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ONU : Kofi Annan ne pouvait mieux faire

Publié le lundi 18 décembre 2006 à 08h13min

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Kofi Annan

Kofi Annan, 66 ans, quitte le secrétariat général des Nations unies après dix ans de bons et loyaux services un faveur de la paix et du développement. Il cède son fauteuil à un diplomate de formation comme lui : le Sud-coréen Ban Ki Moon. Un diplomate qui, comme Annan, connaît bien les Nations unies pour y avoir servi pendant longtemps.

Il n’est pas aisé de dresser le bilan de cet homme de paix, dans un monde de conflits, à la tête d’une organisation dont le rôle est précisément de préserver la paix et de créer les conditions du développement au profit de l’humanité entière. Kofi Annan était venu pour ramener la sécurité pour tous en ne se doutant pas que ses voux se heurteront inévitablement à la réalité. Le secrétaire général sortant a dû mesurer la délicatesse de sa mission quand il s’occupait toujours, à l’ONU, des problèmes humanitaires.

Alors qu’il devait en 1994, venir au secours des Rwandais qui vivaient les atrocités les plus monstrueuses auxquelles des êtres humains puissent être confrontés, Kofi Annan a pu constater, tout indigné et consterné, qu’il était impuissant, très impuissant. Le monde a alors assisté au plus grand génocide de l’histoire de ce XXe siècle alors que l’ONU a été créée pour empêcher de telles tragédies. Quand on interroge Kofi Annan sur la tragédie rwandaise, il a de la peine à parler, si ce n’est pour dire que c’est inadmissible.

Il en est du Rwanda comme aujourd’hui de l’Irak, du Darfour, du Proche-Orient et dans une certaine mesure de la Côte d’Ivoire et de la Somalie. Il serait fastidieux de relater les initiatives et les propositions que Kofi Annan a prises ou émises sur chacun de ces drames. Le constat est tout simplement qu’on assiste à l’aggravation de ces conflits avec le risque qu’on débouche sur des confrontations régionales voire mondiales.

Les résolutions qui ont été plusieurs fois votées pour ramener la paix ne sont pas toujours respectées même par ceux-là qui les ont votées. A ce rythme, la langue de bois et la loi des rapports de force politiques ou diplomatiques ont encore de beaux jours devant elles.

En vérité, les Nations unies souffrent de la puissance des cinq grands du Conseil de sécurité que sont les Etats-Unis, la Russie, la France, de la Grande Bretagne et la Chine. Ces Etats qui disent tirer la légitimité de leur pouvoir et partant leur droit de veto de leur victoire à la Seconde guerre mondiale ne permettront à un autre Etat ou organisation d’être dessaisis de leur rang avec les prérogatives que cela suppose. Ils permettront à la rigueur quelques amendements ou réformes mais qui ne seront pas de nature à les affaiblir.

Les Nations unies souffrent, en réalité, beaucoup plus de l’unilateralisme américain que de la position des quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis ont démontré avec la guerre de l’Irak entre autres, que l’ONU n’est qu’un « machin », une « coquille vide » qui ne peut obéir qu’à l’oil et au doigt de Washington, le maître tout-puissant.

Les Américains se sont moqués éperdument de l’opposition des autres membres permanents du Conseil de sécurité et de Kofi Annan en personne, quand ils avaient décidé d’envahir l’Irak. Il est inutile, aujourd’hui, de dire aux dirigeants américains que l’invasion de l’Irak a tourné à l’échec cuisant et au drame. Le plus important et le plus urgent, c’est l’opposition à l’unilateralisme américain sans laquelle aucune réforme de l’ONU n’est possible.

Avec leur veto permanent chaque fois qu’il est question de sanctionner Israël pour ses violations répétées des résolutions des Nations unies, les Américains entretiennent consciemment la guerre au Proche-Orient. La diplomatie américaine n’est pas toujours un exemple de cohérence politique au point que les positions des Etats-Unis deviennent parfois suspectes même quand elles sont animées de bonne volonté.

Face à ces situations, Kofi Annan auquel l’ONU avait confié des missions délicates sans souvent les moyens ne pouvait faire mieux. Son combat pour la paix et le développement, notamment des pays du Sud, reste inachevé. Kofi Annan, pendant dix ans, était sur tous les fronts à la fois. La communauté internationale gardera de lui le souvenir d’un homme, même s’il ne se faisait pas d’illusion sur les réalités d’un monde régi par les rapports de force, les intérêts du moment, animé de bonne volonté. Il croyait en un monde meilleur.

On comprend pourquoi il a eu le soutien de beaucoup d’Etats surtout quand l’extrême droite américaine voulait le punir comme son prédecesseur Boutros Boutros Ghaly pour ses positions sur le Proche-Orient et l’Irak. On comprend aussi pourquoi il a été Prix Nobel de la paix en 2001. Une recompense bien méritée pour cet homme que les Américains voulaient réduire en un simple responsable administratif.

Par Bessia BABOUE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 18 décembre 2006 à 15:35, par Wend Zoa En réponse à : > ONU : Kofi Annan ne pouvait mieux faire

    Je pense qu’il est heur pour l’ONU d’organiser un referéndum pour le peuple car c’est injuste que ses veto permanents de ses 5 pays, les Etats-Unis, la Russie, la France, la Grande Bretagne, et la Chine font leur loi dans le monde, sans pitier ni tolerance pour les autre autre peuple que des guerres du petrole.
    Oui un referedum pour renouveller et degager les etats commes les USA.

    • Le 20 décembre 2006 à 02:21, par NyCHolSOn En réponse à : > ONU : Kofi Annan ne pouvait mieux faire

      En fait il me paraît difficile de réformer le Conseil de Sécurité de l’ONU bien que souhaitable car les modalités de modification de la Charte des Nations Unies sont telles qu’il n’y a eu en plus de 60 ans d’existence, que 3 amendements de la Charte et que ces réformes possible du COsneil de Sécurité, discuté en 2005 par un rassemblement extraordinaire, ne pourront aboutir justement à cause de la structure de l’ONU. Mais on aurait pu se poser la question déja lors de la guerre froide et les vétos successif des americains et des russe au CS qui ont paralysé l’action de l’ONU. Notons toutefois l’importance de la résolution ACHESON qui permet en cas de paralysie du CS ( en cas de veto) à l’assemblé générale de l’ONU de prendre des résolutions y compris le recours à la force sans l’aval du Conseil de Sécurité quand la menace pour la paix internationale ou la sécurité internationale est averée. C’est déja un pas pour neutraliser l’impotance relative des membres permanents du CS.

      Et puis un référendum pour une organisation internationale ça me parait un peu difficile à mettre en place.

      Le bilan en matiere de paix internationale de l’ONU me parait bien contestable bien qu’il y ait du resultat en matière de sécurité internationale, et donc on peut esperer une remise en cause de l’organisation de l’ONU pour pouvoir parvenir réellement à ses fins.

  • Le 19 décembre 2006 à 07:51, par Hermann En réponse à : > ONU : Kofi Annan ne pouvait mieux faire

    Pour moi, son bilan est plus que négatif. Il laisse le monde chaud de partout, surtout cette guerre en Irak qu’il n’a pu éviter et il n’a même pas parler de démission !!! Ne parlons pas du Darfour, de la Palestine et de la Côte d’Ivoire à côté !!!!!

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