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Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

Publié le jeudi 21 décembre 2006 à 08h18min

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Guillaume Soro et Laurent Gbagbo

Il est comme ça, Laurent Gbagbo : toujours prompt à renverser la table. Et tant pis si la vaisselle se casse. C’est cette image de va-t-en guerre, que le locataire du palais de Cocody, qui ne dort plus que d’un œil depuis le déclenchement de la crise politique le 19 septembre 2002, nous a habitué à avoir de lui.

Les propositions de sortie de crise adoptées lors des pourparlers interivoiriens de Marcoussis et du sommet de Kléber, en janvier 2003, pour sauver le pays de la guerre civile, le président Gbagbo les foulera aux pieds une fois rentré à Abidjan. Celles d’Accra I et II, il s’en fichera comme d’une guigne.

Des rencontres et des sommets de Pretoria ou d’Abuja, rien n’est assez bon pour trouver grâce aux yeux de l’enfant terrible de Mama. Même au mini-sommet sur la Côte d’Ivoire tenu à New York le 20 septembre dernier pour envisager l’après-31 octobre 2006, date de la fin de la prorogation d’un an du mandat présidentiel, il refusera d’assister, « pour ne pas, dit-il alors, cautionner cette mascarade onusienne à venir ».

Et deux jours avant l’annonce de cet énième défi lancé à la communauté internationale, qui, il faut le reconnaître, n’a pas toujours joué dans le registre de la fermeté concernant le dossier ivoirien, c’était sur la tête, déjà dégarnie, du pauvre Pierre Schori, représentant Spécial du secrétaire général de l’ONU, que s’abattait le rouleau à pâtisserie du célèbre boulanger.

Mardi 19 décembre 2006. Divine surprise : alors que se poursuit le petit jeu de « fais-moi peur » du tandem Gbagbo/Banny, signe, parmi tant d’autres, du délitement du processus de paix, l’enfant terrible de Mama, celui-là même qui entendait, il n’y a pas longtemps, détruire les rebelles au lance-flammes, propose de reprendre langue avec ces derniers.

En effet, Gbgbo vient de proposer « aux Ivoiriens mais aussi à la communauté internationale » un scénario de règlement de la crise, construit autour de cinq points :

- l’instauration d’un dialogue avec la rébellion ; dans cette proposition, dont la finalité serait le désarmement et la réunification du pays, Gbagbo, comme dans la parabole du fils prodigue, accepte le retour des enfants qui s’étaient jadis rebellés contre sa volonté : « J’entends, au cours de ce dialogue, demander directement à ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays de les déposer et de le libérer. La nation leur tend une fois encore la main », a-t-il laissé entrevoir ;

- la suppression de la zone de confiance, dont le maintien, selon le locataire du palais de Cocody, n’a plus sa raison d’être : « Les affrontements militaires ont cessé. Les Ivoiriens sont fatigués de la guerre » ;

- la création d’un service civique national dont l’objectif est d’encadrer dans des camps 40 000 jeunes filles et garçons d’ici à la fin du mois de février 2007 ;

- l’amnistie générale dont l’étendue ne couvrira pas les crimes contre l’humanité et les crimes économiques ;

- la mise en place d’un programme d’aide au retour des déplacés de guerre, par devoir de solidarité.

Propositions flatteuses. L’on serait même tenté de pousser un ouf de soulagement pour le processus de paix longtemps resté au milieu du gué.

Mais connaissant les multiples coups de théâtre de cet homme, fin manœuvrier, manipulateur hors pair de la rue, expert du contre-pied, auxquels il nous a habitués, il est recommandé la prudence, la circonspection, voire même le doute.

« L’enfant des élections », comme il s’est désigné lui-même lors de sa dernière déclaration, s’est-il demandé, un seul instant, si les Forces nouvelles (FN), qui contrôlent aujourd’hui plus de la moitié du territoire ivoirien, sont disposées à retourner à la table des discussions, surtout pour un dialogue dont l’aboutissement est le désarmement de leurs troupes ?

Au moment où nous bouclions la présente édition, Guillaume Soro et ses hommes en tout cas ne s’étaient toujours pas prononcés sur l’offre du président Gbagbo. Mais le démenti des FN sur la rumeur qui parlait déjà de contacts entre les deux camps permet de douter que le dialogue puisse se nouer dans ces conditions-là. Car, pour elles, la résolution 1721 de l’ONU reste la seule option valable.

D’ailleurs, de quel dialogue sera-t-il question ici ? Du dialogue à la Houphouet, c’est-à-dire dans la vraie fraternité ou plutôt de celui des armes ? La question mérite d’être posée, surtout que les caciques, militaires et mêmes civils du Gbagboland, imbus d’un sentiment de supériorité militaire retrouvée, ne cachent pas leur volonté d’en découdre une fois pour toutes avec ceux d’en face, eux aussi déterminés et préparés à l’affrontement, comme l’a martelé Guillaume Soro dans son livre « Pourquoi je suis devenu rebelle ».

Qu’est-ce que Gbagbo peut bien avoir dans la tête quand il demande la suppression de la zone dite de confiance et le retrait des forces internationales du territoire ? Le moins qu’on puisse en attendre, n’est-ce pas le risque de la reprise des affrontements fratricides que le déploiement de ces forces avait justement conjurés ?

Pour autant qu’il n’est pas permis de douter de la parole d’un président, on peut prendre acte de la nouvelle trouvaille de Laurent Gbagbo. Mais s’agissant d’un homme expert en roublardise et du dilatoire, tous les doutes sont permis.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 21 décembre 2006 à 16:00, par KKB@YAHOO ;FR En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

    Je ne sais pas pourquoi les burkinabés ne respectent pas les autres. Blaise n’est pas mieux que Gbagbo alors fermez là !!!!!

    • Le 21 décembre 2006 à 17:12 En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

      Erreur ! Blaise n’est pas a comparer a Gbagbo ! Mille fois plus stratege que lui , un nombre incalculable de fois plus intelligent que lui, Blaise a su developper ce que l’historien de president, qui a d’ailleurs appris de blaise mais sans avoir assimile ( mefiez vous des gens qui se sont arretes en cours de chemin en matiere d’apprentissage) ne pourra meme dans une autre vie developper. !

      Soyez fair- play et reconnaissez que meme si on n’aime pas le lievre il a des oreilles longues et bien longues !!

      Amicalement.........sans rancune

      • Le 22 décembre 2006 à 23:03, par zilaire En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

        Aujourd’hui c la CI qui l’aurait cru.

      • Le 23 décembre 2006 à 20:08, par rozario En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

        Penses-tu reellement que compaore est mieux que Gbagbo ? moi je ne pense pas. La democratie a une source : elle doit etre le fruit d’une lutte legitime.Tu comptes nous faire croire que compaore le tombeur de sankara avait raison de tuer son "frere". Sais-tu combien d’annees Blaise est president ? Peut etre que c’est pour cela tu le trouves tres intelligent puis que personne d’autre ne peut etre president. Gbagbo lui s’est oppose a Houphouet sans prendre les armes. Le mieux est de prier pour ton pays et pour l’afrique en general car ce qui arrive a autrui peut bien aussi t’arriver.
        ........Amicalement....

        • Le 24 décembre 2006 à 16:55 En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

          D’abord je ne pense pas , je dis et j’affirme ce qui est .Point trait. ! Ensuite que Blaise aie tue son "frere", n’est pas l’objet de mon message. Je dis tout simplement qu’en matiere de strategie et de savoir faire , Blaise n’est pas a comparer a l’historien de president. Et en plus , qui est plus tueur que qui quand on fait les comptes macabres de ces deux personnages. Je ne cautionne ni la guerre ni les methodes musclees que ni Blaise ni quelqu’un d’autre a utilise pour arriver au pouvoir. Mais a y voir de pres et avec le recul on se rend compte qu’il vaudrait "mieux" que des gars comme Alassane ouattatra Bedie Gbagbo et autres Guillaume soro s’entretuent, eux qui on la soif du pouvoir et laissent vivre en paix ces pauvres et innocents citoyens qui ne demandent qu’a vivre. A moins que vous ne consideriez la Mort de ces innocents comme legitime. Je dis et je repete que l’historien de president n’est en rien comparable avec Blaise !

          Ps : Primo Je ne cesse de prier pour l’afrique mais il faut reconnanitre qu’avec des apprentis sorciers comme le sont certains presidents ( suivez mon regard) , mes prieres risquent de ne pas porter fruit

          Secundo de meme je suis de tout coeur avec les ivoriens et mes prieres vont a l’endroit de ce peuple qui m’a toujours facine et que j’admire toujours malgre tout ce qui se passe parce que je demeure convaincu qu’il ya des ivoriens dignes humains ( la mojorite sans aucun doute)

          Tertio je ne pense pas que Blaise est le seul a meme de diriger le burkina et je ne l’aio mentionne nulle part, alors sachez lire ce qui est ecris

          Et enfin Je repetes que pour le bien du peuple que l’on dit aimer il faut savoir etre plus intelligent quand la situation l’exige. tel n’est pas le cas de qui vous savez.. de ce fait etre democrate ne signifie pas seulement s’opposer a quelqu’un sans avoir pris les armes. ca doit se vivre dans le comportement

          A bon entendeur........ amicalement et sans rancune aucune

          • Le 27 décembre 2006 à 13:14 En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

            c’est avec plaisir que je t’ai lu et relu mais franchement je ne sais pas ta base de donnees de comparaison. que devait apprendre Gbagbo de Blaise ? puisque tu parles de strategie . strategie de developpement ou de guerre ?
            Je respecte ton point de vue et j’espere que j’ai su "lire entre les lignes". pour ce que je sais dans un ecrit il y’a des dits et des non-dits.
            je te remercie de prier pour notre chere afrique, persevere dans ta priere elle aboutira afin que ces hommes politiques qui ne savent que endormir les consciences de leur peuple (j’espere que tu suis mon regard) s’assagissent.
            maintenant s’il est question de compter le nombre de mort de part et autre je ne peux me prononcer car je ne vois aucune difference entre etre auteur d’un crime et etre le commanditaire.

            j’espere que dans un futur tres proche nous parlerons des leaders africains pour ce qu’ils auront fait pour le bonheur de leur peuple.

            ......Amicalement

            • Le 28 décembre 2006 à 14:43 En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

              Mes salutations sinceres pour ta reaction si intelligente et empreinte de sagesse !! juste pour te dire merci pour cette reaction digne de respect et qui montre que tu n’es pas de ceux qui discutent pour discuter.

              amicalement........

    • Le 21 décembre 2006 à 18:20, par drissa En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

      Hé Kpapato benevole, toi aussi il faut te calmer ! Toi tu viens défendre les ivoiriens ici pourquoi ? Tu penses que ton président Paul Biya vaut mieux ???

  • Le 21 décembre 2006 à 16:17 En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

    OQP vous de vos oignons

  • Le 26 décembre 2006 à 10:01, par JERESKO En réponse à : > Crise ivoirienne : Doit-on pour une fois se fier à Gbagbo ?

    mon ami tu connais pas la cote d’ivoire .tu sais combien de burkinabé qui vive en cote d’ivoire toi qui ecrit des annerie de la sorte. si vous pensé que les rebelles on raison ne vois tu pas comment la vie est devenu dur pour le burkinabé qui ne peut meme plus subvenir á ses besoin ?
    fais un tour en cote d’ivoire va pose des questions au differente populations qui vivent en cote d’ivoire alors tu sera un vrais journaliste et tu saura ce que les ivoiriens pense vraiment .car vos leader que vous aimé vous mente . ne les suivez pas á l’aveuglete NOUS TOUS NOUS AIMONS GBAGBO :C’EST UN HOMME NOUS VOULONS UNE INDEPENDANCE TOTAL VIS Á VIS DE LA FRANCE OK

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