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Nationalisme et panafricanisme : Les nouvelles armes de Gbagbo

Publié le mercredi 27 décembre 2006 à 08h06min

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Laurent Gbagbo

Laurent Koudou Gbagbo, chef de la résistance anti-française. Laurent K. Gbagbo, nationaliste bon teint, passé au statut de grand panafricaniste. Patiemment et sûrement, le personnage politique ivoirien a bâti une stratégie qui, aujourd’hui, fait recette : créer un sentiment anti-français et s’allier, de cette façon, plus de sympathisants, tant au niveau national qu’au-delà des frontières ivoiriennes.

Au plan interne, le président ivoirien s’est jusque-là employé à surfer sur la vague du nationalisme qu’il affectionne, par ses discours anti-français. Et c’est peu dire que son discours porte dans bien des milieux. Avec la patience d’une araignée, il a tissé sa toile.

A l’extérieur également, des voix s’élèvent de plus en plus pour rendre hommage à ce "panafricaniste" que certains n’ont pas hésité à qualifier de Kwamé N’Krumah des temps modernes. Mais aussi, pour saluer le courage et la clairvoyance de ce rare chef d’Etat africain qui a osé dire non à la France.

On sait également que le chef d’Etat ivoirien bénéficie de soutiens de certains de ses pairs, en termes d’appuis déclarés ou tacites. Sont évidemment de ces chefs d’Etat, ceux qui sont en mauvais termes avec la France, comme le président rwandais Paul Kagamé.

En se faisant passer pour un martyr, Gbagbo a travaillé à instaurer un front anti-français. Ce front présente un double avantage : il lui permet de devenir plus fréquentable, mais aussi, et par ricochet, de sortir peu à peu de son isolement ; un isolement qu’il travaille d’ailleurs à rompre, puisqu’il n’hésiterait pas à mettre tous les moyens - en nature ou en espèces- pour bénéficier d’appuis divers.

Depuis les événements survenus devant l’hôtel Ivoire, le 6 novembre 2004, à Abidjan, suite à une sanglante répression de manifestations anti-françaises, le sentiment anti-français n’a jamais été plus vivace. "On ne gère pas la Côte d’Ivoire comme on gère un département français " ou encore, "la Côte d’Ivoire n’est pas un quartier de Paris". Tous ces discours hostiles à l’ancienne métropole, parce qu’ils s’adressent principalement à une jeunesse qui n’a pas toujours une bonne faculté de discernement, profitent-ils véritablement à la Côte d’Ivoire ? Assurément, non ! En tout cas, pas tant que le langage anti-français détournera l’attention des Ivoiriens des vrais problèmes du pays.

Le manteau de panafricanisme doublé de nationalisme que le président ivoirien souhaite faire sien, est, en réalité un grotesque costume qui porte la vilaine marque d’un panafricanisme de mauvais aloi assorti d’un nationalisme étriqué.

En fait, ce discours n’a rien de sincère. Il s’apparente plutôt à de la manipulation, à un cirque qui n’a pour autre but que d’endormir les consciences. Peut-on en effet se montrer panafricaniste quand les fondements de sa politique ont pour noms ivoirité, exclusion, stigmatisation des étrangers et division ? Laurent Gbabgo a-t-il posé des actes forts qui témoignent d’un idéal panafricaniste ? A l’inverse, qui peut nier les nobles actions du père fondateur de la nation ivoirienne, notamment en matière d’intégration des communautés étrangères vivant sur le sol ivoirien ?

Ne nous voilons pas la face : la farce à laquelle se livre Laurent Gbagbo est une arme redoutable. Une farce dont le Premier ministre Charles Konan Banny, en est le dindon. Ecrasé par la stature d’un président qui ne veut céder la moindre parcelle de son pouvoir, et qui ne cesse d’agiter les grelots de l’annexion française, le Premier ministre voit son autorité de plus en plus hypothéquée.

Seule la France porte l’entière responsabilité du malaise ivoirien, c’est ce que l’on veut faire croire au monde entier, du côté du pouvoir.

Chose curieuse, sauf omission de notre part, aucun chef d’Etat, à ce jour, ne s’est prononcé ouvertement sur le dernier discours du président ivoirien, demandant la suppression de la zone de confiance. De même, le débat sur la présence d’armées étrangères en Afrique et leur modalité d’intervention est inexistant au sein de l’Union africaine. Si bien que Laurent Gbagbo, en fin manipulateur, peut toujours être assuré d’utiliser ce vide à des fins personnelles.

Cela dit, si le président ivoirien trouve toujours des oreilles sensibles à son discours nationaliste, la France en porte une grande part de responsabilité, elle qui, par ses ingérences maladroites et anachroniques sur le continent, a pu créer des ressentiments au sein des populations africaines, notamment dans l’inconscient des jeunes. Les récents exemples de la Centrafrique et du Tchad sont là pour l’attester.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 décembre 2006 à 21:28 En réponse à : > Nationalisme et panafricanisme : Les nouvelles armes de Gbagbo

    Seul le" pays" ne sait pas le role important de la France dans les conflits africains. Les Burkinabe peuvent dire ce qu’ils veulent de Gbagbo. Mais sache que l’africain en general epouse ses idees. C’est une nouvelle generation qui dit non a la vielle politique africaine de la France. La marche est lancee. Vous pouvez venir a bord ou rester derriere. L’afrique doit evoluer.
    Pour l’histoire : Gbagbo n’a pas cree l’ivoirite !!!!!

    • Le 29 décembre 2006 à 14:02 En réponse à : > Nationalisme et panafricanisme : Les nouvelles armes de Gbagbo

      Gagbo n’a pas cree l’ivorite mais il ne s’empeche pas de l’utiliser. Combien d’etrangers ont ete victimes de cette xenophobie exacerbee par le regime de Gagbo. Et encore une fois dire non a la France, c’est tres loin du PANAFRICANISME. Ne confondons pas les choses. Je ne sais pas non plus sur quelle evidences vous vous basez pour dire que les africains en general soutiennent Gagbo. Le soutiennent t’il pour son refus de la politique francaise ou pour les tueries des etrangers africains en RCI. Enfin, l’article du PAYS n’est pas un ecrit des burkinabe. Arretez une fois de plus de faire appel aux nationalites. C’est comme cela que l’on entretien les frustrations puis la haine dans le coeurs..

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