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Huit ans après Sapouy : Le Collectif ranime la flamme

Publié le jeudi 14 décembre 2006 à 09h03min

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13 décembre 98, 13 décembre 2006. Voilà huit ans de cela que Norbert Zongo et ses trois compagnons d’infortune ont été trouvés carbonisés en rade de Sapouy. Les manifestations commémorant le 8e anniversaire de ce tragique événement ont démarré hier, tôt le matin, par un dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe du directeur de publication de l’Indépendant (voir encadré) et une marche-meeting.

Pendant les différents discours, les animateurs du jour ont promis de donner de la voix pour que le dossier Norbert Zongo ne soit pas définitivement clos.

En attendant l’arrivée des dirigeants des différentes structures membres du Collectif qui sont allés déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Norbert Zongo, c’était la répétition générale pour ces manifestants qui ont déferlé sur la place de la Nation, réussissant leur marche-meeting.

L’entraînement portait surtout sur les différents slogans à scander, l’itinéraire de la marche et l’attitude qui va être adoptée pour éviter les débordements. Une longue file composée de sept personnes par rangée sera constituée, et à l’arrivée des leaders politiques et syndicaux, la longue suite s’ébranle en passant par les endroits suivants : Place de la Nation, rond-point des Nations, palais de Justice, cimetière municipal, cathédrale, ex-camp fonctionnaire, BCEAO et enfin Place de la Nation.

Et à chaque étape, les slogans variaient. Aux environs du tribunal de grande instance, ce sont surtout le procureur général, Abdoulaye Barry, le procureur du Faso, Adama Sagnon, et le juge d’instruction, Wenceslas Ilboudo, qui en ont pris pour leur grade.

Vers le camp fonctionnaire, et en passant devant une imposante bâtisse, c’est sa propriétaire, l’opératrice économique Alizéta Ouédraogo, et aussi François Compaoré qui ont été les principales cibles des marcheurs, avec des propos scandés et qui étaient loin de verser dans l’éloge.

Alors qu’ils longeaient les murs du consulat du Liban au Burkina, ces opposants d’une matinée n’ont pas épargné les originaires du pays du Cèdre. Cependant, tout au long de cette procession, c’est surtout le grand sachem, Blaise Compaoré, qui recevra « les honneurs » des marcheurs. Des phrases du genre « Blaise...le peuple aura ta peau » ou « Le renard passe passe, chacun à son tour chez le tireur Blaise Compaoré » ont été lâchées.

Retour à la case départ après un bon petit sport qui a permis aux uns et aux autres de se défouler. Quatre personnes vont se succéder à la tribune pour livrer leurs messages : un représentant du Collectif de la France sur l’affaire Norbert Zongo (COFANZO) qui a trouvé que tout le monde connaît les criminels de Norbert Zongo et qu’à travers le non-lieu prononcé, « la justice burkinabè s’est ridiculisée ».

Ernest Traoré, président de l’Union générale des étudiants du Burkina (UGEB) a, dans son discours, fustigé « la politique criminelle du capitaine Blaise Compaoré ». L’étudiant a lancé un appel solennel au boycott des activités de l’USSU-BF, parce que parrainées par François Compaoré, qui chercherait, selon lui, à se faire une bonne image en détournant les scolaires et étudiants des vrais problèmes de l’heure.

Me Bénéwendé Sankara a, quant à lui, raillé le discours à la Nation du président de la République : « Blaise n’a rien à dire à son peuple. Il est seulement content de son nouveau palais en prétextant que le Burkina avance. Quelle honte ! ».

Le mot de la fin est revenu au vice-président du Collectif, Sagnon Tolé, qui a tempêté que le dossier Norbert Zongo ne sera jamais enterré. Il a promis le retour de la pression, comme au bon vieux temps, pour la réouverture du dossier Norbert Zongo. Se fondant sur la forte l’affluence du jour, le vice-président du Collectif a fait remarquer, en fin de meeting, que « le Collectif n’est pas mort ».

Il a promis, pour janvier prochain une manifestation du genre, prévue sur toute l’étendue du territoire. Et Sagnon Tolé de conclure par cette phrase fortement imagée du Pr Ki-Zerbo, prononcée au temps fort de la crise en 1999 : « Maintenant, la parole est à l’action ».

par Issa K. Barry


L’hommage de l’AJB

L’Association des journalistes du Burkina (AJB) a rendu un hommage à l’illustre disparu hier 13 décembre au cimetière de Gounghin. Prévue pour débuter à 7h, la cérémonie a commencé par l’hymne du Collectif, quarante minutes plus tard. Celui-ci a stipulé clairement que : "Norbert Zongo a été tué par des voyous du Conseil de l’Entente".

Il y a ensuite eu un dépôt de gerbes de fleurs successivement sur les tombes d’Ablassé Nikièma, Blaise Ilboudo, Ernest Zongo, Flavien Nébié et Norbert Zongo par plusieurs responsables du Collectif dont Tolé Sagnon, Ali Lankoandé, Me Stanislas Bénéwendé Sankara, Philippe Ouédraogo, la veuve de Norbert Zongo, pour ne citer que ceux-ci.

A l’issue de ce cérémonial, une minute de silence a été observée, avant l’hommage de l’AJB à Norbert Zongo qui a été lu par Pierre T. Dabiré. Du document, on retient que l’AJB a renouvelé son engagement de poursuivre la lutte pour que la lumière et la vérité se fassent sur "l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons".

A propos du non-lieu prononcé dans cette affaire, l’AJB trouve que les conclusions d’Abdoulaye Barry (procureur général), d’Adama Sagnon (procureur du Faso) et de Wenceslas Ilboudo (juge d’instruction) sont dignes d’un roman de science-fiction.

Et Pierre T. Dabiré de marteler que : "Ce non-lieu, véritable déni de justice, n’honore nullement ni la justice burkinabè, ni le Burkina". C’est pourquoi, il a exigé, au nom de tous les confrères de Norbert Zongo, la réouverture du dossier.

par Pierre Tapsoba

Observateur Paalga

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