LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Littérature burkinabè : Arouna Diabaté, le défenseur des orphelins

Publié le jeudi 21 décembre 2006 à 07h46min

PARTAGER :                          

Arouna Diabaté, car c’est de lui qu’il s’agit, a signalé son arrivée dans le monde de la littérature burkinabè en s’élevant contre l’injustice que subissent les orphelins.

Arouna Diabaté a été marqué depuis son enfance par les souffrances des orphelins de son milieu social. Il n’y est pas resté indifférent. Ainsi, pour exprimer son refus de cette injustice, il a pris sa plume et un roman en est sorti : "Les sillons d’une endurance."

Cette endurance des orphelins, on la perçoit de la première à la dernière page de l’œuvre. Le roman débute d’ailleurs par la mort de la mère de Tièguèlé, le personnage principal. Commencent alors toutes sortes de difficultés pour cet orphelin de quatorze ans. Il devient "l’enfant" à tout faire dans la famille : les corvées à la maison, les travaux champêtres, les activités d’élevage et toutes les occupations lui sont confiés. Tièguèlé ne devrait jamais se fatiguer et tout devrait être bien fait. Du lever au coucher du soleil, Tièguèlé était toujours sur pied. Mais, il a toujours pu relever le défi. Courageux, disponible et habile, le petit orphelin a chaque fois pu faire face aux missions qui lui étaient confiées. Malgré tous ces efforts pour répondre aux sollicitations de sa méchante marâtre, celle-ci ne lui en a jamais été reconnaissante. Il subissait chaque jour la méchanceté, la conspiration, l’injustice et la jalousie de sa marâtre Filiba et de ses commères. Le père dominé par sa femme était un complice passif.

Les souffrances que l’orphelin endurait ont fini par forger en lui les qualités d’homme courageux, travailleur et fraternel. Il forçait l’admiration dans le village et même dans ceux environnants. Cela a aiguisé davantage la jalousie de sa marâtre qui a pris la ferme résolution de lui nuire. Sans défense, Tièguèlé décide de quitter le village pour l’exil.

Cette histoire, l’auteur a su la racontrer avec des mots bien choisis et des tournures très compréhensibles et agréables à lire. Ces qualités littéraires permettent aux lecteurs de suivre l’évolution de l’histoire de l’orphelin dans son double aspect spatio-temporel. L’intrigue a aussi été bien montée de telle sorte qu’on s’oblige à terminer le roman pour connaître le sort qui est réservé à l’orphelin.

"Les sillons d’une endurance" permet aussi de comprendre la culture du pays dioula, le cadre géographique de l’histoire de l’œuvre. Le mariage, les cérémonies funéraires, la lutte traditionnelle y sont bien contés.

L’histoire de Tièguélé n’a pas évolué de manière linéaire. Il y a des intermèdes, des périodes de repos où le personnage principal en exil vit des moments meilleurs. Ils pouvaient durer un à deux ans. On oublie les problèmes de Tièguèlé. Le lecteur semble dans une autre histoire. Puis l’auteur décide de le ramener au village et sa galère reprend.

L’auteur est inspecteur de français et formateur à l’Ecole normale supérieure de l’université de Koudougou (ENS/UK). La dédicace de l’oeuvre a été faite le 28 novembre 2006 au Centre culturel français Georges Méliès. Des hommes de lettres qui y étaient ont apprécié positivement l’œuvre. Yves Dakuo, maître assistant et critique littéraire confirmé à l’université de Ouagadougou, a relevé les qualités littéraires et artistiques de l’œuvre qui a même été comparée à celles de Senghor, de Blaise Pascal et Patrick Iboudo. Le roman, édité aux éditions l’Harmattan, est disponible à l’Espace Harmattan Burkina à Ouagadougou. Pour Diabaté, ce premier essai était un exercice, mais il pense que c’est un exercice qu’il doit prendre au sérieux, au regard de l’accueil qui a été réservé au roman.

Par Noraggo Paul HIRY

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique