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Affaire Norbert Zongo : La justice burkinabè travaille malgré tout

Publié le jeudi 14 décembre 2006 à 08h56min

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Toujours crainte mais souvent décriée, telle est la réalité de la justice partout dans le monde. Mais depuis l’assassinat du journaliste Norbert ZONGO, le 13 décembre 1998, il faut reconnaître que le Temple de Temis est l’institution la mal aimée au Burkina Faso.

D’opprobre, cette institution est à tort ou à raison couverte et on lui refuse toute circonstance atténuante quoiqu’on la sache handicapée du fait des réalités socioéconomiques peu enviables du pays qui plombent même le professionnalisme des plus irréductibles. Et pourtant, on n’y dort pas !

Ne faisons pas l’insulte d’occulter les autres dossiers en justice qui peinent à trouver un aboutissement mais doit-on jeter la pierre à la justice burkinabè parce qu’elle n’arrive pas à démêler l’écheveau de l’Affaire Norbert ZONGO ? En tout cas, une attitude de ce genre frisant le nihilisme ne rend aucunement service aux hommes et femmes qui y travaillent et qui sont, comme tous, loin des secrets des dieux.

Chaque jour que le bon Dieu fait, le droit est dit au palais, des dossiers qui ne sont pas des moindres sont évacués, mais n’étant pas médiatisés, il va s’en dire que seuls les directement concernés savent la somme d’effort consentie pour que justice soit rendue que ce soit à leur profit on à leur dépens. Ce qui est difficilement compréhensible, et il faut le dire, c’est que ce sont généralement des intellectuels, des magistrats et des auxiliaires de justice qui pourfendent cette justice qu’ils savent pourtant travailler avec ses moyens et qu’au regard de ces moyens, elle est loin d’être blâmable.

Du reste, ils n’ignorent pas que même dans les démocraties dites avancées, telle la France, les USA... la justice n’a jamais fait l’unanimité. D’ailleurs, pouvait-il en être autrement quand on sait que c’est le lieu où s’entrechoquent des intérêts ? De plus, dans ces mêmes pays, des dossiers de crime sont en instance depuis des décennies sans que cela ne mette en cause l’ordre normal des choses ou révolte outre mesure.

Au-delà du dossier judiciaire, une affaire emblématique
Telle que l’Affaire Norbert ZONGO a depuis le départ été menée, voulait-on vraiment que justice soit rendue ? Le doute est permis d’autant que ceux qui s’étaient autoproclamés enquêteurs ou auto saisis de l’affaire devenue leur affaire se sont illustrés grands manipulateurs et ont par des subterfuges dont ils sont passés maîtres conduit la CEI dont le travail aujourd’hui ne vaut plus rien (ils l’ont détruit eux-mêmes par la voix de Robert MENARD de RSF) à produire les conclusions que l’on sait et qui goupillent des affaires dans l’Affaire pour la réalisation d’ambitions propres à eux.

Ainsi donc, dans le dossier Norbert ZONGO, certains veulent autre chose que la justice. Sinon comment comprendre leurs réactions virulentes après le non-lieu accordé à Marcel KAFANDO, le seul inculpé. Est-ce la faute de la justice si Jean-Racine YAMEOGO, le seul témoin, s’est rétracté en dernier lieu ? C’est facile d’accuser, mais ce qui est difficile, c’est de réunir les preuves. Et là, les accusateurs fantaisistes buttent à la logique implacable de la justice.

Des centaines de personnes ont été entendues par le juge d’instruction Wenceslas ILBOUDO en charge du dossier dans le but de récolter des éléments solides permettant d’aller à des assises pour juger de l’affaire, mais force a été de constater que rien ne lui permettait de maintenir son seul « client » Marcel KAFANDO dans les liens de l’inculpation.

Personne ne lui a été d’un secours, si l’on puit dire, pas même ceux qui croient détenir la vérité et l’écrivent dans les journaux. Devant lui, journalistes et autres supposés détenteurs des preuves et autres vérités sur l’affaire qui ont été entendus maintes fois, s’ils ne se réfugient pas derrière le "secret de la source", deviennent muets. Dans ces conditions, comment voulez-vous que le dossier avance ? Sur quelle base, le juge va-il inculper ? Ce n’est certainement pas sur la base d’une pression quelconque ou sur la base d’une volonté de faire plaisir à quelqu’un.

Comme on peut le constater, si le dossier Norbert ZONGO tarde à être jugé, ce n’est certainement pas la faute à la justice. Mais bien à tous ceux et toutes celles qui proclament détenir la vérité et qui préfèrent les pages des journaux que le bureau du juge d’instruction. C’est l’occasion pour nous, une fois de plus, de leur dire que leur silence ne rend pas service à la justice et à la Nation. Il est temps qu’ils parlent, qu’ils apportent des éléments nouveaux qu’ils détiennent pour que le parquet puisse travailler. Sans quoi on pourrait penser que la situation actuelle du dossier les arrange.

A l’image, de la plus belle fille du monde qui ne peut donner que ce qu’elle a, la justice burkinabè, dans ce dossier Norbert ZONGO, ne peut que travailler avec les éléments qu’elle a. Et ce sont ces éléments qui ont conduit au non-lieu.

Quant à Robert MENARD de RSF, il est simplement venu "se taper un bon coup médiatique" comme il sait si bien le faire, puisqu’en réalité, il est venu "nous surprendre en nous disant ce que nous savons toujours", pour paraphraser Jean ROSTAND, parlant des grands écrivains.

Par Ben Alex Béogo

L’Opinion

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