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RDC : Ne pas jeter les Chefs coutumiers et traditionnels à la poubelle !

Publié le lundi 18 décembre 2006 à 08h02min

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Les mardi et mercredi 11 et 12 décembre derniers, j’ai réuni à l’hôtel
Marbre de Kasangulu, mon fief électoral, les Chefs coutumiers et
traditionnels du District de Lukaya. Ces honorables et respectés mandataires
du pouvoir ancestral sont venus de Mandimba, Kimvula et Kasangulu, les 3
Territoires qui composent le District de Lukaya.

Pourquoi ai-je organisé cette rencontre ?

Les Chefs coutumiers et traditionnels jouent un rôle essentiel dans
l’organisation de notre pays et j’ai d’abord voulu rendre hommage à ceux qui
représentent le lien primordial entre l’administration centrale (le
Gouvernement) et l’administration décentralisée (la Province) et le peuple.

L’autorité qu’ils représentent dans leurs villages est non seulement
ancestrale, elle est incontestable. Ces braves gens permettent la cohésion
entre toutes les Congolaises et tous les Congolais dans un territoire aussi
vaste que le nôtre, qui entend être uni dans la nouvelle souveraineté
nationale retrouvée.

Aujourd’hui, c’est sûrement parce qu’ils ont reconnu
leurs mérites que les législateurs du Parlement de Transition ont voulu les
retrouver au sein des Institutions Provinciales, donc tout près de la base à
l’Assemblée Provinciale. De mon côté, je leur renouvelle ma confiance et je
leur dis qu’ils ont un rôle de premier plan à jouer dans le décollage de
notre pays.

Mais à voir ce qui se passe autour de nous, dans le processus de cooptation
des Chefs coutumiers et traditionnels au sein des Assemblées Provinciales,
je suis profondément inquiet. Oui, je suis inquiet parce que j’ai la nette
impression qu’une confusion totale a été crée entre les Chefs de groupement
et les Chefs coutumiers et traditionnels. Je tiens à rappeler que les Chefs
de groupement sont des supplétifs, nommés par le Ministère de l’Intérieur,
qui émargent à la caisse de l’Etat et qui sont sous la responsabilité des
administrateurs du territoire. Dans certains cas, ils sont aussi Chefs
coutumiers et traditionnels, mais bien souvent ils ne disposent pas de cette
assise populaire, parce qu’ils ne sont pas du coin. La Constitution de la 3e
République est très claire et elle réserve une place pour les Chefs
coutumiers et traditionnels dans les Assemblées Provinciales.

Ma question est donc simple : Qui du chef investi ou du chef de groupement
sans base doit représenter le pouvoir ancestral à l’assemblée provinciale ?
D’aucuns pourront dire que cette question n’a pas de sens. Mais si l’on sait
qu’il y a des Chefs de groupement nommés par le pouvoir qui sont des
étrangers dans les entités qu’ils dirigent, on pourrait alors se poser des
questions sur l’organisation de la démocratie dans les territoires.

Par
exemple, dans le Territoire de Kasangulu où je suis le député élu par le
peuple, il y a le cas du chef de groupement de SEFU. Ce Monsieur n’est pas
du coin, mais il a été nommé Chef de groupement. Et je suis certain que ce
n’est pas le seul cas recensé dans l’ensemble de notre Pays.

Je reconnais que la plupart de ces Chefs s’acquittent très bien de leurs
tâches. Mais cela n’est pas mon sujet du jour. Il y a par contre certains
Chefs coutumiers authentiques, investis par le Pouvoir Traditionnel, qui ont
à mon avis tous les droits d’être cooptés pour représenter le pouvoir
traditionnel au sein de l’Assemblée Provinciale.

Je citerais le cas de
Monsieur Eugène DIOMI, investi par le grand Chef MBEMBA KAYILE, et qui, à un
certain moment, avait même l’intérim du Président de l’Association des Chefs
Coutumiers du Congo. Il n’est pas Chef de groupement et pourtant il est Chef
coutumier authentiquement investi. Or, les informations en ma possession me
renseignent que le Ministre de l’Intérieur aurait transmis à la commission
électorale indépendante une liste des Chefs de groupement pour qu’ils soient
cooptés au sein des assemblées provinciales. Dans cette liste, je ne vois
pas beaucoup les Chefs coutumiers et traditionnels authentiquement investis.

S’agit-il d’une erreur grossière due à l’incompétence de la CEI ou
cherche-t-on à imposer au peuple certaines personnes pour des raisons que
l’on pourrait facilement deviner ? La CEI, au lieu de se contenter qu’on lui
apporte des listes par le Ministère qui gère l’administration Territoriale
devrait mener ses propres investigations pour savoir quels sont ceux qui
réellement ont le Pouvoir Traditionnel. Je suis persuadé que c’est pour
cette raison (la représentation du pouvoir ancestral) que les législateurs
de la transition ont prévu cette couverture.

Personnellement je reconnais
que les Chefs coutumiers et traditionnels ont un rôle capital à jouer pour
leur village, leur territoire, leur pays. Et je crois que le peuple ne
comprendrait pas que l’on cherche une fois de plus à le manipuler. Par
conséquent, je demande à la CEI d’assumer ses responsabilités et de tout
faire pour régler ce problème urgent.

Il ne faudrait pas que les gouvernants commettent l’erreur d’imposer des
chefs à la base, car le chef, nanti d’un pouvoir reconnu et respecté de
tous, jouera, dans nos assemblées provinciales, le rôle dynamique de relais
entre les desiderata profonds du peuple et le pouvoir. Je m’oppose donc à ce
que soient cooptés des chefs de groupement sans base qui ne disposent pas
d’un pouvoir traditionnel ancestral, parce que ce n’est pas l’esprit de
notre Constitution, ni l’intérêt du pays, si l’ont veut que le développement
profite à tous.

Je le redis : le Congo appartient au Congolaises et aux Congolais et non à
ses dirigeants. C’est au peuple de se déterminer et aux élites de leur
montrer la voie.

Par Jean-Claude Vuemba Luzamba
Député élu de Kasangulu
Président national du MPCR

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