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Exposé du Premier ministre Ernest P. Yonli sur l’état de la nation

Publié le samedi 10 avril 2004 à 09h59min

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Le Chef du Gouvernement, Paramanga Ernest Yonli était le jeudi 8 avril 2004 dans l’après midi à l’Assemblée nationale pour le traditionnel exposé sur la situation de la Nation. Depuis sa nomination le 6 novembre 2000 au poste de Premier ministre et sa reconduction le 6 juin 2002 suite au renouvellement de l’Assemblée et à l’installation de la législature actuelle, Paramanga Ernest Yonli sacrifie pour la quatrième fois consécutive à cet exercice dicté par la Constitution en son article 109

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

C’est toujours avec le même plaisir que je me retrouve à l’Assemblée Nationale, pour rendre compte à notre peuple, à travers vous, ses légitimes représentants, de l’état du Faso, notre maison commune.

Ce rendez-vous annuel a toujours représenté pour moi un moment irremplaçable d’échanges et de dialogue. Il m’offre également l’occasion de saluer chaleureusement chacune et chacun de vous ici présents.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Vous avez la noble et lourde mission de faire entendre, au cœur même de nos institutions, la voix de tous les Burkinabé. Il vous revient, conformément à la Constitution de traduire dans les lois et dans le contrôle de l’action gouvernementale, les attentes de nos concitoyens.

Ces hautes responsabilités font naturellement de l’Assemblée nationale, un des principaux piliers de la République et de la démocratie. Il n’y a pas de démocratie vivante sans un parlement exerçant la plénitude de ses prérogatives ; notamment celles de contrôle. Le Gouvernement, pour sa part, ne ménage et ne ménagera aucun effort pour renforcer les rapports républicains entre l’Assemblée nationale et l’Exécutif, gage de fonctionnement efficient de notre démocratie.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Ce temps fort dans la vie de notre système institutionnel me donne aujourd’hui l’occasion de vous présenter un tableau dynamique de la situation de la nation dans lequel l’action gouvernementale doit être perçue comme un projet politique cohérent, au travers du quotidien et de la diversité des évènements qui marquent la vie de notre pays.

Sur le plan intérieur, cette action s’articule autour de la lutte contre la pauvreté et de l’édification constante de la gouvernance démocratique, socle de l’Etat de droit.

Sur le plan extérieur, notre démarche est guidée par notre ferme volonté d’oeuvrer à l’avènement d’un monde plus juste, plus solidaire, dans la paix et dans la coopération.

Sous la conduite déterminée de Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE, Président du Faso, le gouvernement inscrit son action autour d’un projet : construire un Etat de droit fort pour donner au Burkina Faso tous les atouts face aux défis qui lui sont posés. Ces défis, la nation burkinabé que vous représentez ici les relève chaque jour, grâce à ses capacités de création de richesses et à la solidarité de ses filles et de ses fils.

Nous sommes tous fiers, aujourd’hui plus qu’hier, de former cette nation, de partager la même histoire et d’adhérer aux valeurs de la République.

Cette République, ce sont des principes que nous devons faire vivre au quotidien, dans la démocratie et le respect de l’Etat de droit, dans la solidarité et le dialogue permanent.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

L’exigence du peuple burkinabé que vous représentez, est celle d’une plus grande efficacité de l’Etat dans les réponses qu’il doit apporter à ses préoccupations.

L’une des préoccupations essentielles de nos vaillantes populations, demeure la question de la sécurité dans les villes et les campagnes.

A ce titre, nos forces de sécurité ont travaillé pour le maintien des acquis des opérations ciblées des années antérieures. Ces opérations avaient permis, permettez-moi de le rappeler, de sécuriser les régions les plus touchées par le grand banditisme.

C’est ainsi qu’au cours de l’année 2003, certaines régions frappées par le phénomène du grand banditisme ont bénéficié de plusieurs actions ponctuelles d’envergure.

Cependant, le nombre des attaques à main armée a connu un accroissement dont les effets, combinés à la témérité des délinquants, à la violence de leurs actions et au perfectionnement des armes utilisées, sèment la désolation au sein de nos braves populations.

Force est de constater qu’aujourd’hui, la grande délinquance pénètre l’ensemble de nos espaces territoriaux, en s’appuyant pour ce faire, sur des mouvements migratoires dans une sous-région secouée par de multiples conflits, qui favorisent la circulation d’armes et de délinquants de toute nature.

Par ailleurs et à l’instar de tous les pays africains, notre société est en pleine mutation et conjugue de nouveaux modes de vie, de nouvelles formes d’organisation. Elle est plus urbaine et de moins en moins structurée autour de nos valeurs traditionnelles.

Les problèmes de la délinquance sont imbriqués et vont de la famille à la jeunesse, de l’éducation à l’emploi, de la prévention à la sanction. Toute la société doit participer à leur résolution. Le Gouvernement est pleinement engagé dans ce combat car il doit aux Burkinabé la sécurité sans laquelle, il n’y a aucune autre liberté. Il lui revient, au premier chef, de renverser cette évolution inacceptable du grand banditisme. Notre réponse à la délinquance est et restera très ferme, mais respectueuse des principes de l’Etat de droit et de la dignité humaine.

La mise en oeuvre effective et la vulgarisation du concept de police de proximité permettront, à terme, de combattre le sentiment d’insécurité qui est tout aussi néfaste que l’insécurité elle-même. A cet égard, la loi n° 032/2003/AN du 14 mai 2003 relative à la sécurité intérieure, consacre la formalisation du concept de police de proximité.

L’année en cours connaîtra la mise en place annoncée des cadres de concertation réunissant services de sécurité et populations autour d’actions combinées, gage d’efficacité certaine.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Si la sécurité des Burkinabé est une question de moyens et d’organisation, elle dépend aussi et avant tout des femmes et des hommes qui servent dans nos forces de sécurité. A ce titre, les agents, qui parfois au péril de leur vie assurent notre sécurité quotidienne, doivent bénéficier du soutien du corps social tout entier. La tragédie qui a coûté la vie à trois policiers le 18 février dernier, est révélatrice de l’engagement de tous les instants des forces de l’ordre dans la lutte contre l’insécurité et singulièrement contre le grand banditisme.

Face aux actes de barbarie perpétrés dans le Kouritenga, notre condamnation bien sûr est totale, comme l’est notre détermination à lutter sans relâche contre la délinquance.

Je veux ici exprimer l’émotion et la colère que j’éprouve avec vous tous et l’ensemble de nos compatriotes devant l’innommable. Je pense, en ces instants, aux victimes, je pense à leurs familles, je m’incline devant leur douleur.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Je me réjouis de constater que loin de se décourager face à ces agressions illégitimes et répétées, nos forces de sécurité s’organisent mieux avec beaucoup de courage et une détermination accrue pour une réplique appropriée. Je les assure de notre respect et de notre soutien.

Ce sont ces efforts, conjugués à l’émergence d’un esprit de citoyenneté de nos populations en matière de sécurité et de la bonne collaboration des forces de sécurité des pays limitrophes, qui ont permis l’arrestation de l’ensemble des éléments du gang qui écumaient la région de l’Est de notre pays et qui sont en particulier responsables de la mort des trois policiers.

Il faut ajouter à cela, l’arrestation de Saul TRAORE à Ouagadougou et de Louis Aimé SANOU à Bobo-Dioulasso.

Ce sursaut est un signal fort pour l’ensemble des grands délinquants qui sèment la désolation parmi nos paisibles et laborieuses populations. La Nation burkinabé, unie et solidaire face à ce danger qui menace ses acquis et ses ambitions en matière de développement, ne ménagera aucun effort pour son éradication.

Le Gouvernement pour sa part, et dans le souci d’accompagner ce sursaut républicain en lui donnant plus de consistance, a décidé d’allouer au département de la sécurité, une enveloppe exceptionnelle de deux milliards cinq cent millions de nos francs sur le budget 2004. Venant s’ajouter à la dotation initialement prévue dans ce budget, cette enveloppe permettra à nos forces de sécurité de renforcer leur mobilité, d’améliorer leur système de communication et de renforcer leur propre sécurité.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Nos valeureuses forces armées jouent un rôle très important dans la lutte contre l’insécurité et c’est tout naturellement que nous les associons à l’hommage rendu aux forces de sécurité.

Au cours de l’année 2003, nos efforts ont visé le renforcement des capacités opérationnelles de l’armée, aussi bien pour ce qui concerne le personnel que pour les équipements. Ces efforts seront poursuivis en vue d’accroître l’efficacité de nos forces armées dans l’exercice de leurs missions républicaines.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

La quête permanente pour un véritable Etat de droit où la justice et les droits de l’Homme sont une réalité, est également une préoccupation constante du peuple burkinabé.

Au cours de l’année écoulée, le processus de restructuration de la justice engagé par le Gouvernement à travers le Plan d’Action National de Réforme de la Justice 2002-2006, s’est poursuivi.

Pour atteindre l’objectif de rapprochement de la justice des justiciables, des travaux de construction ont été réalisés pour les tribunaux de grande instance et les maisons d’arrêt et de correction de Manga, Kongoussi, Bogandé, Diapaga, Tougan et Ziniaré et des murs de clôture pour les palais de justice de Tenkodogo et de Koudougou.

A tous ces chantiers, viendra s’ajouter au cours de cette année 2004, la construction de nouveaux tribunaux à Léo, Boromo et Yako, d’une 3ème Cour d’Appel et d’un centre national de documentation juridique.

S’il appartient à cet égard au Gouvernement de donner à l’appareil judiciaire, tous les moyens matériels et humains d’un fonctionnement efficient, il lui incombe également, plus qu’à tout autre acteur, de faire vivre dans le domaine de la justice, les principes et les valeurs de la République. Une des valeurs cardinales qui fondent notre pacte démocratique est la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice, dans le traitement des dossiers qui lui sont soumis. Le Gouvernement, faisant preuve de constance, ne sera jamais pris à défaut sur le respect de ce principe constitutionnel.

C’est cet esprit qui a guidé la gestion de la tentative de putsch dont le jugement a commencé le 6 avril 2004 devant le tribunal militaire. Cette gestion qui a été relevée et saluée par tous les acteurs et observateurs objectifs, est l’illustration, si besoin encore en était, des avancées faites par notre pays en matière de conquête démocratique.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Concomitamment à la mise en oeuvre d’une justice efficace et égale pour tous, nous avons poursuivi, pour la part qui nous revient, nos efforts d’assainissement de la sphère publique, en vue de débarrasser notre administration de tous les maux qui la gangrènent.

En la matière, l’installation définitive des institutions de contrôle et de moralisation des structures étatiques s’est achevée et celles-ci se sont résolument mises au travail.

C’est ainsi que le Comité national d’éthique et la Haute autorité de coordination de la lutte contre la corruption ont remis, respectivement au Chef de l’Etat et à moi-même, leurs premiers rapports, auxquels le gouvernement entend donner les suites appropriées.

En effet, la lutte contre la corruption et la fraude exige une volonté politique. Cette volonté existe et ne fera pas défaut. Il y a lieu cependant d’affirmer sans démagogie, que si la corruption et la fraude ne sont ni inévitables, ni insurmontables, leur solutionnement exclut la facilité.

L’éradication de ces fléaux qui désagrègent l’Etat de droit, exige un engagement aussi bien des gouvernants que des citoyens. A cet égard, les organisations de la société civile, la presse et le secteur des affaires, ont tous un rôle crucial de pédagogie à jouer. Le Gouvernement les y invite.

Car la pédagogie du comportement dans ce domaine doit accompagner la répression des actes délictueux. Le civisme ne peut pas seulement s’enseigner ou se proclamer. Il doit aussi et avant tout se pratiquer et là comme ailleurs, la vertu n’est le monopole de personne et n’appartient à aucun camp politique.

Sur cette question de la moralisation de l’action publique, l’histoire de notre pays invite l’ensemble de nos élites à se départir de tout manichéisme.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Depuis trois ans, le Président du Faso, lors de la Journée nationale de pardon que nous venons de commémorer, a pris l’engagement de réconcilier les Burkinabé avec leur histoire contemporaine, en offrant la reconnaissance de l’Etat à ceux qui ont souffert de violences en politique. Le Gouvernement, fidèle à cet engagement n’a pas relâché son effort.

Au 25 février 2004, 335 victimes de crimes, de spoliation, de vandalisme et d’abus administratifs, ont été concernées par l’indemnisation. Le montant total des paiements effectués à ce jour est de 1,587 milliard de francs CFA.

Cependant, les efforts financiers du Gouvernement n’auraient pas la même force sans le travail opiniâtre des personnalités coutumières, religieuses et de la société civile, qui s’attèlent chaque jour à l’œuvre de la réconciliation nationale. Je tiens, une fois de plus, à leur rendre hommage.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Nos concitoyens expriment tous les jours leur besoin d’un Etat moderne et efficace. C’est pourquoi, dans un monde en perpétuelle mutation, ses missions subissent des changements.

L’action du Gouvernement, tout au long de l’année écoulée en matière de réforme de l’Etat, s’est inscrite en droite ligne de l’ambition du Président du Faso, de mettre le développement de notre pays au service de la solidarité.

Le Gouvernement qui s’y est attaché a engagé des réflexions pour la définition d’une stratégie de mise en oeuvre de la politique nationale de réforme de l’Etat.

S’agissant de la Fonction Publique, l’augmentation de l’âge de la retraite a été annoncée par le Chef de l’Etat au début de cette année. Cette mesure qui résout de nombreux problèmes tenant essentiellement à la non capitalisation de l’expérience, à la réduction des effectifs et aux difficultés financières rencontrées par les institutions de sécurité sociale, sera complétée utilement, par des actions d’accompagnement ciblées.

Si les relèvements de l’âge de départ à la retraite constituent une véritable bouffée d’oxygène pour notre administration, la situation des avancements des agents en revanche, connaît des retards. Pour les résorber, des mesures énergiques sont actuellement mises en oeuvre.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

La nécessaire réforme de l’Etat et la modernisation de notre administration publique s’accompagnent, tout naturellement, de la poursuite des efforts déployés par le Gouvernement dans la conduite du processus de décentralisation.

Afin de permettre la consolidation progressive de ce processus à travers des échelons de décentralisation plus viables et plus réalistes, une modification des lois de décentralisation a été opérée en 2003. Cette révision a consacré la suppression de la province en tant que collectivité locale et a permis de préciser les compétences de la région comme telle, tout en améliorant les dispositions des lois en ce qui concerne le fonctionnement des structures décentralisées.

Désormais, il n’existe plus que deux échelons de décentralisation qui sont la commune et la région.

Il convient de noter, que le processus d’identification des limites territoriales des 309 communes rurales a pris fin depuis le mois de mars dernier. Ce mois a également enregistré le démarrage du recensement administratif de la population.

Outre son intérêt évident pour les actes de la gestion publique, le recensement administratif est un pendant indispensable à l’informatisation des listes électorales enclenchée par la CENI.

S’agissant de la promotion de la gouvernance locale, du renforcement des capacités et des moyens d’action des collectivités, beaucoup de nos communes ont connu en 2003 des crises et des dysfonctionnements divers. Pour y remédier, le Gouvernement a réalisé dans ces communes de nombreuses missions d’assistance-conseil et a pris des mesures là où la situation l’exigeait, conformément aux textes en vigueur.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Un autre combat exige la mobilisation publique mais aussi l’engagement de la société civile. Ce combat est celui de la promotion des droits humains. En 2003, le Burkina Faso et son Gouvernement ont marqué, au quotidien, l’importance qu’ils attachent à cette cause, par l’adoption de six programmes opérationnels de mise en oeuvre du plan d’action et d’orientation pour la promotion et la protection des droits humains, et l’appui à la société civile en matière de sensibilisation aux droits humains.

L’exigence d’un Etat efficace, démocratique et social, exprimée par le peuple burkinabé, se prolonge, tout naturellement, dans nos relations extérieures.

Notre pays, fidèle à sa tradition et à ses engagements, a fait entendre sa voix sur la scène internationale en 2003. Grâce à l’engagement personnel de Son Excellence Monsieur le Président du Faso, à sa volonté sans faille de faire prendre à notre pays toute sa place dans le concert des Nations, la parole du Burkina Faso sur les grandes questions du monde a été entendue.

Le Burkina Faso, profondément attaché aux idéaux des Nations Unies et aux principes fondamentaux du droit international, s’est fortement investi durant la période écoulée dans la promotion de la paix, de la sécurité, de la coopération et de la justice dans le monde, particulièrement en Afrique et dans la sous-région.

Concernant le commerce international, notre pays par la voix du Président du Faso, a eu l’occasion au siège de l’OMC, de dénoncer le caractère dramatiquement injuste de la pratique des subventions agricoles en faveur des cotonculteurs américains et européens et de plaider ainsi la cause des agriculteurs africains.

L’action diplomatique du Burkina Faso s’est également déployée dans les autres domaines traditionnels, dont celui de la prévention et de la gestion des conflits.

Concernant plus particulièrement la crise ivoirienne, le Burkina Faso n’a ménagé aucun effort depuis son déclenchement le 19 septembre 2002 pour contribuer au retour de la paix dans ce pays et à une normalisation de nos relations bilatérales. Ces efforts ont abouti à la réouverture des frontières terrestres le 10 septembre 2003 et à la reprise progressive du trafic ferroviaire.

La crise ivoirienne, vécue de manière dramatique par nos compatriotes et par notre pays, a confirmé la forte interdépendance entre le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire et la nécessité de réfléchir, à la mise en oeuvre d’une politique nationale des migrations. Le Gouvernement s’est attelé à cette réflexion avec l’appui technique de l’Organisation Internationale des Migrations.

Je m’en voudrais de ne pas relever ici que l’interdépendance, contrairement à certaines idées reçues, ne signifie nullement la dépendance de notre pays vis-à-vis d’un quelconque autre pays. Cette leçon formidable, nos opérateurs économiques nous l’ont démontrée avec brio, en développant des initiatives novatrices et audacieuses, pour contourner et atténuer les conséquences fâcheuses de la crise ivoirienne sur notre économie. Au nom de la Nation entière, je voudrais leur réitérer nos sentiments d’admiration et d’encouragement.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Depuis une décennie, l’information s’affirme comme un facteur de citoyenneté au Burkina Faso et la presse burkinabé y contribue, par l’ancrage d’une culture démocratique et la consolidation des institutions républicaines.

L’univers des médias, du fait de l’espace de plus en plus large de liberté dont jouit la presse burkinabé, s’est considérablement diversifié ces dernières années. Ce développement quantitatif ne s’est pas fait contre la qualité et nous devons être fiers d’avoir l’une des presses les plus responsables de la sous-région. Le Gouvernement pour sa part, continuera à apporter sa contribution à cet essor, à travers notamment l’octroi d’un financement public aux médias privés, dont le montant s’est élevé à 150 millions en 2003.

L’effort d’équipement des médias publics s’est poursuivi en 2003 à travers les travaux du projet d’extension et de renforcement de la couverture télévisuelle de notre pays, que j’ai personnellement lancés le 18 septembre 2003. Il permettra de faire passer à 80 % le taux de couverture géographique, et à 90 % le taux de couverture démographique.

Nous obtiendrons concomitamment la diffusion par satellite des programmes radiophoniques et télévisuels du Burkina Faso.

A cela, il faut ajouter la modernisation des équipements techniques de la radio rurale et de la radio nationale, qui est achevée depuis janvier 2004. Celle de l’imprimerie des Editions Sidwaya est en cours actuellement.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’ambition que nous avons de bâtir une nation forte ne saurait être atteinte sans une économie solide qui en est le socle véritable.

En dépit d’un contexte sous-régional toujours difficile, l’économie burkinabé est restée en 2003 sur le sentier de la croissance amorcée depuis une décennie. En effet, après une progression en termes réels de 4,4 % en 2002, la croissance économique en 2003, au stade actuel des estimations, se situe à 6,5%. Le PIB en termes réels est estimé à 1 548 milliards de francs CFA, auquel le secteur tertiaire contribue à 45,8 %, le primaire à 30,5 % et le secteur secondaire à 20,5 %.

Si le Burkina Faso a renoué avec un taux de croissance élevé en 2003, c’est essentiellement grâce à la bonne production agricole enregistrée l’année écoulée, au dynamisme des acteurs économiques, accompagnés d’une très bonne maîtrise de l’inflation, qui s’est située à 1,7 % contre 2,3 % en 2002.

C’est donc un immense plaisir pour moi d’affirmer devant vous que le Burkina Faso avance et ne recule pas ; il ne reculera pas, tel est le credo de mon Gouvernement, prêt à poursuivre la dure bataille pour le développement, dans un contexte où les facteurs qui y concourent sont le plus souvent défavorables.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Je m’en voudrais de passer sous silence l’évocation par divers observateurs de la mauvaise position qu’occupe notre pays sur l’échelle du développement humain durable. Je dois dire ici, que ce mauvais classement ne signifie nullement, que le Burkina ne progresse pas dans son développement.

Si l’on considérait en effet le PIB par tête d’habitant, notre pays se classerait devant certains pays africains recelant d’énormes richesses. Mais l’indicateur du développement humain va au-delà de ce paramètre strictement économique, ce qui est du reste normal, en prenant en compte pour une grande part, les variables qualitatives comme la santé et l’éducation. C’est justement dans ces domaines précis où notre pays connaît des niveaux très bas, qu’il doit faire plus d’efforts qu’il n’en a faits, depuis son accession à l’indépendance.

C’est dire que toute la société burkinabé, et singulièrement sa classe dirigeante de toutes les époques, depuis les indépendances, est interpellée par ce classement. Il vous souviendra, en effet, qu’au début des années 80, c’est-à-dire après 20 ans d’indépendance, pour ne prendre que cet exemple, nous n’étions encore qu’à un taux de scolarisation primaire de moins de 15%. Aujourd’hui, vingt autres années après, nous voilà à 52 %. En termes de progrès, faisons ensemble le compte !

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Afin de renforcer la croissance et de s’assurer d’une juste répartition de ses fruits, j’ai eu l’occasion, à maintes reprises, de vous exposer la vision stratégique du Gouvernement qui repose sur deux axes essentiels : le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et l’étude prospective " Burkina 2025 ".

Après une évaluation approfondie des progrès réalisés au cours de la période 2000-2002 du CSLP, le Gouvernement a initié un exercice participatif de sa révision, qui a abouti à l’adoption en octobre 2003 d’une nouvelle version de ce document-cadre, assorti d’un programme d’actions prioritaires 2004-2006.

L’objectif cardinal de ce programme est d’atteindre une réduction très sensible de l’incidence de la pauvreté en milieu rural, mais aussi en milieu urbain, où les études ont montré que la pauvreté est de plus en plus manifeste.

En termes de moyens financiers qui seront alloués aux différents secteurs, il y aura un renforcement substantiel des ressources consacrées à l’accélération de l’éducation de base et aux soins de santé primaire, avec un accroissement annuel de 20 %.

Le processus d’allocation des ressources notamment PPTE, jadis centré sur l’éducation, la santé et les pistes rurales, s’élargira progressivement aux secteurs de l’emploi, de l’agriculture, des ressources humaines, de l’eau, de l’environnement, de la justice et de la sécurité.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’exécution de la loi des finances, gestion 2003, autorisée par votre auguste Assemblée, a été l’un des axes importants de la traduction de nos ambitions de développement. Elle s’est caractérisée par plus d’efficacité de notre système fiscal, une maîtrise accrue de nos dépenses de fonctionnement et plus de rigueur dans le choix des investissements.

Ainsi, en matière de recettes, sur une prévision révisée de 505,67 milliards de francs CFA, les services de recouvrement de l’Etat ont enregistré un montant global de 461,83 milliards au 31 décembre 2003, soit un taux de réalisation de 91,3% et une amélioration du niveau de recouvrement de 21,1% par rapport à 2002 et de 36,9 % par rapport à 2001.

Le recouvrement au titre des recettes propres se chiffre à 317,93 milliards de francs CFA au 31 décembre 2003, contre 271,78 milliards en 2002 et 223,36 milliards en 2001, traduisant le dynamisme dont ont fait preuve les différentes régies de recettes, dans un contexte sous-régional assez trouble et forcément difficile.

C’est ici l’occasion pour moi de féliciter les contribuables pour leur esprit de civisme, et d’encourager les responsables et les agents des régies, qui ont fait preuve de dévouement et de loyauté, permettant ainsi d’atteindre ces performances.

Si les mesures que nous avons prises se sont soldées par un accroissement du niveau des recouvrements, nous restons toutefois préoccupés par le bas niveau de la pression fiscale (environ 12,5%), qui reste l’un des plus faibles de la sous-région, en même temps que par son poids déséquilibré, qui fait d’elle un fardeau pour nos industriels tout particulièrement.

En ce qui concerne les dépenses au titre du budget 2003, nous avons poursuivi notre politique de rigueur, l’utilisation optimale et transparente des ressources, une priorité faite aux dépenses d’investissement au détriment du fonctionnement, avec enfin, une faveur nette accordée aux secteurs sociaux.

Ainsi, sur une prévision globale révisée de 605,80 milliards de F CFA, les dépenses effectives en fin d’exercice se sont élevées à 555,57 milliards de nos francs.

Le poids des secteurs prioritaires susceptibles d’avoir un impact significatif sur la réduction de la pauvreté, a représenté 54 % des engagements de dépenses hors PPTE en 2003, contre 52 % en 2002.

Les dépenses en capital se sont élevées à 258,21 milliards de francs CFA représentant un taux d’exécution de 79,7 % et un accroissement de 19,2% par rapport à 2002 ; les dépenses de fonctionnement quant à elles, se sont situées à 297,36 milliards, soit un taux d’exécution de 105,4 %, en progression de 10,5% par rapport à 2002.

En matière de transparence, la mise en œuvre réussie du Programme de Renforcement de la Gestion Budgétaire (PRGB) avec l’appui de nos partenaires, a été un atout important, auquel il faut ajouter la production désormais régulière des comptes de gestion destinés à la Cour des Comptes. Ainsi, les lois de règlement des exercices budgétaires des années 1993 à 2000 ont pu être adoptées par votre Assemblée, celle de 2001 inscrite à l’ordre du jour de votre présente session.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Conformément à nos options fondamentales,leGouvernement,touten concrétisant son désengagement des secteurs productifs dévolus au secteur concurrentiel, a poursuivi ses concertations avec les opérateurs privés qu’il a même institutionnalisées, dans le cadre d’un partenariat d’objectifs.

A ce titre, la troisième rencontre Gouvernement/Secteur privé qui s’est tenue le 18 juillet 2003 à Bobo-Dioulasso, a permis de faire le point de l’état d’avancement des recommandations issues des précédentes rencontres, et de faire émerger de nouvelles préoccupations.

Pour rendre propice l’environnement au développement de l’initiative privée, le Gouvernement a poursuivi les réformes visant la libéralisation du commerce, la révision du code des investissements et du code du travail, la facilitation des opérations de commerce et d’investissement, la simplification des formalités de création d’entreprises et la réduction des délais.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’année 2003 aura été tristement marquée par le terrible incendie du marché Rood Woko de Ouagadougou, survenu le 27 mai 2003, et qui a fait perdre leurs activités professionnelles à des milliers de nos concitoyens.

Je garde encore à l’esprit ce triste événement, avec tous les préjudices causés aux commerçants, les multiples dangers auxquels ont été exposés les sauveteurs, avec à leur tête la Brigade nationale des sapeurs pompiers, dont je salue encore la bravoure, enfin les pertes énormes subies par la nation toute entière.

Face à ce drame, le Gouvernement s’est employé à sauver les vies humaines et s’est immédiatement engagé dans la recherche de solutions palliatives, par la réinstallation des commerçants sur des sites provisoires, et dans la mise en œuvre d’actions visant la reconstruction de Rood Woko.

A ce jour, l’aire du site provisoire est en cours d’aménagement pour un montant d’environ 910 millions de francs CFA, et le bitumage des voies d’accès, pour un montant de 925 millions de francs CFA environ.

Outre ces investissements, les travaux complémentaires de viabilisation, de raccordement aux différents réseaux d’alimentation et les travaux confortatifs sont estimés à 2 milliards 400 millions de F CFA, portant ainsi le coût global de réalisation du marché provisoire à plus de 4,200 milliards de nos francs.

Quant à la réhabilitation du marché Rood Woko, elle interviendra à l’issue de la démolition des parties détériorées, de la réalisation d’un concours architectural et de procédures d’appel d’offres de reconstruction.

Le Gouvernement saura faire face à ses responsabilités, sans hésitation et sans démagogie. Il est à préciser que les investissements sur le marché provisoire ne seront pas perdus, celui-ci pouvant toujours servir de marché à part entière après la réhabilitation du marché Rood Woko et la réinstallation des commerçants qui y seront habilités.

C’est le lieu pour moi de déplorer très sincèrement, les incompréhensions survenues entre les syndicats de commerçants et les autorités gestionnaires de ce dossier, qui ont donné lieu à de violentes manifestations les 13 et 14 février dernier à Ouagadougou. Je les rassure encore une fois, que contrairement à ce que font croire les vendeurs de rumeurs, le marché restera un patrimoine public. Je les invite à croire aux vertus du dialogue constructif, le seul qui vaille dans ce genre de situation, et leur lance un appel à apporter leur contribution utile aux solutions qui seront convenues.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’agriculture, l’industrie et l’artisanat, restent les principaux pourvoyeurs de nos biens de consommation et de nos sources de revenus.

L’assistance au secteur industriel en vue de sa meilleure insertion dans le tissu économique de l’UEMOA, est une tâche permanente et de longue haleine que nous poursuivons avec détermination.

Concernant l’artisanat, les actions menées dans les domaines de l’organisation et de la formation ont donné des résultats satisfaisants, favorisant l’emploi et les activités génératrices de revenus. Nous sommes à pied d’oeuvre pour la réussite de la cinquième édition du SIAO, prévue du 29 octobre au 07 novembre 2004.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Le secteur du développement rural, l’agriculture en particulier, occupe une place de choix dans notre stratégie de développement.

La campagne agricole 2003-2004 s’est soldée par un large excédent rarement égalé dans notre pays. La production céréalière nationale est définitivement estimée à 3 564 281 tonnes, soit une augmentation de 14,3 % par rapport à celle de l’année dernière. Comparée à la moyenne des cinq dernières campagnes, l’accroissement est de 28,5 %.

Le bilan céréalier de la campagne agricole 2003/2004 est excédentaire de 996 700 tonnes, ce qui équivaut à près de 43 % des besoins de consommation des populations.

Les principales cultures de rente ont elles aussi enregistré un niveau de production remarquable. Ainsi, la production de coton a enregistré 23 % d’augmentation par rapport à la campagne 2002-2003, soit un volume global de 500 000 tonnes, tandis que le sésame et le soja, ont connu un accroissement de production respectif de 25 et 125%.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

L’augmentation de la production agricole a été favorisée par les conditions pluviométriques favorables, auxquelles ont encore contribué le programme saaga. Mais elle est aussi due à l’intervention de plus en plus efficace de l’Etat et de ses partenaires, en vue d’organiser les acteurs et d’accroître les rendements.

C’est donc le lieu pour moi de rendre une fois de plus un hommage appuyé à nos vaillants paysans, pour leur ardeur au travail et leur dévouement sans faille, afin de vaincre les aléas de la nature et promouvoir ainsi le développement du Faso.

Parlant d’organisation, l’année 2003 a été marquée par la conduite à terme du processus de création du réseau des chambres régionales d’agriculture et du bureau national de coordination.

Par ailleurs, la tenue de la 8ème édition de la Journée Nationale du Paysan sous le thème de la relance de la filière des fruits et légumes comme contribution à la lutte contre la pauvreté, a été une fois de plus, l’occasion d’échanges francs et fructueux entre le Chef de l’Etat et les paysans, afin de trouver ensemble les solutions appropriées aux contraintes de ce sous-secteur.

Outre ces aspects organisationnels, les interventions dans le domaine agricole ont fait l’objet d’une dotation globale en 2003 de 78, 482 milliards de francs CFA au titre des différents programmes. Les réalisations importantes portent sur l’aménagement de 1180 hectares de bas-fonds avec une production de 4130 tonnes de riz pluvial, le financement de micro-projets de 915 organisations paysannes dont 6500 rapatriés de Côte-d’Ivoire, pour un coût de 1,5 milliard de francs CFA, le financement par le PNGT de 854 micro-projets sur le guichet villageois, pour un montant de 3.32 milliards et de 73 micro-projets au compte du guichet provincial, pour un montant de 1,5 milliard de francs CFA.

Il a été en outre réalisé 25 680 ha de sites anti-érosifs, 305 forages et 192 000 fosses fumières.

Aux côtés de l’agriculture, le secteur de l’élevage participe pour près de 12% à la formation du Produit Intérieur Brut et représente environ 24% des exportations totales en valeur. Nos efforts tendent à la bonne exploitation et au renforcement de notre potentiel en la matière. C’est dans cette optique que le Gouvernement a conduit à son terme en 2003, la deuxième Enquête Nationale sur le cheptel, tout en mettant en place, un système d’information sur les ressources animales.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

S’il est un domaine où le Burkina Faso a fait un bond décisif, c’est bien dans celui de l’approvisionnement des populations en eau potable. Le taux de couverture en 2003 se situe en effet à plus de 85%. Ces résultats, non seulement placent notre pays sur une bonne trajectoire pour réaliser les objectifs du millénaire, mais aussi font du Burkina, la référence des pays sahéliens qui ont réussi leur plan stratégique en matière d’hydraulique.

Il subsiste toutefois deux sources majeures d’atténuation de nos progrès qui sont : les disparités entre les régions et les difficultés d’entretien des installations hydrauliques.

Conscient du rôle stratégique que joue le facteur eau dans le développement national, mon Gouvernement s’est lancé dans un vaste chantier, en adoptant en mars 2003 le Plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau (PAGIRE) et dont la mise en oeuvre permettra à très court terme de nouvelles avancées pour notre pays.

Je sais, Honorables Députés, à quel point vous êtes vous-mêmes préoccupés par les sollicitations de forages et de retenues d’eau. Aussi, ai-je le plaisir de vous confirmer ce qui a déjà été annoncé le 22 mars dernier, à savoir la réalisation de 4000 forages et 294 adductions d’eau potable simplifiées, au cours de la biennale-Eau 2004-2005, que j’ai lancée le mois dernier à Sebba dans la province du Yagha. La répartition des investissements par région, tient compte du souci de corriger les disparités constatées.

Ce programme prévoit également la construction d’une cinquantaine de barrages et de retenues d’eau, pour une capacité totale de 100 millions de m3.

Il me plaît d’insister tout particulièrement sur la construction du barrage de Soum dans le département de Nanoro, province du Bulkiemdé, d’une capacité de 75 millions de m3 pour l’irrigation de 2000 ha. De même, les études du barrage de Samandéni seront finalisées en 2004 et le démarrage des travaux interviendra en 2005. Rappelons que ce barrage aura une capacité de 500 millions de m3 et offrira 20 000 ha pour l’irrigation.

Au total, cette biennale-Eau 2004-2005 donnera lieu à la mobilisation de financements pour un montant global de 172 milliards de francs CFA.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

L’état de l’environnement en général dans notre pays tel que décrit dans ma déclaration de politique générale en octobre 2002, au regard de sa complexité, ne peut connaître en si peu de temps une évolution significative. Il me plaît cependant de souligner les efforts significatifs engagés par le Gouvernement vers la recherche d’un équilibre écologique acceptable et un meilleur cadre de vie pour nos populations rurales et urbaines à court et moyen termes.

Dans notre réflexion globale en vue d’éradiquer la pauvreté et en considération du lien étroit entre la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement, le Gouvernement a intégré la dimension de la protection de l’environnement dans le CSLP révisé.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

La levée des entraves à la production industrielle ou agricole et à sa commercialisation, passe nécessairement par le développement des infrastructures de communication, que mon Gouvernement considère comme l’un des axes essentiels de sa politique.

Ainsi, en matière de transports, au cours de l’année 2003, l’action du Gouvernement s’est poursuivie, conformément au deuxième Programme Sectoriel des Transports adopté par l’Etat et ses partenaires au développement.

Au niveau des infrastructures routières, les actions de maintenance entièrement financées par le budget national, ont porté sur 12 153 km de routes.

L’entretien périodique et la réhabilitation ont porté en 2003 sur 760 km de routes bitumées et sur 823 km de routes en terre.

Concernant spécifiquement la route nationale n°1 Ouaga-Bobo nouvellement réhabilitée, les dégradations précoces survenues ont révélé de graves défaillances dans la réalisation des travaux par l’entreprise et éventuellement au niveau du contrôle desdits travaux. Nos services techniques ont diligenté les expertises nécessaires, afin d’en situer clairement les responsabilités et obtenir les réparations nécessaires, dans le respect des clauses contractuelles.

Dans le domaine du bitumage des routes, la situation d’exécution des travaux est la suivante :

* La route Pa - Dano -Diébougou - Gaoua -Kampti - frontière de la Côte-d’Ivoire, d’une longueur de 231 km est entièrement achevée, excepté le pont sur la Bougouriba en cours de construction.

* La route Ouagadougou - Léo - frontière du Ghana, d’une longueur de 180 kilomètres est subdivisée en deux lots : le premier lot qui comprend le tronçon Ouagadougou -Fleuve Nazinon (65 km) et la bretelle d’accès à Saponé (5 km) est entièrement bitumé. Quant au second lot (Nazinon - Léo -frontière du Ghana (110 km), les travaux se poursuivent, avec un taux d’exécution à ce jour de 35%.

* La route Bobo - Dindéresso d’une longueur de 15 km est à un taux d’exécution de 60%.

Enfin, j’ai procédé en décembre 2003, au lancement des travaux de bitumage de la route Bobo - Dédougou, longue de 175 km et dont le coût est évalué à 22 milliards 290 millions de francs CFA.

Dans ce chapitre, j’ai le plaisir de confirmer que le financement des travaux de bitumage de la route Kaya - Dori et de construction de deux barrages à Yalgo et à Tougouri, d’un montant global de 19 milliards 464 millions de francs CFA est entièrement bouclé grâce aux appuis de la BID, du Fonds de la CEDEAO, du Fonds de l’OPEP et de la BOAD. Le démarrage des travaux est prévu dans les tous prochains mois.

Quant au bitumage de l’axe Ouagadougou -Kongoussi, son financement est en cours de mobilisation au niveau de la BADEA, du Fonds de l’OPEP et du Fonds Koweïtien qui a déjà évalué le projet.

Les pistes rurales occupent une place de choix dans la stratégie de lutte contre la pauvreté, et c’est pourquoi, le Gouvernement a entrepris un vaste programme d’aménagement de ces infrastructures, par l’adoption en mars 2003, de la Stratégie Nationale du Transport Rural (SNTR). Le coût de mise en oeuvre des actions de cette stratégie, qui prévoit entre autres l’aménagement de 12 000 km de pistes au cours de la période 2000-2008, est évalué à plus de 99 milliards de francs CFA.

Au niveau des transports urbains, le Gouvernement s’est consacré à la promotion du transport collectif et a encouragé la création, par des partenaires privés en association avec la Commune de Ouagadougou, de la Société de Transports en Commun de Ouagadougou (SOTRACO).

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

En matière de téléphonie, nos efforts ont porté principalement sur la modernisation du réseau de transmission et sur le développement de la téléphonie rurale, avec la desserte de 18 nouvelles localités en 2003. Quant à l’extension du réseau de la téléphonie cellulaire, les trois opérateurs couvraient 26 localités avec près de 220 000 abonnés au 31 décembre 2003.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

L’amélioration de l’état de santé de nos populations demeure sans conteste l’une des priorités de l’action gouvernementale. Cet impératif qui est la ligne directrice du Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) 2001-2010, constitue une des pièces maîtresses de notre politique de réduction de la pauvreté.

A ce jour, les efforts d’accroissement de la couverture sanitaire se sont traduits par la normalisation d’infrastructures à travers tout le pays. Il s’agit notamment de l’équipement en mobilier et matériel médico-technique des centres médicaux avec antenne chirurgicale de Batié, Dandé et Dano, ainsi que la construction de 35 dispensaires, 24 dépôts pharmaceutiques et 5 maternités à hauteur d’un (1) milliard de francs CFA.

Nous avons oeuvré au renforcement de la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles, en accroissant notamment la couverture vaccinale des enfants de 0 à 11 mois et des femmes enceintes, à travers les Journées nationales de vaccination. A ce jour, le taux de la couverture vaccinale est supérieur à 100 %.

Afin de rompre le cycle infernal de la méningite qui a caractérisé la situation sanitaire nationale au cours de la décennie écoulée, le Gouvernement a pérennisé les mesures préventives à travers la reconduction du plan de riposte à une éventuelle épidémie en 2004. Le Conseil des Ministres en sa séance du 17 décembre 2003, a alloué une enveloppe de 5,524 milliards de francs CFA du budget de l’Etat à la mise en oeuvre de ce plan.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Le paludisme demeure encore et de loin la première cause d’hospitalisation et de décès dans notre pays, notamment chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Depuis le lancement de l’initiative Faire Reculer le Paludisme à Koupéla, des actions décisives ont permis d’obtenir des résultats fort encourageants.

Je voudrais faire une mention très spéciale au Centre National de Recherche et de Formation sur le Paludisme, dont l’ingéniosité des chercheurs a été couronnée par la mise au point d’un vaccin antipaludique, le MSP3. Les essais en cours suscitent l’espoir de donner une réplique préventive efficace contre le paludisme.

Grâce à l’engagement massif de toutes les composantes de la société burkinabé, des plus hautes autorités et des partenaires au développement, nous avons encore une fois enregistré une baisse appréciable du taux de séroprévalence dans notre pays. En effet, ce taux qui était l’un des plus élevés de la sous-région (7,14% en 2001) avait reculé à 6,5% en 2002. En 2003, ce taux se situe à 4,2%. Concrètement, cela signifie qu’en trois ans de lutte intensive, notre pays est entrain de relever le défi capital qui consiste à inverser la tendance de la séroprévalence en la réduisant de près de la moitié.

En ce qui concerne l’accès aux soins, les efforts constants du Président du Faso à la tête du Conseil National de Lutte contre le Sida et les IST, ont permis d’obtenir une baisse considérable du prix des antirétroviraux, à travers la possibilité d’importer des ARV génériques.

Grâce à ces acquis, nous ambitionnons actuellement de rabattre les coûts de traitement des malades du Sida à 8 000 F CFA par personne et par mois. En réponse à nos efforts, les partenaires ont choisi le Burkina Faso (le seul pays en Afrique), pour la mise en oeuvre de l’Initiative Three By Five (3x5). Cette initiative qui vise à assurer la mise sous ARV de 3 millions de PVVIH dans le monde d’ici à 2005, se traduira par la prise en charge de 30 000 malades dans notre pays.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Dans le domaine de l’éducation de base, l’année écoulée a été marquée par l’entrée du PDDEB dans sa phase active, avec la mise en oeuvre de la première phase triennale (2001-2004).

En termes d’impact, le taux brut d’admission au CPI a été porté à 67,59% en 2003 contre 52,90% en 2002 et celui des filles à 61,47%. Ces résultats ont été obtenus grâce aux mesures incitatives prises telles que la gratuité des manuels et des fournitures scolaires dans les 20 provinces prioritaires, la gratuité de la scolarité des filles inscrites au CPI et la promotion des cantines endogènes ou assistées.

Présentement, le Burkina Faso a franchi le seuil symbolique de 50% de taux brut de scolarisation. En effet, les données enregistrées au titre de l’année scolaire 2003-2004 portent ce taux à 52,25% contre 47,5% en 2002, soit une progression de près de 5 points en un an, performance jamais égalée durant la décennie écoulée.

Nous avons également centré nos efforts sur la réduction des disparités de genre à travers la promotion de la scolarisation des filles. Ainsi, ce taux qui était de 41% en 2002 a été porté à 45,17% cette année.

Parallèlement, des initiatives sont déployées pour améliorer la qualité de l’enseignement avec des résultats très encourageants.

Au même moment, d’énormes efforts salués par les communautés de base sont consentis en matière d’alphabétisation et d’éducation non formelle.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Dans le domaine de l’enseignement secondaire général, nos efforts d’accroissement de l’offre éducative ont consisté en l’ouverture de 21 nouveaux établissements et l’érection de 7 CEG en lycées. Par ailleurs, 68 salles de classe complémentaires ont été réalisées au profit du public et du privé dans le cadre du Programme pour l’Enseignement Post Primaire (PEPP).

Au niveau de l’enseignement supérieur, face à la forte croissance des effectifs, l’augmentation des capacités d’accueil a été notre souci constant. Sur le campus de Ouagadougou, deux amphithéâtres de 1000 places chacun et deux bâtiments pédagogiques sont en construction. De même à Bobo-Dioulasso, un amphithéâtre de 500 places et deux immeubles à usage pédagogique et administratif, sont en cours de réalisation.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Au niveau social, soucieux du bien-être de la population, mon Gouvernement a développé des initiatives visant à soulager les couches les plus vulnérables de notre société.

Le Mois de Solidarité qui a été organisé, a permis de récolter près de 100 millions de francs CFA et diverses contributions en nature. Le Gouvernement examinera très prochainement les propositions quant à l’utilisation judicieuse des ressources ainsi mobilisées.

En outre, l’élan de solidarité qui a mobilisé tout le peuple burkinabé sur le sort des rapatriés de Côte-d’Ivoire, a permis d’apporter une assistance multiforme aux 360 522 compatriotes de retour au pays.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

En réponse aux souhaits maintes fois exprimés par les femmes à travers tout le pays, nous avons entrepris d’accroître le nombre de leurs cadres d’échanges et de concertation. C’est ainsi que dix nouvelles maisons de la Femme ont été réalisées et inaugurées, tandis que les travaux de construction de six autres sont en cours actuellement.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Dans le contexte actuel marqué par les exigences de la mondialisation et de l’intégration régionale, le gouvernement est plus que jamais déterminé à lutter contre la marginalisation et la pauvreté, qui constituent une menace pour notre économie. Dans cette optique, les questions récurrentes du travail et de l’emploi constituent désormais un axe prioritaire du Cadre stratégique de lutte contre la Pauvreté révisé.

Le renforcement du dialogue social est une préoccupation permanente du Gouvernement. Les rencontres annuelles Gouvernement-syndicats et Gouvernement-secteur privé se tiennent régulièrement. Ces expériences novatrices constituent des cadres privilégiés de concertation favorables au développement du secteur privé et à la promotion des droits des travailleurs.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Permettez-moi de faire une mention particulière aux négociations Gouvernement-syndicats autour des points de doléances à l’occasion du 1er mai 2003, qui ont donné des résultats très encourageants. Nous sommes tous confortés dans notre conviction, que le dialogue ouvert et responsable est le meilleur moyen pour nous comprendre mutuellement et aplanir nos divergences.

Je voudrais saisir cette tribune pour adresser à l’ensemble des travailleurs du Burkina Faso, ainsi qu’à leurs organisations respectives tous nos sentiments de reconnaissance. Je puis les assurer que l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail fait partie de nos soucis prioritaires et nous continuerons à y veiller constamment.

D’ores et déjà, le Gouvernement a pris des mesures visant d’une part, à améliorer le niveau des prestations de sécurité sociale servies aux travailleurs, en rehaussant de 200 000 à 600 000 F CFA le plafond des salaires soumis à cotisation et d’autre part, d’alléger les charges des employeurs, en réduisant de 18,5% à 16% le taux d’appel des cotisations patronales.

Convaincu que l’emploi et la formation professionnelle constituent un levier de développement et participent de ce fait à la lutte contre le chômage et la pauvreté, le Gouvernement œuvre pour la promotion de ce secteur. Le document cadre de stratégie de l’emploi et de la formation professionnelle, dont nous nous sommes dotés en 2001, définit clairement les orientations majeures de notre politique.

Au total, 1548 emplois ont été générés et 1677 autres consolidés au cours de l’année 2003, grâce aux activités du FASI, du FAPE et du PNAR-TD. Pour renforcer ces acquis, des actions sont en cours dans le but d’asseoir une meilleure visibilité du marché de l’emploi et accroître ainsi, la participation des jeunes au développement.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Les secteurs du tourisme et de la culture sont aujourd’hui à la fois industrie et vecteur du développement durable. C’est pourquoi le Gouvernement y a développé de nombreuses initiatives. Il a également poursuivi la réalisation d’infrastructures culturelles et touristiques comme les Mausolées de Naaba Zoungrana et de Naaba Yadéga d’une part, et la promotion des activités culturelles et touristiques d’autre part.

Dans le domaine de la valorisation du patrimoine national, j’ai le plaisir d’annoncer que l’UNESCO a accepté le principe de l’inscription des ruines de Loropéni et les peintures rupestres de Pobé Mengao, sur le site du patrimoine mondial.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Tout comme le tourisme et la culture, le sport, toutes disciplines confondues, donne l’occasion à notre peuple, de montrer à chaque événement, sa cohésion, son amour pour la performance et plus encore, son sens de l’effort individuel et collectif.

Notre participation à la Coupe d’Afrique des Nations de football/2004 nous a donné l’occasion de mesurer la force du lien qu’entretient le peuple avec son équipe nationale. J’en veux pour preuve la forte mobilisation et l’importance des contributions de toutes les couches de la société burkinabé, que je voudrais saluer ici.

Les résultats obtenus n’ont pas été à la hauteur de nos attentes et de nos sacrifices. Ils traduisent cependant les efforts que nous devons faire pour avoir un football encore plus compétitif. Tout découragement, tout repli sur soi, nous éloigneraient de cet objectif. C’est pourquoi, dès à présent, nous devons nous préparer pour faire face aux confrontations à venir.

Monsieur le Président,

Honorables Députés,

Le Gouvernement que j’ai le privilège de diriger conduit son action avec l’objectif ultime de répondre aux préoccupations des Burkinabé, en étant ouvert à la concertation et au dialogue.

Cet esprit, le Gouvernement le cultive au quotidien, en respectant toutes les opinions, mais il ne renoncera jamais à ses devoirs de garantie de l’intérêt général.

Sous la ferme impulsion de Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE, Président du Faso et adossé à la Constitution qui a fait la preuve de son ancrage sur des fondations solides, le Gouvernement a un seul objectif : construire une République unie et solidaire, et un Etat de droit fort et respecté, qui assure sans faiblesse ses différentes missions.

L’organisation de la quatrième conférence de Table Ronde générale des bailleurs de fonds du Burkina Faso, que nous venons de réussir avec brio, a confirmé l’estime et l’espérance que nos partenaires au développement portent pour notre pays. La meilleure reconnaissance que nous devons à de tels partenaires et amis, c’est de réussir notre marche vers le progrès et gagner notre combat pour le développement.

Monsieur le Président,

Honorables invités,

Libérer les forces créatrices de richesses, garantir la sécurité des citoyens, conforter nos solidarités, affirmer sur la scène internationale la présence du Burkina Faso et le dynamisme de son économie, faire partager notre volonté de paix, voici le sens de notre combat.

J’invite chaque burkinabé à s’engager dans ce noble et passionnant combat, chacun à sa place, et c’est ensemble que nous le gagnerons.

Je vous remercie

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