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Petit séminaire de Pabré : Son influence sur la foi catholique de fidèles des environs

Publié le samedi 23 décembre 2006 à 09h30min

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Le séminaire de Pabré est le premier établissement secondaire du Burkina Faso. Fondé par un missionnaire en la personne de Mgr Johanny Thévénou, en octobre 1925, il a formé près de trois mille (3 000) personnes dont 10% sont devenus prêtres au service de l’Eglise catholique.

Mais quelle est l’influence du séminaire de Pabré sur la foi des fidèles ? Une question à laquelle nous tenterons de répondre à travers les lignes suivantes. La plupart des cadres du Burkina Faso sont passés par le séminaire de Pabré. Feu le président Maurice Yaméogo, feu l’ex-Médiateur du Faso, Jean-Baptiste Kafando, feu le Professeur Joseph Ki-Zerbo, et bien d’autres personnalités en sont des exemples concrets... Premier établissement secondaire, il donne une formation intégrale prenant en compte la dimension intellectuelle, spirituelle pastorale et humaine. « Au-delà de la formation complète de l’être humain qu’il assure, le séminaire vise à amener les jeunes à devenir des hommes responsables et honnêtes, sachant se servir de leur raison », a expliqué le recteur, M. l’abbé Gilbert Wangraoua. Celui-ci précise que l’on ne devient pas systématiquement prêtre en allant au séminaire mais on y étudie sa vocation en vue de devenir prêtre si l’on reçoit l’appel de Dieu. Et même si l’on n’est pas appelé à porter la soutane, la formation reçue a un impact sur le comportement de l’ex-séminariste. « On sent la différence entre lui et les autres », soutient le recteur.

Par ailleurs, il a souligné que Pabré a une influence positive sur l’Eglise parce qu’il lui a fourni des prêtres et sur le Burkina, parce qu’il lui a donné des cadres. « Sans le séminaire de Pabré, la destinée de notre pays, en termes d’autorités religieuses, politiques, administratives, etc., aurait été autrement ».

Quel rôle joue le séminaire dans la vie des fidèles des environs ?

Au séminaire, la vie spirituelle est au centre de la formation qui touche le personnel de la maison, les voisins et tous les fidèles. Ceux-ci bénéficient des rencontres spirituelles, des messes, des confessions et autres sacrements.

Et comme tout le monde se connaît à Pabré, ils se sentent obligés de justifier leur absence aux prières ou rencontres s’ils n’ont pas pu y assister. La présence des serviteurs du Seigneur a une grande influence sur la foi des fidèles, selon le curé de Pabré, l’abbé Blaise Kaboré. « Les chrétiens vivant en situation irrégulière avec leurs femmes ne tardent pas à régulariser leur situation et à baptiser leurs enfants, surtout quand Noël s’approche.

De plus, tout au long de l’année, il y a des sessions de formations spirituelles, en fonction du temps liturgique, pour permettre aux chrétiens de vivre leur foi, sans difficultés majeures ». Les enseignements se font en fonction des besoins des Communautés chrétiennes de base (CCB) ou des familles. Au besoin, les prêtres vont dire la messe jusque dans ces CCB et même dans les familles.

Ils se déplacent également pour aller aider les fidèles à se confesser. Tout est fait de manière à ce que personne ne puisse rater le rendez-vous avec Dieu, comme le confirme un fidèle, M. André Sawadogo, employé à la ferme du séminaire. « Ici, nous sommes obligés d’aller à la messe et de pratiquer notre foi, une absence à l’église est vite remarquée et l’on est obligé de s’expliquer.

Mais Dieu merci, ce système nous arrange et mieux encore, ma foi ne fait que grandir compte tenu de la formation permanente que nous recevons aux côtés des prêtres », nous a-t-il confié pendant qu’il s’occupait des boufs. Un peu plus loin, un grand jardin, celui du séminaire. Là, nous avons trouvé un jardinier, M. Marius Ouédraogo plantant du manioc. « Ça fait trente-huit (38) ans que je travaille dans ce jardin où il y a toute sorte d’arbres fruitiers. Ce qui veut dire 38 années de formation spirituelle intense.

Car le personnel du séminaire bénéficie d’une préparation spirituelle intense, surtout à l’approche des fêtes. Compte tenu de nos activités qui font que nous ne pouvons prendre part aux enseignements généraux, notre formation est spéciale et regroupe tout le personnel dans la perspective d’être au même niveau spirituel que les autres fidèles ». Ainsi, les employés du séminaire bénéficient eux aussi de retraites de formation et des recollections, y compris les sacrements telles la confession et autres. « Quand on travaille pour les prêtres, l’on est obligé de vivre au quotidien sa foi, de la pratiquer et de la faire valoir. Cela constitue un trésor pour nous », nous a-t-il avoué.

Une discussion avec quelques fidèles nous laisse croire que la population chrétienne est intimement liée à l’église et très impliquée dans les activités spirituelles. « C’est grâce aux offres d’employés du séminaire que ma famille vit et que je pus poursuivre mes études. A l’époque, il y a 14 ans, pendant les vacances, les prêtres embauchaient des jeunes en échange de vivres et d’argent et cela a aidé beaucoup de familles, confrontées aux difficultés d’alimentation. Pendant les crises céréalières, ils soutiennent de nombreuses familles, chrétiennes ou non », nous a dit un habitant de Pabré. Une situation qui permit à des fidèles de choisir la religion catholique.

De l’avis de M. Célestin Ouédraogo, un fidèle de Pabré et comme toutes les personnes interrogées, une seule conclusion se dégage : le séminaire a bel et bien une influence sur la foi des fidèles, non seulement de Pabré mais aussi de tout le Burkina.

Faudra-t-il donc des séminaires dans tous les coins du Burkina pour raviver la foi des fidèles, partout où ils se trouvent ?

Aimée Florentine KABORE

Sidwaya

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