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Libéralisation de la filière riz : la société civile exprime son mécontentement

Publié le jeudi 21 décembre 2006 à 07h53min

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En vue de dénoncer la libéralisation de la filière riz au détriment du riz local au Burkina Faso, la Coalition des organisations de la société civile pour un développement durable et équitable (CODDE) a organisé une conférence de presse, le mardi 19 décembre 2006 à Ouagadougou.

La Coalition des organisations de la société civile pour un développement durable et équitable (CODDE) dénonce la politique nationale actuelle de l’Etat en matière de riz. Pour la CODDE, cette denrée de forte consommation, occupe une position stratégique dans la recherche de la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté au Burkina Faso. C’est pourquoi la CODDE estime que l’Etat doit faire la promotion du riz local, plutôt que de débourser 25 milliards de FCFA, chaque année, pour importer du riz. « Certains stocks de ce riz sont vieux de plus de dix ans », a déploré le président du Comité interprofessionnel du riz du Burkina, Lancina Berthé. Pour lui, « il est inconcevable que le riz importé soit vendu à 210 000 F la tonne malgré les frais de transport, tandis que le riz local coûte 241 000 F, la tonne.

Le riz importé est subventionné. Pendant ce temps, le riz local est invendu et les cultivateurs sont abandonnés à eux-mêmes sans subvention », a martelé M. Madou Cissé, producteur dans le Sourou. Il estime que le riz local peut être mieux vendu si le prix du riz des aménagements des bas-fonds est revu à la baisse. « Il a fallu 10 millions pour aménager chacun des 610 hectares dans le Sourou.

En plus, il y a le coût de intrants, le carburant et l’électricité que le producteur doit supporter. Avec une telle politique rizicole, le producteur doit vendre en conséquence », a-t-il expliqué. M. Koflan Traoré, transformateur dans le Sourou, embouche la même trompette. « Il faut stabiliser les prix.

Depuis la disparition de la Caisse générale de péréquation, il n’y a plus de péréquation. Rien n’est fait pour limiter les importations pour permettre un décollage du riz local », a-t-il regretté. Fort de ce constat, la CODDE conclut que la libéralisation de la filière riz recommandée par le FMI et la Banque mondiale, est un danger pour le riz local.

L’organisation estime que l’Etat doit prendre les mesures idoines pour organiser les circuits de transformation et de commercialisation. La CODDE recommande aussi la mise en place d’une ligne de crédit. « Le développement de la concertation entre riziculteurs de la sous-région (UEMOA/CEDEAO) et un mécanisme minimum de protection du riz local sont nécessaires », a conclu le secrétaire général de la CODDE, Alain Sanou.

Hamadou TOURE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 décembre 2006 à 12:26, par un citoyen éclairé En réponse à : > Libéralisation de la filière riz : la société civile exprime son mécontentement

    Cette problématique du commerce du riz au faso m’a toujours intrigué. Alors que nos Etats passent le clair de leur temps à pleurnicher que le système commercial multilatéral leur est défavorable, surtout dans le domaine agricole et très singulièrement avec l’épineuse question des subventions du coton, il convient de se poser la question de savoir s’ils sont vraiment soucieux du développement renforcé et durable de notre Faso. Il est inconcevable que l’importation massive de riz empêche le secteur de production du riz local de se développer au point de constituer une menace sérieuse pour la survie de nos pauvres paysans, sans qu’aucune mesure de sauvegarde ne soit entreprise au plus haut niveau. N’accusons pas exclusivement le FMI, la BM ou L’OMC. Nos dirigeants ont aussi leur part de responsabilité et elle n’est surement pas des moins pesantes dans cette histoire.
    Les règles régissant les échanges internationaux de marchandises prévoient bien des issues de secours dans de telle situation, même s’ils ne sont pas toujours la panacée, surtout pour les pays les moins avancés comme le Burkina. Et personnellement, je croix qu’il ne faut pas se leurrer en réfusant de pointer du doigt les raisons véritables de cette option.
    Les autorités connaissent bien l’existence de ces règles internationales qui autorisent la mise en oeuvre de mesures dites de defense commerciale. Si elles ne s’en prevallent pas, alors il y a lieu de se pencher sur leur motivations personnelles.
    L’importation et la commercialisation du riz d’origine étrangère sur le marché burkinabé est, comme vous l’avez si bien mentionné, une affaire qui rapporte énormenement à certains opérateurs qui en détiennent le monopole. Alors, la question réelle est de savoir quels sont les intérêts personnels de nos dirigeants dans ce commerce ? Dites moi qu’ils n’en ont pas et aucune justification ne pourra être donnée à leur politique commerciale. Dans le cas échéant, on comprends aisément leur inaction.
    Si on a des dirigeants commerçants véreux, il ne faut rien espérer pour les producteurs locaux de riz.
    Dans tous les cas, soit l’intérêt est direct, soit par personne interposée. Je suis quasiment convincu que tous les grands commerçants de riz "importé" au faso ont une affiliation avec le pouvoir en place. Mais de grace, mes chers politics, faites montrent d’une maturité et d’une claire voyance de l’esprit, ce qui me semble un peu utopique tant ce serait absolument phénoménal et prodigieux, et pensez au développement durable du pays et non à la préservation éternelle de vos intérêts politico- financiers infectes et immondes, au paroxisme de la connotation péjorative de ces qualificatifs.

  • Le 5 janvier 2007 à 18:46, par Sobukoue En réponse à : > Libéralisation de la filière riz : la société civile exprime son mécontentement

    C’est juste. Le Centre d’Etudes pour le développment Africain (CEDA) de feu le Professeur Joseph KI-ZERBO a réalisé une étude sur L’impact de la libéralisation de la filièere riz au Burkina Faso et engagé un plaidoyer dans le même sens il y a quelques années, en partenariat avec Third World Network/Africa.

    Sobukoue

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