comme l’ancien combattant, "je ça m’en fou". Mais quand je pense à l’image que la gouvernance actuelle donne de l’Etat, j’en suis révulsé. Certes Korgo, n’a pas été condamné par la justice.

Mais si l’Etat a jugé bon de faire appel du verdict du jugement en première instance, c’est que quelque part, la plus haute autorité de l’Etat est convaincue que c’est pas totalement clair. Dans cette affaire, il y a actuellement deux procédures en cour. Celle de la justice avec l’appel et celle administrative avec l’investigation qui est menée par l’Inspection Générale d’Etat. Alors quand un citoyen est sous le coup des procédures de cette nature et d’une telle ampleur, l’Etat qui a des doutes sur sa bonne moralité peut-il quand même le distinguer ? C’est une question à laquelle, le grand chancelier et ses services devraient répondre.

Par exemple un Ki Zerbo, de son vivant n’a pas été jugé digne d’une distinction honorifique, malgré ce qu’il a représenté pour le pays et pour l’Afrique. Mais un Korgo, pour avoir donné un petit million, pour les Etalons qui devaient aller à la CAN de Tunis, mérite bien que l’Etat lui fasse déférence et qu’il lui épingle ses "or" sur sa poitrine. Même pour notre Etat, qui lutte contre la corruption, "l’argent n’a pas d’odeur". Même si l’Etat ne manque pas de flair pour distinguer d’entre ses citoyens, ceux qui ont et ceux qui n’en ont pas.

Les distinctions de l’Etat sont ainsi vendues, à ceux qui peuvent délier la bourse. Dans ce cas, comment les inspecteurs pourront-ils encore sereinement conduire une investigation contre un individu donné en exemple ? Et à quoi pouvons-nous aboutir avec l’appel en cour ? A rien certainement. Mais c’est évident que l’Etat qui sera attrait devant la chambre administrative s’empressera de verser des milliards à monsieur Korgo. Parce qu’il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas ainsi.

Quelque part, quelqu’un a dû instruire pour que la procédure aille jusqu’à son terme. Tant pis pour les gratte-papiers. Seulement dans cette affaire, ce n’est pas une question d’individu, mais une idée de l’Etat. Quelle idée, nous nous faisons de l’Etat ? Est-ce un patrimoine inestimable qui renferme l’idéal, le meilleur possible que nous voulons de nous et pour nous ou est-ce un simple instrument de pouvoir ? Il semble au regard de certaines décisions que c’est hélas, plutôt la seconde hypothèse qui est vraie.
Ceux qui ont mérité vraiment les médailles de l’Etat, doivent se demander si franchement ça vaut la peine de s’être donné autant de peine, pour avoir la même récompense qu’un certain Korgo, dont le moins que l’on sait, c’est qu’il gruge le fisc et fait des faux avec les entêtes de l’administration publique.

On attend évidemment de découvrir l’étendue des forfaits de Korgo et de ses sociétés, puisque l’Inspection Générale d’Etat ne devrait pas se contenter seulement de ce qui a fait l’objet du rapport en Conseil des ministres, mais investiguer sur les pratiques antérieures de Korgo et de ses sociétés, qui curieusement se seraient parfois retrouvées à être concurrentes dans des appels d’offres restreints.

C’est-à-dire que sur les trois sociétés consultées, toutes appartiennent à la même personne. Dans ces conditions, c’est sûr qu’il ne perdra pas. Les institutions de l’Etat sont-elles au courant ? On peut imaginer que pour une première fois, elles se fassent gruger. Mais quand ça se répète ?

En attendant, que faire si non de féliciter le nouveau médaillé ? Comme le dit le proverbe, "il ne faut pas laisser là où on a trébuché et aller s’en prendre à là où on est tombé". C’est l’Etat burkinabè qui se gangstérise et qui permet que le reste se réalise.

Alors comme le dit, le chanteur ivoirien à propos de la grippe aviaire " il ne nous reste plus qu’à devenir tous fous, fous ". Ou plus exactement à devenir tous "gangster". Il faut avouer que ce n’est pas le meilleur que l’on souhaite pour son pays au seuil d’une nouvelle année. Mais comme on dit encore, si "vous êtes parent à la chèvre, vous êtes obligé de verser des larmes chaque jour de marché ".

Que Dieu, le Tout Puissant, nous donne une meilleure perspective, pour l’année qui commence. Bonne et heureuse année à vous tous qui nous avez fait l’honneur et l’amitié de nous lire durant les douze mois de 2006 qui expire dans quelques jours

Par Newton Ahmed BARRY

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