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Militaires, gendarmes, policiers : Le combat est ailleurs

Publié le mercredi 27 décembre 2006 à 08h25min

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Les incidents entre militaires et policiers, survenus les 20 et 21 décembre derniers, ont connu plusieurs versions. Les rumeurs continuent de faire leur chemin, augmentent le nombre des victimes ou le diminuent, font état de responsables militaires qui ont été éconduits par les manifestants et instaurent le couvre-feu à tout moment.

Aujourd’hui et fort heureusement, les choses se sont tassées et on espère être parvenu à la paix des braves comme les Editions "Le Pays" l’ont toujours souhaité et écrit.

De même, nous sommes heureux que parmi les décisions dont a accouché la rencontre entre la hiérarchie des forces de défense et de la sécurité, figure en bonne place la mise en place d’une structure qui devrait prévenir les conflits entre les différents corps. Nous l’avons préconisé dans la rubrique, "La Chronique du Fou", dans notre édition du vendredi 23 décembre dernier.

Car nous demeurons convaincus que pour conserver sa réputation de pays de paix et de stabilité, le Burkina a besoin d’une armée républicaine, d’une police dévouée dans sa mission d’assurer la sécurité des Burkinabè et d’une gendarmerie responsable. Jusqu’aux derniers incidents qui ont connu des débordements d’une ampleur inattendue, les forces militaires et paramilitaires burkinabè ont toujours su dans leurs domaines respectifs, assumer les missions à elles dévolues.

Certes, à la lumière des incidents malheureux qui ont conduit les militaires à manifester suite à la mort d’un des leurs, des revendications précises ont été greffées à ce mécontentement. Les militaires, notamment à la base, ont réclamé des conditions de vie meilleures et ils ont eu l’écoute de Yéro Boly, le ministre de la Défense qui, sans doute, transmettra ces doléances au chef suprême des armées afin qu’elles soient examinées avec beaucoup de bienveillance. Cela y va de l’intérêt de la nation entière.

L’autre aspect qui pourrait constituer un véritable dilemme, ce sont les moyens trop importants qui auraient été accordés aux forces de sécurité. Peut-il en être autrement si l’on veut lutter contre une insécurité de plus en plus grande qui, à l’instar d’une hydre dont les tentacules qui ont enlacé tout le Burkina, poussent dès que sectionnées ? Face à la force de frappe des bandits, les populations avaient exigé que des moyens conséquents soient mis à la disposition des policiers qui, compte tenu de leur état de dénuement, brillaient par leur absence ou leur faiblesse sur le terrain.

Doit-on pour autant créer une armée dans l’armée en donnant aux policiers, notamment les CRS (Compagnie républicaine de sécurité) les mêmes formations que les militaires et des armes de guerre ? Ce qui peut ressembler à un casse-tête pourrait ne pas en être un, car dans l’utilisation de ces armes, les forces de sécurité ne doivent jamais oublier que leur unique cible, ce sont les gangsters qui empêchent les populations de vivre et de travailler en toute quiétude. Qu’ils soient de la police nationale ou de celle municipale, le policier ne doit se soucier que de rétablir l’ordre où il n’existe pas et de veiller à son maintien là où il y en a. Les rackets et autres abus qui leur sont reprochés prendront ainsi fin et leur image sera restaurée dans l’imaginaire populaire.

Nul doute que la rencontre de la matinée d’hier sera utile à plus d’un titre. Toutefois, des points de presse n’étaient-ils pas nécessaires dans ces genres de situation ? Cela contribuerait inéluctablement à rassurer les populations paniquées et fortement inquiétées par les rumeurs.

Une chose est certaine, il est temps que chacun prenne ses responsabilités, au sommet comme à la base afin que forces de défense et forces de sécurité oeuvrent, dans leurs camps respectifs, à remplir la mission que leur a confiée la Nation. "Faites l’amour, pas la guerre", est une injonction qui prend tout son sens.

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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