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Côte d’Ivoire : La quadrature du cercle à l’orée de 2007

Publié le samedi 30 décembre 2006 à 10h32min

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Banny et Gbagbo

De Accra à Addis Abeba en passant par Marcoussis, Abuja ou Dakar, les multiples conclaves, devant permettre une sortie de crise à la Côte d’Ivoire n’ont pas abouti au résultat escompté depuis 2002.

Quatre ans après, le pays de Félix Houphouët Boigny est toujours à la croisée des chemins. Depuis novembre 2006, la guerre des prérogatives entre le président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Charles Konan Banny n’est pas prête de s’estomper.

19 septembre 2002. La Côte d’Ivoire venait de plonger dans une crise dont les protagonistes et les observateurs ignoraient la proportion et la durée. A l’origine, un coup d’Etat manqué, qui s’est rapidement transformé en rébellion avec 70% du territoire, le Nord en l’occurrence, sous contrôle des rebelles. Dès lors, la communauté africaine et la France, l’ancienne puissance coloniale (ses ressortissants et ses intérêts en Côte d’Ivoire sont une donnée importante) se mettent au chevet de la « perle de l’Afrique de l’Ouest » afin qu’elle ne sombre pas dans le chaos. Ainsi, eurent lieu Accra I, II, III et aussi Lomé, Dakar et les accords de Linas-Marcoussis et Paris Kléber, etc.

Mais c’était sans compter avec les revirements spectaculaires de Laurent Gbagbo (feu le général Guéi l’avait surnommé le boulanger d’Abidjan), qui de retour des différentes rencontres de sortie de crise, pré-citées se montrait réticent à appliquer les accords signés de commun accord avec les différentes parties. Pire, « l’enfant de Mama » voyait en la crise de son pays, la main de certains pays voisins, refusant de reconnaître que le drame que traverse son pays est profondément ivoiro - ivoirien.

L’entêtement du président ivoirien à faire fi des différents accords signés et à résoudre la crise par la force, conduira à la « gaffe » de novembre 2004 : le bombardement par l’armée ivoirienne de la base militaire française de Bouaké ayant entraîné la mort de soldats français. En riposte, l’aviation ivoirienne sera complètement détruite, sur ordre du président Jacques Chirac himself.

Le mandat présidentiel, prolongé à deux reprises

Et les manifestations anti-françaises les 4 et 6 novembre 2004, se sont soldées par de nombreuses victimes au sein des « jeunes patriotes » fidèles à Laurent Gbagbo.

Dans la foulée, la médiation du président Sud africain, Thabo M’Beki n’a pas été crédible (du fait de son soutien affiché au président Gbagbo), même si elle aura eu comme élément positif, la possibilité pour l’opposant Alassane Dramane Ouattara de s’aligner pour la course à la présidence.

Face à un tel blocage, le report de l’élection présidentielle d’octobre 2005, (qui marquait la fin du mandat de Gbagbo, entamé en octobre 2000) paraissait inéluctable. Dans cette dynamique, la résolution 1633 de l’ONU, votée en octobre 2005 prolongeait d’un an, le mandat du président ivoirien. Mais un Premier ministre, chargé de créer les conditions pour des élections libres et transparentes devait être nommé.

C’est dans ce contexte que l’ex-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Charles Konan Banny, fut l’heureux élu (?) désigné en décembre 2005 par la communauté internationale. Il avait pour mission de créer les conditions propices à la tenue d’élection présidentielle à laquelle lui-même ne devrait pas participer.

Un an après, c’est le statut quo : les opérations d’identification, les programmes de désarmement, la restructuration de l’armée, la tenue d’élections démocratiques sont restés un leurre. La conséquence de cette donne, la prolongation, une fois de plus du mandat de Laurent Gbagbo par l’ONU à travers la résolution 1721 votée le 1er novembre 2006, mais avec des pouvoirs élargis conférés au Premier ministre Banny.

Voilà que lors d’une récente sortie télévisée, Laurent Gbagbo affirme sa ferme volonté de sortir de la crise en énonçant cinq propositions : l’instauration d’un dialogue direct avec la rébellion en vue du désarmement et de la réunification du pays, la suppression de la zone de confiance, la création d’un service civique national, une amnistie générale qui ne couvrira pas les crimes contre l’humanité et les crimes économiques, la mise en place d’un programme d’aide au retour des déplacés de la guerre.

En affirmant sa volonté de supprimer la zone de confiance (bande de territoire démilitarisée coupant le pays en deux), Laurent Gbagbo semble remettre en cause la présence des forces impartiales qui la sécurisent, c’est-à-dire les 7 000 casques bleus marocains déployés par l’ONUCI et les 3 500 soldats français de l’opération Licorne.

Si Laurent Gbagbo marque son hostilité à certaines dispositions de l’ONU, le Premier ministre de son côté, entend exécuter pleinement la mission que l’Organisation des Nations unies lui a confiée.

Le Premier ministre qui doit par ailleurs gouverner par ordonnance et décrets bénéficie du soutien des partis classiques de l’opposition et de la rébellion des forces nouvelles. En face, l’armée, par le biais de son chef d’Etat-major, a signifié son allégence au président de la République.

Au regard de cette donne, la cohabitation entre le Premier ministre et le président de la République s’apparente déjà à une guerre des prérogatives et compétences et de la constitution contre la résolution 1721 du Conseil de sécurité.

Une situation qui n’augure rien de bon pour 2007. A moins que les deux têtes de proue de l’exécutif ivoirien et leurs partisans respectifs accordent leurs violons afin qu’à l’échéance du 31 octobre 2007, des élections libres et justes soient tenues et qu’une paix définitive soit enfin installée en Eburnie. On peut se permettre d’y rêver. Mais en attendant, la Côte d’Ivoire est toujours à la croisée des chemins.

Une crise identitaire non circonscrite

Pour revenir aux origines profondes de cette crise qui perdure, on peut avancer qu’elle aurait pu être évitée, si le « Vieux », feu le président Félix Houphouet Boigny, ne s’était pas illustré par sa gestion paternaliste du pouvoir. Toute chose qui n’a pas permis au bélier de Yamoussoukro de négocier une succession réussite.

Et cela, d’autant plus qu’une crise identitaire non maîtrisée pouvait éclater à tout moment, au regard des millions de ressortissants ouest-africains, vivant dans ce pays.

Le premier signal avec le premier successeur du « Vieux », Henry Konan Banny, a été les événements de Tabou où des autochtones et des Burkinabè se sont violemment affrontés. En décembre, le « père Noël » venu balayer la maison Côte d’Ivoire fut à son tour balayé pour n’avoir pas voulu, ou su maintenir cette unité nationale, préférant plutôt se maintenir au pouvoir contre vents et marées.

Le « balayeur » du général ne fera pas mieux que son prédécesseur, puisque la xénophobie et l’exclusion d’éléments de l’armée, provenant du Nord du pays, seront exacerbées ».

Exclus, rejetés, marginalisés, ces frustrés n’ont eu comme recours, que les armes pour réclamer leurs places dans ce pays, qui pour la plupart est celui aussi de leurs ancêtres.

Gabriel SAMA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 décembre 2006 à 17:39, par Essigan En réponse à : > Côte d’Ivoire : La quadrature du cercle à l’orée de 2007

    L’auteur de cet qrticle évite fort habilement de parler de l’implication de pays voisins de la RCI, en l’ocurence. Nullement étonnant d’autant que Sidwaya est la voix du gouvernement et réfugie derrièere la posture énnoncéé par le ministre Jean De Dieu Somda aux premières heures de la crise en RCI:c’est une crise ivoiro-ivoirienne. Et on le sait, les voisins de la RCI sont impliqués jusqu’au cou. Pour plusieurs raisons :
    1- le Burkina Faso a servi de base arrière au MPCI
    2- les pays voisins tirent des dividendes des trafics de tous ordres perpétrés par la rebellion. Le dernier rapport sur le pillage des richesses de la RCI par la rebellion en atteste.
    -3 la position centrale occupée par le pouvoir burkinabé dans les sommets de négociation ( sa qualité de membre de la sous-région n’explique p as tout)
    -...
    Ainsi que le dit sieur Gbagbo, le temps est l’autre nom de Dieu. L’histoire est sans pitié. Elle situera les responsabilités de tous et chacun. A commencer par les ivoiriens et leur président.

    Alea jacta

    Esssigan

    • Le 2 janvier 2007 à 16:51, par Sana En réponse à : > Côte d’Ivoire : La quadrature du cercle à l’orée de 2007

      Ivoirien, arrêtez votre haine envers les Burkinabè. Cet article est un resumé de la crise Ivoiro Ivoirienne. Il est de belle facture.
      Le Faso s’implique dans la resolution de la crise parce qu’il est le pays qui a le plus de ressortissant dans ce pays. Celà est normal.
      Le reste c’est du déjà vu et entendu.

  • Le 31 décembre 2006 à 10:56, par jacko En réponse à : > Côte d’Ivoire : La quadrature du cercle à l’orée de 2007

    Cher ami,
    la haine que vous portez contre le peuple ivoirien se retournera contre vous. Une affaire ivoiro-ivoirienne dans laquelle le burkina entraine et arme les rebelles, où compaoré declare que Gbagbo finira comme Millosevic. Pourquoi alors tant d’engagement de la France et ces relais africains à reformer les regles en CI. au lieu de dire aux ivoiriens asseyez-vous et discutez entre vous ?

    Mefions-nous car le renard passe. Ceux qui sement le malheur et la desolation chez le voisin (Liberia, Sierra-leonne,CI) doivent s’attendre a un retour de baton.

  • Le 13 janvier 2007 à 02:09, par geau En réponse à : > Côte d’Ivoire : La quadrature du cercle à l’orée de 2007

    Je voudrais vous remercier pour l’intérêt que vous accordez à la Côte d’Ivoire, en tant que’élève journaliste,je suis heureux de lire l’article d’un confrère.

    Vous écrivez bien c’est beau,mais qu’est ce que vous apporter de plus,la communauté internationale a fait cas de cela à plusieurs reprises.
    Laissez moi vous dire que les ivoiriens ont vécu et continuent de vivre en parfaite harmonie avec les burkinabés ; j’ai moi aussi des cousins burkinabés.
    Vous dites bien que les burkinabés sont en grand nombre en Côte d’Ivoire, c’est la preuve qu’ elle n’est pas xénéphobe, exclusionniste ou toutes choses que vous pensez . Il y’a des millions de vos frères qui sont ici, d’autres sont y nés et ne connaissent même pas le Burkina. Je me pose la question de savoir en tant que journaliste,avez vous vécu en Côte d’Ivoire avant de prendre position. A vous lire, on constate que seul un ignorant de mauvaise foi qui cherche à nuire à autrui peut imaginer de tels propos,qui ont pour but de servir la cause de ce qui ont endeuillé les ivoiriens dans la nuit du 18 septembre 2002.
    Par ailleurs à travers vos écrits, on s’apperçoit donc de ceci :"le Burkina a entrainé les rebelles pour se venger des affrontements de Tabou" . Vous venez de montrer la cause pour laquelle votre pays à servir de gîte aux rebelles,je ne sais pas si vous en avez conscience. C’est tout ce que l’on pourrait retenir de votre bilan pour un averti.
    En ce qui concerne les militaires, j’ai mal et je vous demande de faire une étude comparée de la configuration de l’armée ivoirienne avec celle du Burkina, pour cela je t’invite à prendre les statistiques de ton pays et voir comment l’armée est repartie selon les ethnies au niveau des variables que sont : les officiers supérieurs, les officiers, les sous officiers et les éléments de troupe.
    Pour terminer je voudrais t’inviter à méditer avec moi cette parole du Christ "avant de voir la paille qui se trouve dans l’oeil de ton voisin,il faut enlever la poutre qui se trouve dans ton oeil".
    En somme évitons de mettre le feu là où, il n’y a pas lieu de mettre, si vous voulez aider notre pays où réside vos frères,c’est d’apporter des critiques objectifs,de soutenir ce pays pour retrouver la paix. je salue un ami et frère burkinabé avec qui j’ai grandi dans la ville d’Adiaké sud est de la CI, du nom de Simporé Sacma

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