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Hydrocarbures : Les travailleurs de la SONABHY opposés à la libéralisation des importations

Publié le mardi 19 décembre 2006 à 07h17min

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Le gouvernement burkinabè a décidé de libéraliser les importations des produits pétroliers à partir du 1er janvier 2007 pour se consacrer uniquement au stockage. Le personnel de la SONABHY, à travers le communiqué, estime que les conséquences de cette mesure seront lourdes pour toute la nation : perte d’emplois, perte de recettes fiscales, mauvaise qualité des produits pétroliers, etc.

Le mardi 7 novembre 2006, le ministre du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat a accordé une audience aux délégués du personnel de la SONABHY, au cours de laquelle, ils ont été tenus informés que le gouvernement a décidé de libéraliser les importations des produits pétroliers dans notre pays pour compter du 1er janvier 2007.

Cette libéralisation, en même temps qu’elle consacrera la fin du monopole sur les importations des produits pétroliers au Burkina Faso accordé par l’Etat à la SONABHY sera accompagnée d’une modification importante de son objet social car elle devra cesser toute activité d’importation pour se consacrer uniquement au stockage.

En attendant de connaître les motivations profondes d’une telle décision, une évaluation des origines possibles laisse croire qu’elles peuvent être relatives au prix.
En effet, le marché international connaît, ces dernières années, une tendance à la hausse qui, en l’absence de péréquation, a fini par placer le prix à la pompe hors de portée des consommateurs des pays importateurs comme le nôtre avec pour conséquence, une dégradation du climat social.

Ainsi, lors des négociations avec les organisations syndicales sur la vie chère au Burkina Faso, le gouvernement a fait allusion à une réforme du sous-secteur des hydrocarbures qui introduirait une forte dose de concurrence.

En toute logique, on peut penser que c’est la question de prix qui a motivé la prise de décision.
Cependant, le personnel de la SONABHY n’est pas convaincu qu’une libéralisation des importations contribuera à une baisse des prix au profit des consommateurs. En effet, le système de tarification en vigueur dans notre pays assure déjà la protection des consommateurs contre d’éventuels abus de monopole.

A ce sujet, il est important de noter que la prime d’importation concédée à notre société est à la borne inférieure de ce qui se fait dans la sous-région.
Sur l’ensemble des autres postes de la structure de prix, le poste qui concerne l’importateur (SONABHY) et qui couvre les frais d’importation, de stockage, de constitution d’un stock de sécurité et la marge ne représente qu’à peine 5% du prix à la pompe.

A titre d’exemple pour un litre de super vendu à 590 F CFA et un litre de gasoil vendu à 572 F CFA à la pompe, nous avons les données suivantes :

Comme on peut le constater, la libéralisation des importations n’est pas une solution évidente à la baisse des prix puisque les frais y relatifs demeurent et devraient être payés.

Du reste, il est établi qu’au temps fort de la hausse du marché pétrolier international, les prix n’ont été bas dans les pays où l’importation est libéralisée que par l’effet de mesures des gouvernements sur les taxes ou par des mécanismes de stabilisation des prix.

De ce qui précède, il apparaît clairement que si l’on s’autorisait un débat sur la pertinence du système de tarification, la libéralisation des importations ne saurait garantir la baisse des prix des hydrocarbures à la pompe.
Par contre, ce projet de libéralisation des importations des produits pétroliers n’est rien d’autre qu’une liquidation annoncée de la SONABHY avec pour conséquences :
- la perte d’emplois pour les travailleurs (SONABHY emploie plus de 200 personnes) ;
- la perte des recettes fiscales (le cas du Mali pourrait nous servir d’exemple) ;
- la non-disponibilité des produits (le cas du Bénin avec les ruptures de stocks) ;
- la mauvaise qualité des produits ;
- l’insécurité due à la manipulation des produits.
Pour toutes ces raisons, le personnel de la SONABHY se fait le devoir d’interpeller l’opinion nationale sur cette décision qui frise la braderie de notre patrimoine commun et dont les conséquences prévisibles seront lourdes pour toute la nation.

Pour les délégués du personnel
Mamadou KEITA

Pour les délégués syndicaux,
Philippe OUATTARA

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