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Affaire Alizèta Ouédraogo et le journal “Le Citoyen” : Le silence incompréhensible du ministre Benoît Ouattara

Publié le samedi 23 décembre 2006 à 09h41min

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Suite à un article paru dans le journal Le Citoyen N°036 du 22 novembre au 7 décembre 2006 titré : Mafia économique : "Benoît complote pour la belle-mère nationale", notre confrère disait avoir mis la main sur une correspondance du ministère du Commerce destinée au ministère des Finances et du Budget proposant des mesures pour favoriser les activités de la société que dirige Alizèta Ouédraogo.

Se sentant visé et attaquée dans sa vie privée cette dernière n’a pas hésité à exprimer à Yacouba Ouédraogo, l’auteur de l’article son indignation. Mais rien de tout cela ne serait arrivé si Benoît Ouattara et son équipe avaient su jouer à la transparence en apportant des éléments de réponse pour couper court à cette passe d’armes.

Dans une société, les bruits naissent courent et se répandent. Le rôle du journaliste ne consiste pas à apporter des réponses à la rumeur mais de toujours aller à la source de l’information afin de confirmer ou d’infirmer ses déclarations sur des bases tangibles. Le journaliste est celui qui bouscule, qui cherche à découvrir, qui dénonce et qui interpelle. Il ne faut pas lui en vouloir, il ne fait que son travail. C’est pour éviter que les rumeurs naissent et se répandent que le journaliste est chaque fois sollicité par les acteurs de tous les secteurs pour vulgariser l’information. Depuis un certain temps, le gouvernement a répondu favorablement à certaines préoccupations du monde des affaires, des syndicats et en un mot de toute la population en procédant à un certain nombre de mesures permettant de meilleures conditions de vie et de travail. Toutes ses mesures ont toujours été accompagnées d’une politique rigoureuse de communication.

On se rappelle de la décision du gouvernement de donner une suite favorable aux avancements des fonctionnaires et la prise en charge des risques professionnels, la réduction de la facture de branchement d’eau etc. Dans plusieurs secteurs, le gouvernement est en train d’entreprendre des réformes.

Le secteur des affaires en est un exemple. On se souvient que les opérateurs économiques, lors de la rencontre avec le Premier ministre, secteur privé / gouvernement les acteurs du secteur privé avaient émis le souhait au gouvernement d’assainir le secteur, pour réglementer et protéger les industries nationales, de faciliter l’acquisition d’un certain nombre de biens pour encourager l’investissement. De cette requête est née l’opération spéciale de délivrance de titre foncier. Le gouvernement a fait de très grandes concessions en diminuant considérablement les coûts pour permettre à tout attributaire de terrain d’accéder au titre foncier en général et pour les opérateurs économiques en particulier, de pouvoir donner en garantie hypothécaire leurs immeubles. Qui peut en vouloir au ministère des Finances et du Budget et particulièrement la direction générale des impôts, d’avoir entrepris cette opération ? Qui peut s’en prendre à un opérateur économique en se fondant uniquement sur cette opération ? Elle est pour l’intérêt général de la population et a fait l’objet d’une communication soutenue. Une mesure est critiquable lorsqu’elle est prise pour favoriser un groupe d’individus ou un individu. Comme les autres ministres, Benoît Ouattara a voulu entreprendre des réformes pour protéger le secteur des cuirs et peaux mais la correspondance qui contenait les propositions de mesures a été lue par un journaliste qui l’a comprise à sa manière.

M. Le ministre, la communication libère

Ce n’était pas à l’opératrice économique Alizèta Ouédraogo de répondre à Yacouba Ouédraogo mais au ministre Benoît Ouattara de faire le point sur les déclarations du journaliste et ce d’autant plus que l’écrit a été inspiré d’un document émanant de son ministère. C’est le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion de l’Artisanat qui est interpellé. La correspondance vient des services du ministère, c’est de leur devoir d’éclairer la population sur les vraies raisons de cette correspondance qui contient des mesures afin de réglementer l’exportation des cuirs et peaux.

A l’heure actuelle, seul Yacouba Ouédraogo croit détenir la vérité parce que Benoît Ouattara et ses hommes ont décidé de cultiver le silence. Pourquoi ne pas organiser une conférence de presse pour éclairer la situation ? Faut-il rappeler le diction qui dit que qui ne dit mot consent ?

On se pose la question de savoir comment Yacouba Ouédraogo a fait pour obtenir cette correspondance ? La fuite est-elle venue du ministère du Commerce ou de la société Tan Aliz ?

C’est toute la question. Les sources du journaliste peuvent venir de l’un ou de l’autre des côtés. Nous n’en savons rien, ce que nous savons c’est que Benoît Ouattara et son équipe doivent nous donner des explications pour circonscrire tous les entendus et sous-entendus nés de cette situation. Loin d’être un avocat du ministère du Commerce, nous pouvons dire que depuis la rencontre gouvernement/secteur privé tenue le 07 juillet 2006 à Bobo-Dioulasso, le Premier ministre avait instruit le ministre Benoît Ouattara de procéder à la prise d’un certain nombre de règlements pour favoriser ce secteur qui est gangrené par la fraude.

Que le ministère du Commerce essaie de protéger une société n’est pas nouveau. Notre industrie est fragile et a besoin d’être protégée. Nos industriels le savent très bien. Dans tous les secteurs de notre industrie, les industriels ne cessent de réclamer des règles pour protéger leur industrie.

C’est normal. Le ministère, dans la mesure de son possible, essaie d’apporter sa contribution en adoptant des stratégies réglementaires pour protéger le tissu industriel. C’est le cas des cuirs et peaux.

Ces mesures concernent l’ensemble du secteur des cuirs et peaux. Si ces mesures semblent favoriser la société Tan Aliz, c’est parce qu’elle est seule sur le terrain. Sinon, des mesures de ce genre sont prises à chaque moment lorsqu’elles sont nécessaires pour protéger un secteur donné. Il revient au ministère de savoir communiquer quand cela est nécessaire. Il nous semble que c’est le cas ici.

Alizèta Ouédraogo, une victime

Il est très difficile de se contenir lorsqu’on se sent critiqué mal à propos. Notre confrère a écrit un bon article, mais s’il s’était limité à l’affaire de la correspondance, Alizèta Ouédraogo n’aurait pas réagi de la sorte. Mais plus du quart de l’article "lave" copieusement la PDG de Tan Aliz.

On ne peut pas ne pas se mettre en colère quand on vous traite de tous les péchés d’Israël. Pour quelqu’un qui connaît très bien Alizèta Ouédraogo, on peut dire qu’il y a eu des insuffisances et de l’incohérence sur la partie qui relate le passé de cette dame. Il n’est pas de notre intention de critiquer le travail de notre confrère, nous ne faisons qu’une critique objective au regard de cet écrit. Alizèta Ouédraogo, prise de colère certainement, ne s’est pas retenue pour répondre à Yacouba Ouédraogo. Malheureusement elle ne pouvait que s’en prendre à l’auteur de l’article.

En évoquant le "Gaoa" de Kaya elle a voulu exprimer l’ampleur du choc qui l’animait. Le métier de journaliste est très difficile et dans sa recherche permanente du sensationnel, le journaliste peut heurter la sensibilité d’une personne. Cela peut arriver. Nul n’est infaillible. Il faut seulement reconnaître son tort et avoir assez d’humilité pour demander pardon. Le rôle du journaliste n’est pas de nuire mais d’informer.

Kibsa KARIM

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